La relation entre Ould Abdelaziz et le Maroc (analyse)

Analyse sur les secrets de la relation du Maroc avec le coup d’Etat : Aziz… la sombre du roi dans un coin éloigné.
Par Chekh Mohamed Hourma, 28/03/2010
Histoire de la relation…!
Certains mauritaniens ont oublié que jusqu’il y a peu d’années la monarchie alaouite refusait de reconnaître la Mauritanie comme un état souverain, en alléguant que cette région représentait une partie inséparable de son Royaume.
D’autre part, et avec la volonté occulte de convertir en réalité une idée qui a toujours été présente dans la tête du théoricien colonialiste français Kapulani, la Mauritanie est devenue un état réel avec sa propre souveraineté, son peuple, ses ressources naturelles et ses relations diplomatiques qui lui ont permis d’opter pour le membership dans les organisations internationales comme les Nations Unies, la Ligue Arabe et l’Organisation de l’Unité Africaine.
Alors, le Maroc s’est affolé et excité, en essayant avec tous ses efforts de fermer les portes devant le nouvel état mauritanien, sans force ni volonté, en utilisant les mêmes raisons que certaines voix, encore de nos jours, utilisent pour que cette région retourne à la « mère patrie ».
Après les postérieures transformations qui ont changé la Mauritanie en réalité irréversible qui a imposé à la monarchie sa reconnaissance, les relations commencèrent à se normaliser, à l’époque de Mokhtar Ould Daddah dur la base de l’intérêt commun sur la question du Sahara occidental, ce gâteau que l’Espagne a divisé entre les deux pays. Cependant, le Front POLISARIO est apparu avec un critère différent qui repoussait catégoriquement cette division. Alors, s’alluma le feu d’une guerre que la Mauritanie s’est vue obligée d’abandonner clairement battue par la stratégie du POLISARIO de se concentrer sur le plus faible chaînon du conflit.
L’armée est intervenue pour finir avec l’aventure du président Ould Daddah qui s’accrochait à une guerre dans laquelle il n’avait rien de favorable pour la poursuivre, en imposant une retraite que le Maroc a mis à profit pour remplir le vide avant le POLISARIO. L’étrange dans ce cas est que, ceux qui sont arrivés après Ould Daddah ne sont pas arrivés avec du nouveau dans leurs politiques envers le conflit, en laissant leur « partie » du Sahara pour le Maroc et en annonçant qu’ils s’engageaient à prendre une position neutre dans un conflit qui semblait se prolonger.
La période de la plus grande instabilité
Tout a changé avec l’arrivée de Haidala au pouvoir après l’étrange disparition d’Ould Bousseif, l’homme fort qui ne différait pas beaucoup de Mokhtar Ould Daddah par sa forme de gouverner, allié stratégique du Maroc. Cette situation a été suffisante pour transformer la position politique du régime marocain vers un homme qui ne cachait pas sa posture proche des thèses du POLISARIO et qui a choisi de se réfugier dans les bras ouverts de l’Algérie, quelque chose que le Maroc ne pouvait pas permettre. Comme réponse, le Makhzen a commencé une campagne dans ses moyens officiels de presse contre le nouveau régime, un geste que la partie mauritanienne, à ce moment-là, a considéré comme « des calomnies contre le pays » qui « révélaient les intentions du roi Hassan II d’une agression imminente contre la Mauritanie ».
Le « téméraire » Ould Haidala a répondu avec la rupture de ses relations avec le Maroc et l’expulsion de ses forces qui protégeaient quelques villes mauritaniennes des attaques du POLISARIO et, même, son extrémisme a augmenté en scellant dans le passeport mauritanien une prohibition de voyager au Maroc à côté de l’état sioniste. Alors, la diplomatie saoudienne a bougé qui a eu ses fruits dans la reprise de relations entre les deux pays, bien que sans avoir de succès dans le rétablissement du respect mutuel et la confiance qui semblait impossible de rétablir entre les deux régimes.
Le 16 mars 1981, un Commando dirigé par Mohamed Ould Abba Ould Abdelkader « Kader » a réussi à s’inflitrer dans le territoire mauritanien en partant du Maroc et en passant pour le Sénégal, avec l’intention de tomber le régime d’Ould Haidala …
L’affaire a commencé avec une contradiction entre le président Ould Haidala et « Kader », après que le premier désigna le deuxième comme Ministre de l’Education, un geste que ce pilote professionnel, qui dispose d’influence et pouvoir, a repoussé en décidant d’émigrer au Maroc; ce dernier cherchant la manière de casser le cou de son bourreau Ould Haidala.
