Nous, les progressistes

La rhétorique omniprésente de la gauche social-démocrate espagnole
Nous, les progressistes

RABAT. La première chose que j’ai vue ce matin au journal télévisé, c’est Leire Pajín s’adressant aux participants à un forum destiné aux progressistes africains, organisé, entre autres, par son parti, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol).

Mon téléphone a cessé de sonner très tard la nuit de dimanche, ou très tôt lundi, à cause d’une nouvelle “opération de nettoyage” menée par les Forces de Sécurité marocaines à El Aïoune. Le retour à leur domicile d’un groupe de personnes qui avaient visité les camps de réfugiés de Tindouf et la présence de cinq Espagnols dans la ville ont suffi pour que la police marocaine promène de nouveau la peur dans les rues et les maisons. Comme toujours, ils l’ont sortie sans muselière et sans laisse. Témoin des faits, Laura Gallego ou d’autres, comme l’activiste Hmad Hammad, nous racontent ce qu’ils ont vu dans GuinGuinBali. Je ne sais jusqu’où va le progressisme de Leire Pajín, mais il est certain que l’on n’a pas vu au cours du forum l’ombre de l’ardeur guerrière pour la cause sahraoui qu’elle affichait fièrement autrefois et qu’elle a vite enterré au moment de sa nomination au poste de Secrétaire d’État du premier gouvernement Zapatero. Le Ministre des Affaires Étrangères, Miguel Ángel Moratinos, n’est pas très engagé non plus. Lors de sa dernière visite au Maroc, il y a neuf jours, je lui ai demandé si après avoir intercédé en faveur des prisonniers politiques cubains, il allait en faire autant pour leurs homologues sahraouis. Voilà sa réponse dans son intégralité, dont la phrase suivante à relever : “Le Maroc est en train d’accomplir d’une façon très satisfaisante son engagement en matière de droits de l’homme”.  “Nous avons toujours fait des démarches dans le domaine des droits de l’homme; nous avons agi d’une façon tout à fait transparente et constante. Nous avons toujours travaillé dans ce sens. Nous avons eu des cas limite. Avec la militante sahraouie Aminatou Haidar, une solution a été trouvée. Il s’agit d’une pratique permanente du gouvernement espagnol, quel que soit le pays, la région ou l’interlocuteur. Le Maroc est en train d’accomplir d’une façon très satisfaisante son engagement en matière de droits de l’homme. Bien sûr, tout peut être amélioré, mais il faut signaler qu’il a pris de grands engagements en matière de défense et de promotion des droits de l’homme”. J’écris ces notes à trois ou quatre kilomètres à vol d’oiseau de Salé, la ville où trois Sahraouis croupissent en prison depuis octobre dernier pour avoir fait la même chose que les onze personnes rentrées hier soir à El Aïoune. Devant le silence des autorités espagnoles, on croirait halluciner s’il n’y avait pas eu d’innombrables précédents. Le Sahara Occidental n’est qu’un petit problème gênant dont les ONG et les journalistes rappellent parfois l’existence à l’immense majorité des politiciens de toutes couleurs, de tous bords.
Traduit par Luis de Vega
Tlaxcala, 23/7/2010

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