Le président algérien Abdelaziz Bouteflika assistera au sommet France-Afrique qui se tient le 31 mai et 1er juin à Nice, dans le sud de la France. L’information a été relayée par toutes les grandes agences de presse internationales, et l’Élysée, siège de la présidence en France, a confirmé la présence du Président Bouteflika, précisant que l’Algérie sera le seul pays du Maghreb, avec la Mauritanie, représentée au niveau des chefs d’Etat.
Certes, au moment où les relations entre l’Algérie et la France traversent une longue période de froid, ce sommet est le bienvenu pour les dirigeants des deux pays pour éventuellement dissiper les malentendus, voire remettre les relations sur les rails tout en dépassant cette phase de froid intense diplomatique source de pas mal de dissensions.
Certes, on n’en est pas au stade de la rupture des relations diplomatiques, mais quand on reporte de saison en saison un voyage officiel, quand on s’évite lors des grands messes politiques, il devient urgent de se reparler au moins. Se reparler au plus haut niveau, car on le sait bien, jamais il n’y a eu de rupture du dialogue entre les deux pays.
Le dernier contact au niveau présidentiel entre l’Algérie et la France remonte à deux ans, en marge d’un sommet du G8 tenu sur les bords du lac Toya, au sud de l’île de Hokkaido au Japon. Depuis, plus rien ou presque, mais surtout des rendez-vous reportés. En juin 2008, le Premier ministre français, François Fillon, était à Alger pour préparer la visite officielle du président Bouteflika en France prévue en 2009 en réponse à celle effectuée fin 2007 en Algérie par le président Sarkozy.
Sujets de tensions
La visite officielle n’a pas eu encore lieu, mais plus intéressant encore, ce qui a marqué le plus les relations entre les deux pays, c’est surtout la multiplication des sujets de tension. L’affaire Hasseni, la lutte antiterroriste dans la région sahélo-saharienne, le dossier du Sahara occidental et la partialité de la France dans son soutien aux thèses marocaines, ou encore la mise en cause d’un ancien attaché militaire des services de sécurité algériens dans l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996. En Algérie, en guise de réponse, même si ça n’en est pas une mais on pourrait se méprendre, c’est surtout la proposition de loi dénonçant les crimes de la colonisation française ou l’imposition de restrictions aux importations qui fait débat. On évoque même le départ en catimini des entreprises française qui ont investi en Algérie comme effet collatéral des mauvaises relations Algérie-France et par crainte d’une vague de nationalisations.
Il reste que ce sommet de Nice porte aussi une autre particularité qui intéresse la diplomatie et la gestion des relations internationales de l’Algérie. Ce sommet des chefs d’Etat de France et d’Afrique, le 25e du genre, était prévu initialement à Charm el Cheikh, en Egypte, en février. Il a été reporté et transféré à Nice d’un commun accord entre la France et l’Égypte en décembre dernier. Sarkozy ne voulant pas siéger à un sommet souhaité par le président égyptien Moubarak mais où le président soudanais Omar el Béchir serait présent. Au sommet de Nice, le Soudan sera représenté par une autre personnalité que son président, sous le coup d’un mandat d’arrêt du TPI.
Mais voilà, ce sommet reporté sera co-présidé par Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak. Dès lors un tête-à-tête entre les président Bouteflika et Moubarak pourrait s’organiser à cette occasion. Une possibilité de voir les relations Algérie- Egypte remises sur les rails, même si cela demeure très difficile pour nombre d’observateurs.
Les relations entre l’Algérie et l’Egypte sont au plus mal, frappées par «la crise footballistique» et le festival d’insultes dont ont gratifié les frères égyptiens, les Algériens peuple et gouvernants (chaaban oua houkoumaten) au nom de calculs politiciens locaux (la mise sur le trône d’Egypte du fils de Moubarak). Bien entendu, ce que l’on notera, c’est bien le fait que ce soit le président Bouteflika qui fasse le déplacement à Nice, (alors que l’on attendait de le voir représenté par Belkhadem), un signe de bonne volonté manifeste et un acte destiné à apaiser les tensions d’abord avec la France – du moins on parie beaucoup là dessus – et avec l’Egypte ensuite en amorçant probablement un début d’apaisement.
