Revoilà donc l’ONU dans un rôle qui n’aurait pas dû être le sien, car sans rapport avec sa doctrine plaidant pour la paix. Elle reste cette machine dont le fonctionnement est lié au simple rapport de forces en son sein. C’est pourquoi, elle s’est retrouvée à déclarer la guerre même la plus injuste et décider du démembrement de pays qu’elle avait acceptés en son sein dans des frontières qu’elle-même avait préalablement reconnues. Elle est là à donner un habillage juridique parfois même contre l’avis de la majorité des Etats membres incarnée par l’Assemblée générale. Ainsi en est-il de la question palestinienne, au sujet de laquelle le Conseil de sécurité, qui est l’instance exécutoire de tout le système des Nations unies, piétine et c’est le moins que l’on puisse dire. La réunion de cette instance, tenue lundi dans l’urgence, a révélé toutes les limites de cette action ou encore tous les obstacles qui empêchent un débat conséquent et sans heurt, et surtout sans le moindre compromis qui frapperait d’obsolescence les conclusions qui en sortiraient.
Cette fois-ci encore, le Conseil de sécurité a décrété sa propre inertie, en décidant d’appeler à une enquête sur des faits pourtant avérés, s’agissant de l’agression israélienne contre des bateaux chargés de nourriture et de matériaux destinés aux Palestiniens de la bande de Ghaza. Pourquoi, en effet, une enquête alors que les faits parlent d’eux-mêmes, puisque l’attaque a visé des navires civils dans les eaux internationales ? Pas de réponse, mais son président, l’ambassadeur du Mexique Claude Heller, assure que ce sera « une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux ». Autant parler d’ores et déjà d’affaire classée comme tant d’autres, c’est-à-dire d’autres massacres de Palestiniens, où l’ONU réussit un autre exploit, celui de ne traiter que des conséquences et non plus des causes, d’un problème qu’elle avait elle-même créé en décrétant le partage de la Palestine.
Douze heures d’âpres débats pour si peu afin d’éviter une déclaration dont on sait qu’elle n’ira pas jusqu’à condamner Israël. Quant à l’enquête en question, sa définition laisse perplexe, car le mot « indépendante », qui figurait dans le projet, a disparu du texte final. Et il y a même un sérieux quiproquo avec d’un côté l’ambassadeur-adjoint américain déclarant que « nous sommes convaincus qu’Israël peut mener rapidement en interne une enquête crédible, impartiale et transparente ». Et de l’autre, l’ambassadeur mexicain qui semblait, quant à lui, interpréter le texte comme signifiant que ce serait au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de nommer un enquêteur indépendant pour mener l’investigation. « Nous pensons que le secrétaire général et le système onusien ont une responsabilité à assumer là-dessus », a-t-il dit. Difficile dans ce cas de ne pas frapper ce texte de suspicion ou au moins, même dans son extrême indulgence, parler de précipitation s’agissant de l’identité des enquêteurs. Un autre débat sans fin et un préalable majeur susceptible d’empêcher la mise sur pied de la mission d’enquête en question.
Tout d’une manière générale semble avoir été fait pour tuer le débat puisque celui-ci a été apparemment si bien encadré qu’il n’a pas été à l’essentiel, et la déclaration finale ne comporte pas d’appel explicite à la levée du blocus imposé aux Palestiniens de Ghaza, que de nombreux pays avaient pourtant réclamée lors du débat public. Tout donc a été fait pour que la colère soit amortie et traverse le labyrinthe procédurier, afin que rien n’en sorte. Une règle quand il s’agit des Palestiniens.
Par Mohammed Larbi
Cette fois-ci encore, le Conseil de sécurité a décrété sa propre inertie, en décidant d’appeler à une enquête sur des faits pourtant avérés, s’agissant de l’agression israélienne contre des bateaux chargés de nourriture et de matériaux destinés aux Palestiniens de la bande de Ghaza. Pourquoi, en effet, une enquête alors que les faits parlent d’eux-mêmes, puisque l’attaque a visé des navires civils dans les eaux internationales ? Pas de réponse, mais son président, l’ambassadeur du Mexique Claude Heller, assure que ce sera « une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux ». Autant parler d’ores et déjà d’affaire classée comme tant d’autres, c’est-à-dire d’autres massacres de Palestiniens, où l’ONU réussit un autre exploit, celui de ne traiter que des conséquences et non plus des causes, d’un problème qu’elle avait elle-même créé en décrétant le partage de la Palestine.
Douze heures d’âpres débats pour si peu afin d’éviter une déclaration dont on sait qu’elle n’ira pas jusqu’à condamner Israël. Quant à l’enquête en question, sa définition laisse perplexe, car le mot « indépendante », qui figurait dans le projet, a disparu du texte final. Et il y a même un sérieux quiproquo avec d’un côté l’ambassadeur-adjoint américain déclarant que « nous sommes convaincus qu’Israël peut mener rapidement en interne une enquête crédible, impartiale et transparente ». Et de l’autre, l’ambassadeur mexicain qui semblait, quant à lui, interpréter le texte comme signifiant que ce serait au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, de nommer un enquêteur indépendant pour mener l’investigation. « Nous pensons que le secrétaire général et le système onusien ont une responsabilité à assumer là-dessus », a-t-il dit. Difficile dans ce cas de ne pas frapper ce texte de suspicion ou au moins, même dans son extrême indulgence, parler de précipitation s’agissant de l’identité des enquêteurs. Un autre débat sans fin et un préalable majeur susceptible d’empêcher la mise sur pied de la mission d’enquête en question.
Tout d’une manière générale semble avoir été fait pour tuer le débat puisque celui-ci a été apparemment si bien encadré qu’il n’a pas été à l’essentiel, et la déclaration finale ne comporte pas d’appel explicite à la levée du blocus imposé aux Palestiniens de Ghaza, que de nombreux pays avaient pourtant réclamée lors du débat public. Tout donc a été fait pour que la colère soit amortie et traverse le labyrinthe procédurier, afin que rien n’en sorte. Une règle quand il s’agit des Palestiniens.
Par Mohammed Larbi
El Watan, 3 juin 2010
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