«Elli mekci b'chiye ennass a'ryane»

Au Sahara occidental, territoire classé non autonome par l’ONU, le commandeur des croyants se conduit comme si c’était chez lui et même un peu plus. Les populations autochtones, les Sahraouis, nous dit-il, sont ses sujets, et gare à celui qui ose, ne serait-ce qu’une larme de désaccord. La chaîne satellitaire Al Djazeera en connaît un bout, elle qui a été chassée avec la même délicatesse que le président de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), Tiago Vieira, venu s’inquiéter des «bienfaits» dispensés aux «séquestrés de… Gdeim Izik. 
Al Djazeera avait osé corriger la carte géographique du Maroc en le distinguant du Sahara occidental à travers un jeu de couleurs. Il faut quand même reconnaître que le jaune accordé au Maroc était plus proche de la couleur m… que celui spécifiant le Sahara occidental. Mais le Maroc y gagne quand même puisque, du coup, Al Djazeera ne parle plus du tout des «événements» du Sahara occidental. Un pays martyr que le makhzen nous présentait comme un paradis, alors que la réalité du terrain nous dit que le trône étouffe depuis 35 ans les autochtones qui sont plutôt républicains et que sa justice s’attelle à les castrer et va jusqu’à refuser les plaintes que voulaient déposer des victimes blessées par les balles coloniales lors de l’assassinat du jeune Najem. 
Une tragédie qui révéla au monde l’ampleur de l’injustice qui frappe les Sahraouis refusant de gagner la confortable tente où gîte le CORCAS, ou de bouffer dans la même patte que lui. Les protestataires sont conscients qu’ils sont chez eux sur le territoire de la Seguia El-Hamra wa Wadi Edhahab et qu’ils y vivent les conditions classiques de la colonisation, alors que les colons arrivent telle une faucille pour récolter tous les avantages matériels qu’offrent les richesses du pays. 
Des richesses pillées aussi bien en mer que sur terre, en complicité avec l’UE notamment. Sans que cela profite de quelque manière que ce soit aux populations sahraouies, les vrais propriétaires. Appuyé de Paris, le Maroc accapare comme on dit le bilad et les ibad (le pays et ses gens), oubliant le dicton maghrébin qui dit : «elli mekci b’chye ennass a’ryane (celui qui se revêt des effets d’autrui est pratiquement nu)». 
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 4/11/2010

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