La sécurité marocaine, en collaboration avec son ambassade à Nouackchot, a préparé le voyage de « Kader » au Maroc à travers le Sénégal où il a obtenu son exil avec le soutien de l’ambassade marocaine à Dakar. Cela lui a permis d’accéder au Palais royal où il a été reçu et accueilli, selon les termes du roi, comme s’il était dans son « propre pays ».
Alors, commença le plan marocain effectif de renverser le pouvoir en Mauritanie avec l’appui de « Kader » qui a formé le « Front des Officiers Libres », composé par des ex-membres de l’armée mauritanienne en plus de certains civils. Ce groupe est resté dans une base militaire marocaine appelée « Ben Grir », situé près de Marrakech, où ils ont commencé un entraînement qui a duré trois mois supervisé par des experts militaires et de la sécurité marocaine. Quand le Commando s’est vu prêt, Ils ont décidé qu’il pénétrerait par la porte de derrière dans trois groupes et en divisant leur mission en étapes; du Maroc vers la France et ensuite au Sénégal où ils s’introduiraient en Mauritanie par voie terrestre.
Ce qui est étrange dans cette histoire, c’est que le Sénégal représente toujours la station d’aller et retour, et le facteur permanent dans les plans marocains dans ce territoire.
La tentative a échoué et Monsieur « Kader » et ses complices ont été exécutés, en restant le Maroc dans l’attente d’une autre occasion qu’il a trouvée en Maâwiya Ould Taya, qui a été capable de renverser l’homme qui avait fatigué le Maroc, conformément aux déclarations de l’ancien ambassadeur alaouite à Nuakchott et l’homme de sécurité, Ahmed Snoussi, qui s’est ainsi exprimé devant le premier ambassadeur mauritanien dans son pays, Ahmed Ould Cheikh Ould Jeddou, dix mois avant le coup d’état dirigé par Ould Taya.
Snoussi avait déclaré à l’ambassadeur : « je vous félicite pour Maâwiya qui a été élu pour diriger la Mauritanie ». Ensuite il a ajouté, « Dieu merci, le pouvoir en Mauritanie sera entre les mains d’un homme civilisé. Vraiment, le bédouin Ould Haidala nous a trop fatigué « .
Il semblait que le Maroc était sûr du changement de pouvoir en Mauritanie, comme si le poste de Président de la République en Mauritanie était un simple poste administratif marocain qui est désigné selon le désir du Roi. 
Aziz… le déplacement!
Pendant la période du mandat d’Ould Haidala, beaucoup ont parlé d’une relation spéciale qui le liait au Front POLISARIO etcertains, même, disaient qu’il était un sahraoui qui se préoccupait plus des questions du Sahara que de la propre Mauritanie qu’il contrôlait avec une poignée de feu et de fer.
On se rappelle de ces commentaires quand nous écoutons ce que l’on « écrit » sur une relation « spéciale » entre le Général Aziz et le Royaume du Maroc, le voisin – frère à qui nous sommes liés par des relations entrelacées, comment l’histoire se même à la géographie et où nous avons l’un vers l’autre une sensibilité comme résultat de facteurs que nous connaissons tous. On se rappelle aussi de ces commentaires quand nous suivons le progrès des relations entre le Général et la monarchie, d’une part, et entre la Mauritanie et le Royaume de l’autre.
Certains sont arrivés à dire que cette relation spéciale est basée sur une proposition que le défunt Hassan II avait fait à l’ex-président Ould Taya de rapprocher et de déposer plus de confiance en Mohamed Ould Abdelaziz.
Cependant, ce que beaucoup ignorent est que le grand-père du Général et de sa famille n’ont pas quitté le Maroc qu’en 1945, c’est-à-dire il y a presque 65 ans et dix ans avant la naissance du Général. Même les ruines de la maison que la famille habitait sont encore là pour témoigner de l’histoire de sa présence dans le populaire « Douar Sidi Mamoun », « Douar Annis », à Sidi Mokhtar, région de Chaouech, au Maroc.
Après l’arrivée du Général au pouvoir, un journal marocain a qualifié les ruines comme « une habitation orpheline construite de boue et de pierre qui résiste au temps et qui est témoin d’un souvenir qui rajeunit quand le fils de l’un de ses propriétaires devient président d’un état ». De plus, selon quelques certaines sources d’information, dans une visite officielle réalisée par Mohamed Oud Abdelaziz au Maroc, pendant les mandats présidentiels d’Ould Taya et Sidi Mohamed Ould Chej Abdallahi, celui-ci a visité ces ruines lors de sa visite, ce qui prouve qu’il regrette encore cette partie de son histoire immédiate.
La famille du Général a quitté le Maroc vers le Sénégal où elle est resté un certain temps avant d’arriver en Mauritanie et avant de s’installer de manière officielle dans la fin des années soixante-dix, la même époque dans laquelle Mohamed Ould Abdelaziz est revenu au Maroc- en 1977 – pour étudier dans l’Académie Militaire Royale de Meknès, en plus de trois autres années de préparation militaire dans les bases militaires de Silaa et Kouneitra.
