Ils ont la manne mais pas les usines

75 % des produits exportés d’Afrique sont des matières premières. 80 % des importations sont des produits manufacturés à partir des matières préalablement exportées. Occupant seulement 4 % de la cote du marché mondial, l’Afrique fait face aux paris avec une manne de matières premières, auxquelles, faute d’usines, on ne peut additionner une valeur ajoutée pour exporter des produits manufacturés.

Les ressources naturelles et leur exploitation par les pays africains – États, entreprises privées, nationales – ou par des entreprises venues de tiers pays et la malédiction que cela suppose leur découverte aux propres pays, sont à la base d’un débat intense et continu. À Lisbonne, dans le cadre du VIIe Congrès Ibérique d’Études Africaines, plusieurs analyses et perspectives ont été exposées pour mieux comprendre la gestion de ceux-là et les conséquences futures que peut entraîner le manque de contrôle ou de transparence à ce sujet.

En termes de cote de marché mondial, l’Afrique représente, selon la Banque Mondiale, 4 % des mouvements commerciaux enregistrés. Elle arbore 16 % de la population, 9 % de l’investissement étranger qui se fait dans le monde et n’émet que 3,7 % des gaz polluants qui se répandent dans l’atmosphère.

Dans son étude comparative, Ángeles Sánchez Díez, de la Universidad Autónoma de Madrid, manifestait comment l’Afrique est restée exclue du marché global, mais non de la globalisation. Des produits de partout débarquent dans le continent africain, mais les produits africains ne sortent pas autant. Cela pourrait être une globalisation en sens unique.

Selon les données obtenues qui ont été présentées à Lisbonne, “l’Afrique perdait du terrain dans tous les secteurs, durant les dernières années, voire en énergie”. En Afrique, continent où de nouveaux gisements de pétrole ont été localisés et où certains pays exploitent le gaz naturel, la commercialisation de l’énergie est passée de 14 % du marché mondial au 12 % lors de la dernière décennie. L’exportation de produits liés à l’énergie signifie 70 % du total des ventes réalisées par les pays africains.

Les secteurs primaires et l’agriculture ont également perdu du terrain par rapport au reste du continent. L’élevage et l’agro-industrie d’exportation sont quasi inexistants.

La donnée, qui révèle le mauvais état des économies africaines et le pourquoi de la forte migration des citoyens vers d’autres continents, entre autres choses, revient au fait que 80 % des matières premières sont exportés sans être manufacturés. Seulement les 20 % restants le sont. Cela fait que des produits, manufacturés avec leurs propres matières premières, sont importés, tandis qu’eux paient la valeur ajoutée additionnée au coût.
La balance penche, évidemment, du côté des importations. Parmi les produits qu’achètent les pays africains au reste d’agents participant au commerce mondial, 80 % sont manufacturés.

L’une des conclusions de l’étude présentée, c’est que le continent africain a perdu une part du dynamisme économique qu’il avait atteint, grâce à la domination des pays possèdant des produits énergétiques. Ceux-ci monopolisent le marché et font que l’Afrique soit un continent dépendant. À cela s’ajoute le fait que le marché international bouge, de plus en plus, avec des produits dynamiques, ce qui fait que le processus dominant dans le continent soit contraire à la tendance globale.

Guinguinbali, 10/9/2010

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