Mohammed Shalgham, qui a été ministre des affaires étrangères de Kadhafi avant de l’abandonner pour se raller à la révolte libyenne donne des détails scabreux de cette transaction financière entre les deux dictateurs arabes.
Omar El Mhichi avait été le compagnon de Mouammar Kadhafi lors du coup d’Etat de 1969 contre le roi Idriss 1er. Membre du Conseil de la révolution, ministre du Plan et unique intellectuel de l’équipe dirigeante libyenne, il avait coupé les ponts avec le régime en 1975 après avoir dénoncé la dérive despotique de Kadhafi.
Réfugié dans un premier temps en Tunisie, il avait obtenu l’asile au Maroc. Quelque temps avant la signature du traité d’union entre le Maroc et la Libye, en 1984, Hassan II, contrevenant à toutes les lois d’hospitalité promues par son Office national de tourisme, vendit Omar El Mchiri à Kadhafi pour 200 millions de dollars. Une somme qui est sûrement allé garnir les comptes suisses du défunt souverain.
A l’époque, face à l’indignation manifestée par certains, le conseiller royal Ahmed Bensouda avait « démenti catégoriquement » cette nouvelle dans le quotidien koweitien As-Siyassa, et au Maroc, Rissalat Al-Oumma, l’organe officiel de l’Union constitutionnelle de Maâti Bouabid, un parti de l’administration, avait défendu dans un éditorial « l’attachement des Marocains à la morale et aux règles internationalement reconnues ».
La vérité, selon Chalgham, qui promet d’autres révélations, Omar El Mchiri a bien été vendu à Kadhafi par Hassan II et après sa remise aux Libyens le malheureux aurait été égorgé comme un mouton. Chalgham débutera samedi 16 juillet dans le quotidien arabe de Londres Al Hayat une série d’entretiens qui promettent d’être intéressants.
Moralité, un peu légère, de cette triste histoire : on savait que Hassan II était très bon quand il s’agissait de vendre un quelconque produit. Il a vendu ses palais royaux à l’Etat marocain (qui depuis les entretient aux frais du contribuable) tout en continuant, lui et son successeur, à les utiliser exclusivement et gratuitement. Il a vendu « ses » Juifs à l’Etat d’Israël au prix de 50 dollars par tête de pipe (Voir Agnès Bensimon, « Hassan II et les Juifs »). Mais là, il s’est surpassé, il a obtenu 200 millions de dollars pour une seule tête.
Avec un chef d’Etat comme ça, on ne comprend vraiment pas pourquoi le Maroc n’est pas devenu la grande puissance économique qu’il aurait pu être
Thami Afailal
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