Par Amine Esseghir
Certes, au moment où les relations entre l’Algérie et la France traversent une longue période de froid, ce sommet est le bienvenu pour les dirigeants des deux pays pour éventuellement dissiper les malentendus, voire remettre les relations sur les rails tout en dépassant cette phase de froid intense diplomatique source de pas mal de dissensions.
Certes, on n’en est pas au stade de la rupture des relations diplomatiques, mais quand on reporte de saison en saison un voyage officiel, quand on s’évite lors des grands messes politiques, il devient urgent de se reparler au moins. Se reparler au plus haut niveau, car on le sait bien, jamais il n’y a eu de rupture du dialogue entre les deux pays.
Le dernier contact au niveau présidentiel entre l’Algérie et la France remonte à deux ans, en marge d’un sommet du G8 tenu sur les bords du lac Toya, au sud de l’île de Hokkaido au Japon. Depuis, plus rien ou presque, mais surtout des rendez-vous reportés. En juin 2008, le Premier ministre français, François Fillon, était à Alger pour préparer la visite officielle du président Bouteflika en France prévue en 2009 en réponse à celle effectuée fin 2007 en Algérie par le président Sarkozy.
Sujets de tensions
La visite officielle n’a pas eu encore lieu, mais plus intéressant encore, ce qui a marqué le plus les relations entre les deux pays, c’est surtout la multiplication des sujets de tension. L’affaire Hasseni, la lutte antiterroriste dans la région sahélo-saharienne, le dossier du Sahara occidental et la partialité de la France dans son soutien aux thèses marocaines, ou encore la mise en cause d’un ancien attaché militaire des services de sécurité algériens dans l’assassinat des moines de Tibhirine en 1996. En Algérie, en guise de réponse, même si ça n’en est pas une mais on pourrait se méprendre, c’est surtout la proposition de loi dénonçant les crimes de la colonisation française ou l’imposition de restrictions aux importations qui fait débat. On évoque même le départ en catimini des entreprises française qui ont investi en Algérie comme effet collatéral des mauvaises relations Algérie-France et par crainte d’une vague de nationalisations.
Il reste que ce sommet de Nice porte aussi une autre particularité qui intéresse la diplomatie et la gestion des relations internationales de l’Algérie. Ce sommet des chefs d’Etat de France et d’Afrique, le 25e du genre, était prévu initialement à Charm el Cheikh, en Egypte, en février. Il a été reporté et transféré à Nice d’un commun accord entre la France et l’Égypte en décembre dernier. Sarkozy ne voulant pas siéger à un sommet souhaité par le président égyptien Moubarak mais où le président soudanais Omar el Béchir serait présent. Au sommet de Nice, le Soudan sera représenté par une autre personnalité que son président, sous le coup d’un mandat d’arrêt du TPI.
Mais voilà, ce sommet reporté sera co-présidé par Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak. Dès lors un tête-à-tête entre les président Bouteflika et Moubarak pourrait s’organiser à cette occasion. Une possibilité de voir les relations Algérie- Egypte remises sur les rails, même si cela demeure très difficile pour nombre d’observateurs.
Les relations entre l’Algérie et l’Egypte sont au plus mal, frappées par «la crise footballistique» et le festival d’insultes dont ont gratifié les frères égyptiens, les Algériens peuple et gouvernants (chaaban oua houkoumaten) au nom de calculs politiciens locaux (la mise sur le trône d’Egypte du fils de Moubarak). Bien entendu, ce que l’on notera, c’est bien le fait que ce soit le président Bouteflika qui fasse le déplacement à Nice, (alors que l’on attendait de le voir représenté par Belkhadem), un signe de bonne volonté manifeste et un acte destiné à apaiser les tensions d’abord avec la France – du moins on parie beaucoup là dessus – et avec l’Egypte ensuite en amorçant probablement un début d’apaisement.
Par Amine Esseghir
Les Débats, du 2 au 8 juin 2010
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