Taieb Fassi Fihri, le ministre marocain des Affaires étrangères, parle de faire participer aux prochaines reunions maroco-sahraouies les représentants légitimes et crédibles des provinces et en dehors, «afin qu’ils puissent apporter leur contribution et réfléchir à un règlement définitif». Règlement définitif de quoi ? Le ministre ne le dit pas. Pourquoi il ne le dit pas ? Parce qu’il ne veut pas se rendre à l’évidence et reconnaître le fait national sahraoui. Il ne veut toujours pas admettre l’existence d’un conflit entre deux nationalismes distincts. Il évite même de prononcer le nom du Sahara occidental, un territoire non autonome, selon les Nations unies, des provinces marocaines selon son lexique.
Fihri veut oublier et faire oublier que la région ne vit la paix que grâce au cessez-le-feu passé en 1991 avec le Front Polisario. Et à ce que l’on sache, le cessez-le-feu a été cosigné par le seul trône et non pas par les traîtres et autres guignols «des provinces et en dehors». A quoi servirait un trop plein de négociateurs sinon à brouiller une fois de plus les cartes pour faire durer indéfiniment un statu quo qu’on espère démobilisateur et pourquoi pas déclarer si nécessaire les pourparlers «obsolètes» à leur tour. Pourtant, pour se convaincre, Fassi Fihri n’a qu’à se référer au compte rendu de la récente rencontre de mercredi dernier à Nouakchott regroupant des représentants de la société civile marocaine, mauritanienne et sahraouie. Il n’a qu’à méditer les propos de M. Hamoud Ould Iykilid, qui assurait en tant que ressortissant sahraoui que la question du Sahara occidental demeurera le grand obstacle devant toute œuvre maghrébine tant qu’elle ne sera pas réglée définitivement.
Régulièrement accusée d’être l’obstacle principal à la paix au Sahara occidental, la France se prononce oh miracle contre… le blocage. Le blocage «n’est dans l’intérêt de personne», dit-elle, sachant que pour elle comme pour le trône son protégé, le blocage, c’est… Alger. Cela n’a pas empêché de lui demander publiquement de contribuer à la solution. Sans avoir la volonté de la Mauritanie de l’époque, ce qui est un signe flagrant de mauvaise foi. En vérité, le Maroc veut qu’Alger cautionne son fait accompli colonial et non pas qu’elle ruine ses rêves à l’israélienne.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 26/07/2011
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