Cette époque a servi à fortifier les relations entre Aziz et quelques généraux et avec des membres de la sécurité marocaine comme Abdelaziz Bennani, Bucheib Arrub, Ahmed Boutaleb et autres… De plus, dans cette période il s’est marié avec une femme qui porte la double citoyenneté marocaine et mauritanienne, un mariage que certains considèrent comme un point de référence dans sa vie.
Le plus étranger dans cette histoire est que l’Académie Militaire Royale de Meknès qui a gradué le Général, a aussi préparé des remarquables putschistes africains des dernières années et à leur tête Mohamed Ould Abdelaziz qui a mené différents types de coups d’État dans un lapse de temps d’un peu plus de quatre ans, c’est-à-dire entre le 03/08/2005 et 18/07/2009. Ensuite, ont eu lieu les coups d’état de Moussa Dadis Camara en Guinée, le 23/12/2008, et le dernier Coup d’État militaire de Salou Jibu au Niger, le 18/02/2010. Ce qui est étrange dans les deux derniers coups d’état est qu’ils ont présenté le modèle de la Mauritanie comme s’ils voudraient copier d’Aziz avec lequel ils partagent des relations de la vieille école et de la nouvelle aventure politique.

Un peu de lumière…!
Avant la période qui a précédé au coup militaire qui a destitué Ould Taya en 2005, des sources ont dit qu’Aziz s’est acheté quelques villas et fermes au Maroc et a déplacé quelques comptes en banques à l’étranger, ce qui a été considéré une opération pour préparer le coup et pour s’assurer un refuge sûr et une protection au cas où sa tentative échouerait, pouvoir s’exiler au Maroc pour se protéger de la réaction d’Ould Taya. Une condition préalable comme garantie que le Makhzen lui avait promis.
Le coup d’état a été couronné par le succès en permettant à Aziz de jouer le rôle de l’allié stratégique qui gouverne derrière le rideau. Cependant, cette tentative de « pouvoir occulte » a échoué grâce au fait que Sidi faisait confiance à l’état institutionnel plus qu’autre chose et c’est là on voit la différence entre un président qui considère la loi comme une immunité personnelle et un militaire imprudent considérait la force militaire comme immunité personnelle, quelque chose qu’Aziz a prouvé lorsqu’il a renversé le président par une décision inespérée qu’il avait prise avec un groupe de militaires. Cependant, le plus étrange c’était les motifs qui ont fait que Sidi provoque le Général pour que celui-ci le limoge d’une manière secrète et rapide comme s’il voudrait devancer un événement déterminé.

Analysons un peu…
Le 27 février 2008, c’est-à-dire cinq mois plus ou moins avant le coup d’état, Mohamed Ould Abdelaziz, alors Commandant des Forces Spéciales Mauritaniennes, a effectué une visite au Maroc où il a été reçu par le Roi Mohamed VI et en présence de son Ministre des affaires étrangères Fassi Fihri, le Général étant l’homme de plus grand rang dans la sécurité mauritanienne qui visite le pays depuis l’investiture du Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi comme Président de la Mauritanie, c’est-à-dire un an avant la visite.
La visite a été une occasion pour qu’Aziz inspecte les ruines de son grand-père dans « Douar Annas », selon des médias marocains. De plus, cette visite l’a effectuée dans des circonstances inquiétantes pour le régime d’Ould Cheikh Abdallahi – et quelques rapports journalistiques voyaient ces événements un peu suspects et seulement comme une partie d’un complot pour faire que le régime se voit en position de faiblesse, spécialement quand certains adversaires du Président Ould Cheikh Abdallahi voyaient comment il se rapprochait de plus en plus à des groupes islamistes à travers l’autorisation d’un parti islamique, ainsi que la réalisation de la Prière du Vendredi dans la Grande Mosquée publique et la construction d’une mosquée dans le palais, des faits qui) ont fait que la France exprime sa consternation. Malgré que le plus étrange est que toutes ces décisions d’Ould Chej Abdallahi ont été accompagnées par les attaques d’Al Al-qaida ce qui a fait que beaucoup se posent des questions sur la réalité du rôle joué par Al-qaida et les mains qui, derrière un rideau, manipulent cette bande.
