A chaque supplique de Mohamed VI, pour réclamer notamment la réouverture des frontières au nom de la fraternité maghrébine et du bon voisinage, succède une déclaration incongrue où le roi du Maroc jette l’opprobre sur l’Algérie. Dans son dernier discours à l’occasion de la fête du trône, le souverain alaouite accuse nommément l’Algérie (une habitude) de chercher à «torpiller l’initiative d’autonomie» marocaine que son gouvernement veut imposer en dehors du cadre onusien et auquel il ne se réfère d’ailleurs jamais. Que cacherait donc cette récurrence des attaques frontales de Rabat, que les agences et médias français reprennent systématiquement, à l’adresse de ses voisins algériens ? Avec son ton alarmé, à la fois menaçant et suppliant, ce discours sonne comme un rappel, avant de passer sans doute à un autre style de langage, qu’il a l’habitude de se réserver dans pareils cas pour accentuer la pression et le jeu des chantages, au sujet notamment du Sahara Occidental, qui demeure la clé de voûte. Sur ce point, l’Algérie peut se targuer d’être fidèle à sa ligne de conduite, depuis le déclenchement du conflit en 1975, en appelant à l’application des résolutions des Nations unies sur la question (cf. entretien entre Bouteflika et Kissinger sur WikiLeaks), lesquelles recommandent explicitement l’organisation d’un référendum. Mais au-delà de ce positionnement, le Maroc est visiblement mis à mal par l’échec de toutes les pressions que ses alliés européens tentent d’exercer sur Alger pour l’amener à accepter un «dialogue direct et ouvert » avec Rabat ; un piège que l’on veut tendre à l’Algérie pour lever toute légitimité au combat libérateur des Sahraouis. M. A.
La Nouvelle République, 1/8/2010
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