Christopher Ross traque les miracles

«A tout seigneur tout honneur», M. Christopher Ross, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, est arrivé hier à Alger, première étape d’une tournée dans la région ouest-maghrébine, où il prévoit des consultations avec les dirigeants algériens, sahraouis, mauritaniens et marocains. L’objectif est de défricher le chemin à une nouvelle rencontre informelle entre Marocains et Sahraouis destinée à faciliter la tenue d’un nouveau round des négociations entamées en 2007 sous la conduite de Peter van Walsum, le prédécesseur de Ross. Des pourparlers qui n’ont pas pu avancer d’un iota en raison de la «ténacité» diplomatique du makhzen. 

Quelles chances a-t-il, M. Christopher Ross, de faire revenir à la raison un commandeur des croyants qui dit crânement que le Sahara occidental, territoire reconnu internationalement non autonome, est un bien qui lui a été offert par… l’histoire ? Que peut-il faire quand on nie les réalités politiques de l’époque et qu’on ne cesse de répéter, avec une remarquable stupidité, que les propriétaires ne sont donc pas les Sahraouis qui portent le nom du pays et qui ont fait le coup de feu contre l’Espagne coloniale, mais que ce sont les gens qu’on appelle communément les Marocains, les gens qui habitent le Maroc, et c’est là qu’ils comptent des cimetières et non pas dans la Seguia El Hamra ou à Wad Edhahab, nous dit l’histoire. 

M. Ross sait que si l’on devait vraiment tenir compte des frontières historiques, ce serait les Sahraouis qui seraient en droit de revendiquer leurs terres greffées arbitrairement à celles du sud du royaume du temps de la présence espagnole vers le milieu du siècle dernier. Le Maroc dit d’un côté qu’il est prêt à reprendre les négociations et jure ses dieux qu’il a toujours été de bonne volonté. De l’autre, il dit qu’il ne renoncera à aucun pouce du Sahara et qu’il n’est prêt qu’à une chose, laisser au peuple sahraoui le choix de la sauce à laquelle il sera bouffé. L’autonomie, rien que l’autonomie, et sans référendum, svp. Car il devient notoire que le royaume craint une pacifique consultation référendaire plus que la guerre et ses drames. Peut-être que M. Ross serait mieux inspiré d’aller discuter du sort du Sahara occidental avec les «bienfaiteurs» d’en face.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)

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