En fait, il n’y a eu que de minimes retouches, pour faire prudent et objectif et ne pas écrire ou parler sous la dictée. Le papier en question est pourtant une vraie bombe. On apprend que les reportages qui nous sont servis sont filmés par l’OTAN qui les distribue gratuitement aux télévisions et aux journaux, qui nous font croire que c’est le travail de leurs envoyés spéciaux. Le dernier produit est cette image apaisée de Tripoli qui montre que : «Le calme et les espoirs sont revenus en Libye. Les habitants le disent, ils vont de l’avant et sont très heureux». Le journal précise ceci : «Après les conflits, les morts, le manque de médicaments et d’eau, la joie ne peut être qu’au rendez-vous des images tournées par l’Alliance elle-même». Les journalistes n’ont qu’à se servir aux rayons achalandés qui s’offrent à eux. Et ils ne s’en privent pas. Il y a même des clips de promotion. Pour faire le plein, «il suffit de demander les séquences vidéos auprès du service presse de l’Otan ou de les télécharger directement sur des sites relais professionnels destinés aux journalistes et documentalistes. Des images a priori neutres, sans présence de militaires ou de porte-parole de l’Otan. «Il faut dire que l’OTAN a pensé à tout, absolument à tout, puisque les reporters se voient proposer le luxe de choisir entre deux options. Celle prête à l’emploi avec «habillage et récit de l’OTAN» et l’autre qui peut être personnalisée selon le goût de l’organe de presse qui peut insérer son logo et les commentaires de son personnel. Et puis c’est tout bénéfice.
Pour ceux qui le veulent, il n’y a pas besoin de transporter et d’entretenir sur place une coûteuse équipe. A partir de son bureau, le directeur de publication ou le rédacteur en chef se sert sans bourse délier. De toutes les façons les téléspectateurs n’y verront rien, ne soupçonneront pas le stratagème et n’iront pas se lancer dans une investigation sur l’origine des images qui leur sont proposées.
Derrière tout cela on nous parle de liberté d’expression, de liberté de la presse, de déontologie, du droit d’informer, on dénonce l’imprimatur et la censure et on nous sert tout l’argumentaire du parfait militant des droits démocratiques.
Par Ahmed Halfaoui
Les Débats, 18/09/2011
Soyez le premier à commenter