«Les relations algéro-maliennes sont à leur sommet», dira d’emblée le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors d’un point de presse animé avant-hier à la résidence El Mithak à Alger, en présence de son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maiga .
En divergence depuis plus de quatre ans, Alger et Bamako ont fini par se rapprocher stratégiquement, pour partager la même position vis-à-vis des questions «chaudes» qui secouent la région du Sahel, entre autres, la crise en Libye et ses répercussions contagieuses dans la région, notamment la circulation en masse des armes, et sa probabilité de tomber entre les mains des groupes armés affiliés à Al Qaïda au Maghreb.
L’apparition de ces nouvelles menaces a poussé les deux pays de se réunir autour d’une même table, à Alger, pour tenter de diminuer les dégâts qui peuvent en découler à partir de la situation en Libye. «Les relations algéro-maliennes sont à leur sommet», dira d’emblée, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, lors d’un point de presse, animé avant-hier, à la résidence El Mithak, à Alger, en présence de son homologue malien, Soumeylou Boubèye Maiga. En effet, au terme des travaux de la 11e session de la commission mixte algéro-ma-lienne de coopération bilatérale, tenue durant ces deux derniers jours, à Alger, les deux pays, l’Algérie et le Mali, ont partagé les mêmes idées sur les questions sensibles de la région. La lutte contre le terrorisme au Sahel, la position des deux pays sur le dossier du Sahara occidental, la crise en Libye et les armes qui sont en circulation dans la région, la reconnaissance du CNT, la coopération entre les deux pays dans divers domaines, sont autant de thèmes qui ont été abordé. De son côté, le ministre malien des affaires étrangères, M. Maiga, a souligné, lors de la conférence de presse, que les relations algéro-maliennes, ont connu un développement très positif. Il dira dans ce sens: «Je voudrais ajouter une chose à ce que mon ami, Medelci, avait déjà rapporté, que la réunion d’aujourd’hui a été marquée par une grande cohésion entre le Mali et l’Algérie, avec la volonté des deux pays de donner un nouveau souffle à nos relations». Le ministre malien ajoute: «Nous avons abordé plusieurs sujets sensibles, tels que la sécurité dans la région, notamment au Sahel, devant la recrudescence de la cadence des actes terroristes. Nous avons également évoqué la crise libyenne, et sur ce sujet là, la position de Bamako est à tout fait égale à celle d’Alger ; cela dit, le CNT doit avant tout constituer un gouvernement, capable de faire face aux défis et de prendre ses responsabilités et c’est ainsi que le Mali annoncera officiellement sa reconnaissance du CNT en tant que représentant légitime du peuple libyen».
Sahara occidental, convergence totale entre le mali et l’Algérie
Le conflit saharien qui date depuis plus de 35 ans, entre le Polisario et le Maroc a fait l’objet d’une longue discussion, lors de la 11e session algéro-malienne. Lors de ces discussions, Alger et Bamako, avaient partagé la même position. Les deux pays ont soutenu le déroulement d’un référendum, suivant la résolution des Nations unies, qui permettra aux Sahraouis de choisir librement leur indépendance. «Il y a une convergence totale entre les deux pays», avait affirmé Mourad Medelci. Le ministre algérien a indiqué, dans ce sens, que la prochaine visite du président malien, à Alger, sera une occasion pour les deux pays pour rappeler leurs positions pour une solution juste et rapide au conflit sahraoui.
«Les terroristes au Sahel se comptent sur le bout des doigts»
Concernant la lutte contre les groupes terroristes qui sont en activité dans la région du Sahel, Mourad Medelci, avait indiqué que ceux-ci se comptent sur le bout des doigts. «Il s’agit de dizaines de terroristes qui activent dans le Sahel, et si je dis quelques centaines, c’est qu’ils se comptent sur le bout des doigts», a déclaré le ministre algérien. En effet, ce nombre donné par le ministre algérien laisse à désirer, d’autant que son homologue malien avait jugé la présence d’Al Qaïda au Maghreb comme étant un véritable défi sécuritaire dans la région. Le ministre malien, Maiga, est allé loin en affirmant que la menace terroriste est aujourd’hui plus grande qu’hier, au moment où des arsenaux de guerre circulent désormais librement dans la région, à cause de la crise en Libye.
«Nous sommes entrés en contact direct avec le CNT depuis 15 jours»
Autre sujet d’actualité qui fait parler la poudre ces derniers temps, c’est bien entendu la reconnaissance du Conseil national transitoire libyen par les pays voisins, tels que l’Algérie et le Mali qui, jusqu’ici, n’ont pas annoncé, officiellement, leur reconnaissance. Sur ce sujet, Mourad Medelci, avait recardé, avant-hier, la position de la diplomatie algérienne vis-à-vis du CNT. Le ministre algérien dira qu’«il y a quinze jours, nous sommes entrés en contact direct avec les dirigeants du CNT». Et sur la probabilité d’une reconnaissance officielle de ce dernier, Mourad Medelci, dira dans ce sens, que la réponse a été déjà donnée par sa personne, et par le ministre algérien des Affaires africaines et maghrébines, Messahel, qui conditionne la reconnaissance du CNT si ce dernier parvient à construire un gouvernement capable de relever l’ensemble des défis qui l’attende. Un avis partagé par le ministre malien, M. Maiga ; ce dernier dira que son pays est en mesure de reconnaître le CNT si un gouvernement se construit. Donc, l’Algérie et le Mali partagent également la même position sur le CNT.
Le Président malien dans quelques jours à Alger
Avant la fin de la conférence de presse, le ministre algérien avait déclaré que le Président malien, Amadou Toumani Touré (ATT) effectuera une visite officielle dans les prochains jours, à Alger, et ce, après avoir été invité par son homologue algérien, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette visite de haut niveau sera d’une importance capitale pour les deux pays, au moment où elle coïncide avec la situation en Libye, et la recrudescence du phénomène du terrorisme, mais surtout face aux nouveaux embarras engendrés suite à la circulation des armes massives dans la région.
Par Sofiane Abi
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