Guerre de flotilles

Des activistes espagnols et marocains se verront les visages dans des expéditions qui revendiqueront les deux versions sur le Sahara Occupé.

Comme s’il s’agissait d’un ancien épisode naval, l’avenir du Sahara Occidental pourrait se décider dans la mer. C’est, au moins, ce que cherchent plusieurs groupes d’activistes, après l’agression récente contre une dizaine de canariens à El Aaiún qui organisaient une manifestation en faveur du peuple sahraoui, qui ont décidé de mener une nouvelle croisade contre le Gouvernement marocain. 

Sous le nom de Mahfoud Ali Beiba, la dénommé Flottille de l’Indépendance essaie de voyager prochainement depuis les Îles Canaries jusqu’à El Aaiún, la capitale de la République Arabe Sahraouie Démocratique occupée par le Maroc. L’objectif, selon les explications données à ce journal par l’Observatoire des Droits de l’homme pour les Territoires Occupés est « de dénoncer le blocage médiatique du Maroc » et de défendre les « droits de l’homme » dans la région. 

Dans l’initiative, qui dans les semaines prochaines annoncera la date de son départ, ils ont déjà confirmé qu’une vingtaine d’associations internationales y participeront, commandées par l’acteur Willy Toledo, devenu déjà porte-parole de ce mouvement solidaire, qui a réalisé des protestations dans toute l’Espagne pour défendre la grève de la faim que l’activiste sahroauie Aminatou Haidar a menée l’année passée.

Même si dans notre conscient nous avons encore les images tragiques de l’assaut israélien contre la Flottille de la liberté turque, les responsables de cette expédition assurent qu’ils n’essaient pas de provoquer le Gouvernement alaouite, mais « de défendre l’indépendance de l’ex-colonie espagnole ».

« Nous sommes dans la phase initiale du projet, mais nous recevons déjà de nombreuses demandes de citoyens et des médias pour participer à la flottille », explique Isabelle Galeote, membre de l’ONG canarienne SaharAcciones et l’une des principales amochées par l’agression brutale subie, il y a deux semaines, par 14 activistes de l’Archipel. « Au début, nous avons projeté la date du 14 novembre, anniversaire des Accords de Madrid de 1975, mais l’action aura lieu, sûrement, dans le premier trimestre de 2011″, ajoute Galeote, qui dénote qu’une protection et une escorte a été sollicitée au Gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero.

Les activistes sont conscients que l’entreprise sera compliquée, et que qu’amarrer au port d’El Aaiun sera presqu’une utopie, mais ils rappellent que « selon la législation internationale, cette zone doit être libre pour la circulation des observateurs et des médias ». 

Le Maroc, pour sa part a déjà annoncé qu’il ne restera pas les bras croisés, et attend connaître les dates du voyage de la Flottille de l’indépendance pour préparer la bienvenue adéquate. En fait, plusieurs médias marocains ont annoncé qu’une contre-flottille alaouite est en train de se préparer, qui compterait sur plus de 70 bateaux. « Nous sommes devant une provocation en toute règle et, s’ils le font, il y aura une réaction », a assuré il y a quelques jours à l’agence MAP Reda Taoujni, représentant de l’Association Sahara Marocaine (ASM). Taoujni explique que, entre des entités civiles et des pêcheurs, le Maroc compte déjà sur une flotte composée de plus de 200 personnes disposées à empêcher que les embarcations de l’expédition espagnole arrivent au Sahara Occidental. « Nous les attendrons dans la limite de nos eaux juridictionnelles qui sont aussi celles des Canaries et nous ne leur permettrons pas d’avancer », prévena le dirigeant marocain.

Donc, on annonce un automne chaud pour l’Exécutif de Zapatero, qui, dernièrement, n’arrête pas de récolter des malheurs sur le front nord-africain. D’abord c’était le conflit de Melilla, et maintenant les derniers épisodes subis par des citoyens espagnols dans les Territoires Occupés de la République Sahraouie. Sans doute, ce sera une nouvelle pierre de touche pour la disponibilité négociatrice du ministre des affaires étrangères espagnol, Miguel Ángel Moratinos, qui vivra une fin de législature moins placide, c’est sûr, que ce qu’il aurait souhaité.

José Luis Cámara, Santa Cruz de Tenerife

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