«Silence on tue» !

Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel.
Rabat a annoncé hier sa décision de suspendre les activités de la chaîne satellitaire Al Jazeera au Maroc et d’annuler les accréditations de son staff exerçant dans le pays du commandeur des croyants. Le Maroc avance des raisons plus farfelues les unes que les autres pour justifier son geste hostile envers une télévision qui, pourtant, ménage le makhzen au point de se limiter à nous montrer à chaque fois deux tentes en poils de chameau, toujours les mêmes, plantées vraisemblablement dans l’un des souks d’El-Ayoun, lorsqu’elle informe sur l’immense camp de Gdeim Izik où quelque 20 000 Sahraouis ont choisi de s’exiler volontairement et se trouvent cernés depuis une vingtaine de jours, manquant d’eau, de vivres et de médicaments.
Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel. Mais à voir les petites misères faites à Al Jazeera, ne vaut-il pas mieux avoir affaire à la sainte MAP plutôt qu’à ses dieux ? Surtout depuis qu’El-Ayoun et ses environs se trouvent sous haute tension après le meurtre de Najem El-Guareh, un jeune Sahraoui de 14 ans, tué par balle parce qu’il a eu l’audace de vouloir introduire quelques vivres aux manifestants.
Bien que sa mort tragique ait été moins médiatisée que, par exemple, l’emprisonnement de Shalit, le makhzen ne veut pas qu’on en parle du tout. Egal à lui-même, il met donc Gdeim Izik en quarantaine et empêche la presse étrangère de venir se rendre compte sur place, y compris en recourant aux basses manœuvres, comme ce fut le cas avec les médias espagnols. Le cas de «Pequeno Najem» ?

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïb Fassi Fihri, s’est déclaré «surpris» par l’importance qu’accordaient les médias espagnols à sa mort brutale. Un événement qui «ne mérite pas autant d’intérêt». Ce n’est qu’un bédouin, aurait-il pu résumer dans son entretien à EFE, l’agence espagnole qui n’a pas été accusée, à l’instar des autres médias ibériques, de faire état d’une seule version à propos de l’assassinat du jeune Najem. Comme si la vérité était multiple et non pas une ! Une chose est certaine : s’il savait sa version crédible, le makhzen aurait, plutôt que d’imposer un black-out, rameuté à ses frais la presse du monde entier. Celle du Polisario en tête !

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