Rencontre interparlementaire entre l’Algérie et l’UE

Une importante délégation algérienne, composée de députés et de sénateurs, est venue à Bruxelles pour rencontrer les parlementaires européens.  C’est la 19ème rencontre du genre entre l’UE et l’Algérie, qui a eu lieu les 6 et 7 octobre et qui a permis aux deux parties de se pencher sur l’état de la coopération dans divers domaines.

La délégation algérienne est chapeautée par Kheira Leila Ettayeb, membre du conseil de la nation qui, lors de l’ouverture des débats, a mis le doigt sur les sujets sensibles chers à l’Algérie à savoir les questions du Sahara Occidental et de la Palestine. Mme Ettayeb a rappelé les positions fermes algériennes à savoir le respect du droit international ainsi que le respect des décisions de l’ONU.

En ce qui concerne le Sahara Occidental, Mme Ettayeb a souligné l’importance du référendum affirmant que les algériens accueilleraient avec respect le choix des Sahraouis. C’est aux Sahraouis de se prononcer via un référendum sous l’égide de l’ONU, rejoindre le royaume du Maroc ou l’autodétermination.
Quant à la question palestinienne, la chef de la délégation algérienne a réitéré la position d’Alger pour un Etat palestinien souverain avec comme capitale Jérusalem.
En ce qui concerne les relations algéro-européennes, le représentant de la commission européenne M. Olivier Laroussilhe a expliqué que l’accord d’association avec l’Algérie relève de la première génération et que beaucoup de secteurs et de domaines n’ont pas encore été exploités. Il a par ailleurs reproché à Alger la propension protectionniste avec la préférence nationale. Il a ajouté que l’accord d’association n’a pas bouleversé le sens des échanges et que l’économie algérienne est insuffisamment diversifiée.
Le directeur du département du commerce de l’exécutif européen a ainsi déclaré que l’UE est très préoccupée par l’Algérie en matière de politique commerciale, ajoutant même que la situation se détériorait. Il a également tenu à rappeler les effets dissuasifs de la loi de finances complémentaire algérienne. M.  Laroussilhe a conclu en affirmant qu’un certain nombre de mesures étaient en contradiction avec l’accord d’association. Le directeur du département commerce de la commission ne s’attendait certainement pas à la réponse de la partie algérienne, habitué à ce qu’on les caresse dans le sens du poil. L’intervention de M. Abdelkrim Harchaoui , ancien ministre des finances, a été on ne peut plus claire, de manière ferme et courtoise, succincte, explicite et motivée.
M. Harchaoui, qui connaît bien sa matière, jonglant avec les chiffres, a expliqué que l’Algérie a respecté tous ses engagements de 2005 à 2009 par contre l’UE n’a pas respecté les siens et principalement en ce qui concerne les IDE (Investissement Direct Européen), notamment en rappelant l’article 1 alinéa 5 de l’accord d’association qui stipule que l’accord devra promouvoir la coopération dans les domaines économiques, social, culturel et financier.
M. Harchaoui a interpellé l’UE lui demandant de tenir compte de la réalité de chaque pays et de la fragilité de l’économie algérienne qui dépend à plus de 90% des hydrocarbures et que dans ce contexte l’IDE devrait plutôt intéresser les entreprises qui créent de la richesse.

En matière de sécurité, et de lutte antiterroriste ainsi que de la situation au Sahel, M. Abdelkader Bounekraf a tenu à souligner l’importance de l’expérience algérienne dans cette matière.

Gilles de Kerchove, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’UE a reconnu qu’à cet égard l’Algérie est un partenaire stratégique de l’UE.

Le second jour, les discussions entre parlementaires algériens et européens se sont focalisées sur l’énergie. L’UE a rappelé donc l’importance de la fiabilité de l’Algérie qui reste un fournisseur stable.

M. Harchaoui a tenu à rappeler les difficultés de l’entreprise algérienne Sonatrach à pénétrer le marché européen tel que prévu dans les accords.

Suite à ces discussions, les Européens ont reconnu donc la spécificité algérienne sur laquelle ils devraient dorénavant tenir compte. Probablement que l’approche des investisseurs évoluera en s’intéressant de plus près à l’Algérie.
Ouest Tribune, 9/10/2010

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