A El-Ayoune, la capitale du Sahara occidental qu’ils occupent depuis 1975, les Marocains ont arrêté et tabassé 11 ressortissants espagnols avant de les embarquer sur le premier bateau en partance pour les îles Canaries, d’où ils venaient. Le groupe espagnol n’a pas commis de hold-up, ni de casse, comme il n’a pas provoqué de rixe ni commis d’agressions. Il n’était pas non plus venu voler, lui aussi, le poisson ou le phosphate des Sahraouis. Il était venu à ses frais, juste pour se solidariser avec un peuple opprimé et dénoncer les misères qu’on lui fait. Un geste tout ce qu’il y a de noble, n’est-ce pas ? Mais Rabat n’aime apparemment plus les gestes nobles ! Particulièrement depuis le sacre de… Grenade.
Une autre fois Madrid est mise dans la gêne par le makhzen, et sa nouvelle technique répressive qui consiste à envoyer ses policiers faire le sale boulot habillés en civil. A l’équipe Zapatero qui demande des « informations » sur la méchanceté d’El- Ayoune, on pourra dire que l’action et ses dégâts sont imputables aux Sahraouis du coin qu’on présentera comme les farouches défenseurs du commandeur des croyants et de son royaume.
Conciliateur comme il est, Zapatero ne trouvera probablement pas de grandes difficultés pour avaler et faire avaler aux siens les craques marocaines. Le hic, c’est que ses opposants connaissent le Maroc et savent que ses policiers sont les seuls dans le monde à savoir offrir aux femmes un œil au beurre noir, sans état d’âme, comme le faisaient les proxénètes « retro ». Donc, l’opposition d’Espagne ne tend pas l’autre joue, elle réagit autrement. Elle réclame du gouvernement une « attitude ferme » face à la violence du Maroc, et certains veulent un rappel de l’ambassadeur d’Espagne au Maroc. Un parlementaire de la gauche unifiée se propose de saisir l’UE pour lui demander de revoir ses relations avec le Maroc. Ce qui semble un peu tôt pour l’instant puisque actuellement, l’UE file le grand amour avec le poisson sahraoui, alors que les parapluies tricolore et sioniste encouragent à la hardiesse.
En tout cas, à leur arrivée à Puerto de la Luz à Gran Canaria, les 11 Canariens étaient accueillis en héros avec une grande inscription : « Sahara libre ».
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 31/8/2010
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