Peu de temps après le retour d’Aziz de l' »importante » visite effectuée au Maroc, la situation politique mauritanienne dévoilait sa vraie intention, un groupe de travail dans le Parlement a été constitué pour créer plus de problèmes au fragile régime d’Ould Chej Abdallahi, bien que celui-ci ait essayé de devancer les faits en limogeant de grands généraux en provoquant ainsi la réaction immédiate du Coup Militaire le plus court dans l’histoire politique de notre pays. C’était le seul Coup d’État qui a trouvé une forte opposition interne, en plus d’un rejet international. En attendant, le Maroc gardait le silence et prenait quelques mesures, le lendemain du coup, en mettant en alerte ses unités militaires positionnées à la frontière et les points de contrôle de la Gendarmerie Royale pour renforcer la vigilance sur ceux qui sortent de la Mauritanie voisine vers le Maroc, selon des explications du Makhzen.
Pour élever le niveau d’intérêt, les têtes de la sécurité se sont réunis à Rabat pour mener un suivi détaillé de la situation en Mauritanie, ce qui a conduit à la création, par la sécurité marocaine à Nuakchot, d’une cellule spécialisée qui a été connue comme la « DGED » pour suivre d’une façon permanente et détaillée, en coordination avec la sécurité française. Ce fait nous impose avec insistance la question suivante : pourquoi tout ce mouvement et l’intérêt que le Maroc marocain a donné à coup plus que tous ceux qui l’ont précédé ?
L’écrivain et analyste politique marocain, Ihsan Al-hafidi, révèle que le secret de ce silence marocain sur ce dernier coup « retombe sur la dimension de quelques informations de sécurité qui prévoyaient la possibilité que le président déchu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi avait signé des contrats avec des entreprises arabes qui avaient des relations avec entités étatiques algériennes qui pourraient représenter une infiltration dans la ligne Tanger – Dakar considérée par Rabat une ceinture de sécurité pour protéger son « intégrité territoriale », en repoussant ainsi l’interférence d’une troisième partie qui représente une menace pour cette intégrité ». L’écrivain a dit que la troisième partie était l’Algérie.
Donc : Monsieur Ould Cheikh Abdallahi, a-t-il commis une erreur que le Maroc ne pouvait pas pardonner, et c’est la raison qui l’a amené à répéter l’expérience du 06 mars 1981, mais avec la différence de son succès dans l’élection, puisque certains rapports avaient révélé sa patience et insistance, ce qui nous amène à penser que le Maroc croit encore en son protectorat total sur les hôtes du Palais Rose à travers ses longues extrémités qui ont une forte présence dans tous les secteurs du pays ?
Pendant que le silence officiel marocain sur le nouveau Coup de 2008 continuait, son chef de la sécurité militaire, Ahmed Al-mansouri, et après seulement dix jours du coup, a effectué une visite à Nuakchot qui a suscité beaucoup de questions, surtout par la conjoncture dans laquelle elle a été effectuée, des questions qui ont trouvé leurs réponses quarante jours après quand une délégation militaire marocaine arrivât, composée par des officiers de l’unité d’ingénierie militaire et un responsable de la Direction générale d’Etudes et Documentation, DGED, (la sécurité militaire). Cette délégation a été considérée comme une réponse à un appel réalisé par le Général Aziz dans lequel il sollicitait le soutien du Maroc dans sa guerre contre le « terrorisme » et les « Cellules d’Al-qaida ».
Ce Commando marocain nous rappelle l' »Escadron Secret Marocain » que l’on a dit qu’il avait sauvé le régime d’Ould Taya en 2003 quand il a été attaqué par des blindés et son échec avait fait qu’Aziz gagne les mérites et la confiance d’un Ould Taya qui sentait sa dignité blessée. A cela s’ajoute la touche de magie et la motivation donnée auparavant par la proposition du défunt Hassan II.
A l’époque de Mokhtar Ould Daddah nombreux sont ceux qui se plaignaient du manque de souveraineté réelle à cause de la dépendance de ce régime de la puissance colonisatrice, la France, et cela malgré les décisions courageuses prises à l’époque concernant nos relations extérieures comme la rupture de relations avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, et malgré cela les voix ont continué d’exiger plus d’indépendance et plus grande distance avec la France. Aujourd’hui nous remémorons cette époque et nous vivons sous un régime qui s’est imposé de force avant d’effectuer quelques élections qui lui avaient donné un trône qu’il n’avait jamais quitté.
Nous remémorons cette époque-là parce que notre souveraineté semble être infiltrée dans sa profondeur… Des décisions courageuses nous tairont-elles, peut-être, comme la rupture de relations avec Israël et devant la présomption de force devant notre pauvre frère malien ?
Il existe beaucoup d’autres visages de ce régime qui ont besoin d’être éclaircie et d’un peu de suivi pour découvrir la réalité de cette maladie dont souffre notre souveraineté et, pendant ce temps, nous avons le droit de nous demander sur les mains qui jouent avec ce pauvre pays et le jettent dans les bras du Roi.
Taqadoumy
(Traduction non officielle de Diaspora Saharaui)

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