Alger et Tunis, où préside maintenant un pouvoir de transition, tiennent, semble-t-il, à «raffermir les relations fraternelles et privilégiées» entre les deux pays et les deux peuples frères. C’est du moins ce qu’ont affirmé leurs ministres des Affaires étrangères qui ont présidé à Alger les travaux de la 6e session de la Commission de concertation politique entre l’Algérie et la Tunisie. Une session qui, à n’en point douter, a permis aux ministres des deux pays de se convaincre de la nécessité qu’ont l’Algérie et la Tunisie de préserver leurs rapports et leur coopération dans un contexte régional plein de menaces pour leurs stabilité et sécurité intérieures respectives.
L’Algérie a des inquiétudes sur sa frontière Ouest, avec une monarchie marocaine tentée de faire d’elle l’ennemi extérieur qui met en péril «l’unité nationale» du Royaume (le Maroc a envahi le Sahara Occidental en 1975, ndds). Elle en a du côté de celles du Sud qui jouxtent des Etats dans l’incapacité de faire face à la menace terroriste qui plane sur la région sahélo-saharienne. Elle en a enfin surtout du côté de celle de la Libye, à partir du moment où ce pays, en proie à la guerre civile, est devenu le pourvoyeur d’armes des bandes terroristes.
L’on comprend alors que les autorités algériennes aient intérêt à ce que la Tunisie ne fasse pas à son tour problème sur le flanc Est du pays. Même si la diplomatie algérienne n’a pas été très chaude à applaudir à la révolution du jasmin, Alger a su tout de même faire vite le bon geste à l’égard des nouvelles autorités tunisiennes de l’après-Ben Ali sous la forme d’un don financier substantiel de 100 millions de dollars. Geste qui a, sans aucun doute, contribué à lever les équivoques que pouvait avoir l’attitude officielle algérienne suite à la révolution du jasmin.
Du côté tunisien, on est tout autant conscient de l’absurdité que seraient des relations algéro-tunisiennes tendues ou mises en stand-by. Si la révolution du jasmin a permis d’en finir avec la dictature de Ben Ali et de son régime, elle a néanmoins aussi plongé le pays dans l’incertitude, avec pour conséquence un marasme économique et financier qui risque d’impacter négativement sur ses conquêtes démocratiques et libertaires. Plus encore, la Tunisie nourrit les mêmes craintes que l’Algérie de ce qui se passe dans la Libye voisine. Pour ces deux raisons au moins, l’Algérie et la Tunisie ont intérêt à la consolidation de leurs relations. C’est apparemment la politique bilatérale qu’elles poursuivent, comme l’indique la multiplication des contacts qui ont lieu entre Alger et Tunis.
Les autorités de la transition en Tunisie peuvent assurément compter sur la disponibilité de celles de l’Algérie. Cela pour la raison, outre celles évoquées, que l’enjeu de la transition en Tunisie concerne au plus haut point les autorités de ce pays. A Alger, l’on n’est pas sans avoir conscience qu’une Tunisie à qui l’aide financière internationale fait défaut en un moment crucial, risque de voir l’émergence au pouvoir de l’islamisme politique et ainsi devenir l’exemple à suivre pour ceux en Algérie porteurs du même projet politique.
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