Criminel malien discrètement sorti des geôles mauritaniennes : Tout pour sauver les otages espagnols…
Par Mohamed Abdoun
Comme notre journal avait été le premier à l’annoncer il y a de cela près de deux semaines, le sort des deux derniers otages encore détenus dans le Sahel par les terroristes du GSPC, des humanistes de nationalité espagnole, sera scellé incessamment. Mieux, il y a de fortes chances que ces derniers, Albert Vilalta et Roque Pascual, enlevés en Mauritanie depuis le 29 novembre passé, soient relâchés vivants. Depuis le début, notre journal avait écrit que ces deux otages n’étaient pas entre les mains du sanguinaire, Abou Zeïd. Car, si tel avait été le cas, il y a de fortes chances qu’ils aient été éliminés, puisque aucune des revendications formulées par le GSPC n’a, jusque-là, été satisfaite. Des sources locales viennent ainsi de localiser cette information. Faisant monter la pression pour des raisons que l’on peut deviner aisément, la plupart des médias occidentaux prétendent que la vie de ces deux otages serait en danger. Ils précisent qu’ils seraient entre les mains de Mokhtar Belmokhtar, et que celui-ci subirait des pressions de la part d’Abou Zeïd, afin qu’il les élimine. Or, la vérité est toute autre, si l’on en croit nos sources. Les travailleurs humanitaires en questions auraient été enlevés par le groupe de touaregs qui ont rejoint le GSPC, à cause du refus de Bamako d’appliquer les accords d’Alger. Ils sont dirigés par Amar Ag Amenokal et son lieutenant Abdelkrim. Par la suite, les otages auraient été rétrocédés à Abou Amar, émir d’une phalange moins extrémiste que celle que dirige Abou Zeïd. Mokhtar Belmokhtar, lui, est en trêve depuis plusieurs années déjà, dans l’attente d’assez de garanties pour pouvoir se placer, lui et ses hommes, sous la protection de l’Etat et bénéficier des termes prévus par la Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale. C’est, au reste, ce qui explique que la campagne des deux humanistes, mais aussi le couple d’Italiens, dont la femme est d’origine burkinabée, ont été libérés. La fondation du fils du leader Libyen, Seïf El Islam, y aurait joué un rôle nodal, puisque une rançon aurait même été versée pour cela. Par contre, l’espion français, qui a miraculeusement échappé à une mort certaine, se trouvait bel et bien entre les mains d’Abou Zeïd, comme il l’a reconnu lui-même après sa libération. La France, qui a redoublé d’ingéniosité et de diplomatie, est allée jusqu’à ordonner à Bamako de libérer quatre dangereux criminels, payant au passage une forte mais discrète rançon, pour obtenir la libération de ce précieux otage, que le président Sarkozy en personne est allé rencontrer (pour le rapport préliminaire ?) à Bamako. Paris, en revanche, n’a rien fait pour son autre otage, Michel Germaneau.
Elle a, au contraire, tout fait pour précipiter sa mort et justifier des croisades plus ou moins similaires à celles dont avait parlées Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. Pour revenir aux humanistes espagnols, l’imminence de cette libération peut se deviner à la faveur de la discrète sortie de prison, en Mauritanie, d’un criminel, Omar le Sahraoui, lequel aurait partie liée avec l’enlèvement de ces trois humanitaires. Celui-ci a été conduit par la suite vers une destination inconnue. Cela pourrait constituer le prélude à sa libération contre celle des humanistes espagnols, en sus du paiement d’une rançon. Si tel devait être le cas, force serait de dire que la Mauritanie, qui s’est déjà rendue complice du criminel raid français en territoire malien, serait partisane du double langage, rejetant publiquement le paiement de rançons et la libération de criminels, pour s’y adonner dès que les pressions occidentales se font trop sentir.
Nous y reviendrons…
La Tribune des Lecteurs, 15/8/2010
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