Par Salem Ferdi
L’ambassadeur d’Algérie au Mali est de retour au moment où les médias français, visiblement orientés, insistent lourdement sur la faiblesse de la coopération entre les pays de la région du Sahel, comme pour justifier l’impératif d’une prise en charge externe de cette mission. Le raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier suscite toujours la polémique: des citoyens du nord du Mali accusent les armées française et mauritanienne d’avoir enlevé deux des leurs. L’Espagne continue de négocier la libération de deux Espagnols.
Ayadi Noureddine, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, a regagné son poste. Son rappel pour consultation, le 23 février dernier, était intervenu à la suite de la décision du gouvernement malien, après un simulacre de procès, de libérer quatre djihadistes – deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien – en échange de la libération peu après par l’Aqmi de l’otage français Pierre Camatte, enlevé le 26 novembre 2009. La décision malienne, intervenue après de fortes pressions françaises, a suscité la colère d’Alger qui avait qualifié la mesure de «développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste agissant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda». Dans l’affaire du dernier raid, le Mali a été totalement tenu dans l’ignorance par le gouvernement français. Sa capacité à s’indigner publiquement de l’affront subi étant pratiquement nulle, le président malien Amadou Toumani Touré a dit son «souhait» au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, d’une meilleure «coordination des opérations contre Aqmi». Le thème de l’absence de «coordination» est depuis servi comme une explication et justification du raid raté au nord du mali qui a fait 7 morts parmi les membres de l’Aqmi et qui a sans doute scellé le sort de l’otage français Michel Germaneau.
«Coordination»
Cette «absence de coordination» – qui avait reçu un coup avec la libération des terroristes par le Mali – est devenue un thème récurrent, une quasi-campagne en faveur d’une implication étrangère dans la région. Le retour de l’ambassadeur algérien à Bamako vise sans doute à tourner la page avec le Mali qui constate qu’il n’est pas forcément bien traité. Il s’agit aussi de renouer – si tant est qu’ils aient vraiment cessé – les liens avec un pays où se trouve le gros des troupes de l’Aqmi. Le but est sans doute de relancer une coopération régionale dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme dans la région du Sahel. Les termes de l’enjeu n’ont pas changé: une coopération entre les pays concernés dispose d’une légitimité claire alors qu’une intrusion externe, occidentale pour être précis, risque de servir d’argument d’attraction pour les djihadistes. En Mauritanie, où l’opposition a critiqué une guerre par «procuration» menée par le gouvernement de Nouakchott, le ministre de la Défense se défend en affirmant que son pays menait son propre combat et non celui des autres. Le raid sur le nord du Mali n’en finit cependant pas de faire des vagues. Une communauté arabe du nord du Mali a porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour «enlèvement de deux civils maliens».
«Nous avons porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour enlèvement et séquestration de deux civils, tout juste après l’attaque d’un campement dans le nord-ouest du Mali», a déclaré à l’AFP Sidy Mohamed Ould Mohamed, un élu municipal de Tombouctou, membre de la communauté arabe de cette région. «Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi», a ajouté M. Ould Mohamed au nom de sa communauté. «Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération».
L’Espagne mène des «négociations complexes»
Le ministère français des Affaires étrangères a réagi à cette plainte en affirmant que personne n’a été détenu à l’issue de l’opération franco-mauritanienne menée le 22 juillet contre un camp d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Aucune personne n’a été détenue à l’issue de l’opération mauritanienne du 22 juillet contre Aqmi à laquelle la France a apporté un soutien logistique et opérationnel», a affirmé le porte-parole du ministère, Bernard Valero, au cours d’un point de presse. L’Espagne assure maintenir tous les contacts et les négociations pour tenter de libérer les deux otages catalans – qui seraient détenus par le groupe de Belaouar – et qui auraient été déplacés après le raid franco-mauritanien au nord du Mali. Des sources au gouvernement espagnol insistent sur la nécessaire «prudence» et à la «patience» dans des négociations «très complexes».
