La lutte contre Al Qaïda au Maghreb s’élargit : Une grande offensive se prépare

Les services de renseignement de sept pays de Sahel préparent des opérations à caractère d’espionnage contre les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Il s’agit de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad, de la Libye et du Burkina Faso.

Les services spéciaux de ces sept pays se sont mobilisés récemment lors d’une réunion tenue à Alger. Le but de cette importante rencontre était de créer une coalition entre les services de renseignement des sept pays de la région. Une coalition qui vise à créer des agents d’espionnage afin d infiltrer les groupes armés d’Al Qaïda au Maghreb. Espionner leurs mouvements dans le désert du Sahel, infiltrer les katibates de ces groupes terroristes, connaître leurs caches, telles sont les principales missions de cette coalition. C’est pour cette raison que, les états-majors de sept pays du Sahel se sont réunis il y a quinze jours plus précisément dans le Sahara algérien, à Tamanrasset. 

Les états-majors des pays du Sahel ont donné le feu vert aux services de renseignement pour passer à l’action afin de préparer le terrain avant la grande offensive qui sera sans aucun doute très déterminante pour la sécurité de la région. Les groupes terroristes, durant ces trois dernières années, sont passés à un stade supérieur dans leurs actions. Ils sont plus violents, plus actifs et plus dangereux. Ils ont réussi à enlever des dizaines d’étrangers en l’espace de trois ans seulement. Des rapts qui se sont produits un peu partout dans un triangle mali-mauritanie-niger. 

Cette recrudescence des kidnappings perpétrés dans un vaste espace a poussé les chefs d’états-majors à chercher une autre issue pour mettre fin à cette dangereuse escalade. D’ailleurs, la réunion très secrète tenue mercredi dernier à Alger entre les services de renseignement des pays de la bandes sahélo-sahariennes a été ordonnée par les chefs d’états-majors des pays du Sahel. Sept pays de la région, et non pas quatre comme cela a été rapporté par la presse étrangère, se sont réunis lors de cette importante rencontre. Cette réunion de suivi technique a été tenue une semaine après la rencontre des états-majors, organisée, elle, à Tamanrasset. 

Prévue déjà il y a quelques mois, cette réunion des services de renseignement des sept pays de la région avait pour but d’établir une action commune entre les pays participants afin de booster le travail des renseignements pour une meilleure lutte antiterroriste. Alger, mieux placée pour ce genre de renseignements, grâce à sa riche expérience acquise depuis près de vingt ans, a étalé tout son savoir-faire lors de cette réunion. Comment combattre le phénomène du terrorisme en matière de renseignement ? Tel est le but de cette rencontre. 

Pour cette raison, la rencontre d’Alger est qualifiée de très importante par notre source. Elle permettra une lutte encore plus efficace contre les poches d’Al Qaïda au Maghreb Islamique. Ces derniers développent de jour en jour leurs capacités de frappe. Ces mêmes terroristes diversifient aussi leurs revenus financiers dans la région afin de recruter de nouveaux terroristes et d’actionner d’autres attentats. Alger qui a déjà combattu efficacement le terrorisme, surtout en matière de renseignements, a fait un état de la situation pour ses voisins. 

Un travail de renseignement qui a permis l’anéantissement de plusieurs dangereux chefs terroristes en Algérie. Zobeir Harkat, alias Sofiane Fassila, le n°2 d’Aqmi a été mis hors d’état de nuire en 2008 en Kabylie grâce à un travail de renseignement très pointu de la part des services secrets algériens. Sofiane Fassila, 32 ans, présenté comme l’artificier principal de l’organisation affiliée à la nébuleuse d’Oussama Ben Laden, un habile négociateur d’armes pour le maquis, avait été tué avec une dizaine d’autres terroristes sur la route reliant Boghni à Tizi Ouzou, et ce, à l’intérieur d’un fourgon. Il aurait été à l’origine de l’introduction, depuis des années, des attentats suicides perpétrés à Alger. Plusieurs de ces attentats, utilisant de jeunes kamikaze, ont pris pour cibles notamment le Palais du gouvernement, deux commissariats de banlieue et d’Alger, deux casernes de l’armée à Lakhdaria et Dellys, le cortège présidentiel à Batna. Ces attentats ont fait au total plus d’une centaine de morts, la plupart des civils. 

D’autre part, le Maroc a officiellement annoncé son mécontentement de n’avoir pas été invité par Alger pour la réunion des sept pays de la région du Sahel. Toutefois, il est important de rappeler que géographiquement, le Maroc n’est pas situé dans la région du Sahel, donc, il est tout à fait clair et logique que ce pays soit loin de la menace terroriste de l’Aqmi, il n’est même pas concerné par les actions et les mouvements de cette organisation criminelle. En plus de cette donnée, Rabat n’est pas aligné à l’Union africaine. Le Maroc s’est retiré lui-même de l’Union africaine en 1984, donc, un autre détail très important également qui ne permet pas à Rabat de chercher une place dans cette coalition.

L’Algérie a toujours cherché à combattre efficacement le terrorisme, mais également de lutter contre les trafiquants de la drogue et d’armes n’a pas trouvé un écho auprès de son voisin marocain. Aujourd’hui, ce même pays se plaint d’avoir été exclu de la coalition, lui qui a déjà abrité des chefs terroristes dans son propre territoire.

Les Débats, 6-12/10/2010

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