Ayadi Noureddine, l’ambassadeur d’Algérie à Bamako, a regagné son poste. Son rappel pour consultation, le 23 février dernier, était intervenu à la suite de la décision du gouvernement malien, après un simulacre de procès, de libérer quatre djihadistes – deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien – en échange de la libération peu après par l’Aqmi de l’otage français Pierre Camatte, enlevé le 26 novembre 2009. La décision malienne, intervenue après de fortes pressions françaises, a suscité la colère d’Alger qui avait qualifié la mesure de «développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste agissant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda». Dans l’affaire du dernier raid, le Mali a été totalement tenu dans l’ignorance par le gouvernement français. Sa capacité à s’indigner publiquement de l’affront subi étant pratiquement nulle, le président malien Amadou Toumani Touré a dit son «souhait» au ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, d’une meilleure «coordination des opérations contre Aqmi». Le thème de l’absence de «coordination» est depuis servi comme une explication et justification du raid raté au nord du mali qui a fait 7 morts parmi les membres de l’Aqmi et qui a sans doute scellé le sort de l’otage français Michel Germaneau.
«Coordination»
Cette «absence de coordination» – qui avait reçu un coup avec la libération des terroristes par le Mali – est devenue un thème récurrent, une quasi-campagne en faveur d’une implication étrangère dans la région. Le retour de l’ambassadeur algérien à Bamako vise sans doute à tourner la page avec le Mali qui constate qu’il n’est pas forcément bien traité. Il s’agit aussi de renouer – si tant est qu’ils aient vraiment cessé – les liens avec un pays où se trouve le gros des troupes de l’Aqmi. Le but est sans doute de relancer une coopération régionale dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme dans la région du Sahel. Les termes de l’enjeu n’ont pas changé: une coopération entre les pays concernés dispose d’une légitimité claire alors qu’une intrusion externe, occidentale pour être précis, risque de servir d’argument d’attraction pour les djihadistes. En Mauritanie, où l’opposition a critiqué une guerre par «procuration» menée par le gouvernement de Nouakchott, le ministre de la Défense se défend en affirmant que son pays menait son propre combat et non celui des autres. Le raid sur le nord du Mali n’en finit cependant pas de faire des vagues. Une communauté arabe du nord du Mali a porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour «enlèvement de deux civils maliens».
«Nous avons porté plainte contre les armées mauritanienne et française pour enlèvement et séquestration de deux civils, tout juste après l’attaque d’un campement dans le nord-ouest du Mali», a déclaré à l’AFP Sidy Mohamed Ould Mohamed, un élu municipal de Tombouctou, membre de la communauté arabe de cette région. «Quand les militaires français et mauritaniens sont arrivés dans le campement, après avoir tué ceux qu’ils cherchaient, ils sont allés dans un petit campement pour arrêter, séquestrer et enlever deux civils qui sont Ckeikna Ould Bolla et Rabah Ould Bammoshi», a ajouté M. Ould Mohamed au nom de sa communauté. «Ce sont des civils innocents qui ont été enlevés. C’est arbitraire. On exige leur libération».
L’Espagne mène des «négociations complexes»
Le ministère français des Affaires étrangères a réagi à cette plainte en affirmant que personne n’a été détenu à l’issue de l’opération franco-mauritanienne menée le 22 juillet contre un camp d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Aucune personne n’a été détenue à l’issue de l’opération mauritanienne du 22 juillet contre Aqmi à laquelle la France a apporté un soutien logistique et opérationnel», a affirmé le porte-parole du ministère, Bernard Valero, au cours d’un point de presse. L’Espagne assure maintenir tous les contacts et les négociations pour tenter de libérer les deux otages catalans – qui seraient détenus par le groupe de Belaouar – et qui auraient été déplacés après le raid franco-mauritanien au nord du Mali. Des sources au gouvernement espagnol insistent sur la nécessaire «prudence» et à la «patience» dans des négociations «très complexes».
Le Quotidien d’Oran, 31/7/2010
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