MASSACRES DE SAHRAOUIS D’EL AÂYOUNE : Le Maroc à la barre du conseil de sécurité

Son actuel président, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, consulte les autres pays membres de l’organe exécutif de l’ONU, afin de fixer la date de la réunion et en déterminer les modalités. Mohammed VI ne s’en sortira pas à bon compte après la tuerie qui a suivi le démantèlement du camp de Gdeim Izik, ravagé, mis à feu et à sang par les forces d’occupation marocaines. En effet, tandis que la troisième rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario s’est achevée mardi sans aucune avancée notoire, le Conseil de sécurité, à l’initiative du Mexique, s’apprête à ouvrir une enquête sur les violentes attaques menées par les forces d’occupation marocaines contre le camp de Gdeim Izik et qui se sont poursuivies par une féroce chasse à l’homme dans la ville occupée d’El Aâyoune. 
 
Cette opération militaire a entraîné la mort de 11 personnes, 723 blessées et 159 autres portées disparues (Voir l’Expression du 10/10/2010) et 163 arrestations selon le chiffre donné hier par des officiels marocains. Le bilan demeure malheureusement provisoire. La communauté internationale indignée et préoccupée a vivement réagi à ce massacre planifié et exécuté à huis clos. «Le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé mardi des démarches à la demande du Mexique, pour convoquer une séance d’information sur les violentes attaques contre les citoyens sahraouis au Sahara occidental après l’assaut perpétré lundi par les forces marocaines contre le camp de Gdeim Izik» a indiqué l’agence de presse sahraouie SPS dans une dépêche datée du 10 novembre. Le président du Conseil de sécurité pourra compter sur les 14 autres membres qui ont exprimé leur «volonté et leur soutien» à la demande du Mexique pour que le Département des opérations de paix de l’ONU présente un rapport sur ce qui s’est passé dans les territoires occupés du Sahara occidental a ajouté la même source. La France traditionnel allié du trône alaouite a réagi. «Il y a un problème d’urgence parce qu’à El Aâyoun les chocs ont été très violents, les incidents très graves. On ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville, le nombre des blessés et le nombre des morts», a reconnu le ministre français des Affaires étrangères. 
 
De là à penser, cependant, que Paris va cesser de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, il y a un pas à ne pas franchir. «La France, comme d’ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d’être discutée», avait déclaré Bernard Kouchner, dans une interview au magazine Jeune Afrique au mois de mars 2009. «Cette proposition d’autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l’impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine…», a renchéri,au début du mois de juillet, le Premier ministre français, François Fillon. Sur le plan de la diplomatie, les efforts déployés par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour tenter de mettre un terme au statu quo dans lequel baigne le conflit du Sahara occidental, semblent réduits à néant après les événements dramatiques qui ont marqué les territoires occupés. Le troisième cycle de discussions informelles entre le Front Polisario et le Maroc qui se sont tenues entre le 8 et le 9 Novembre à Manhasset, près de New York, se sont achevées mardi soir sur un constat d’échec. 
 
Le Maroc a campé, comme il fallait s’y attendre, sur sa proposition d’autonomie faisant fi de la résolution 1920 adoptée par le Conseil de sécurité le 30 avril 2010 et qui garantit au peuple sahraoui le droit de se prononcer librement quant à son avenir dans le cadre d’un référendum d’autodétermination. «Le Maroc et le Polisario ont tenu des discussions amples et franches sur les propositions de chacun sur le Sahara occidental, dans un esprit de respect mutuel en dépit du fait que chaque partie a continué à rejeter la proposition de l’autre comme base des négociations à venir», a confié le représentant personnel de Ban Ki Moon pour la région. Christopher Ross a annoncé un autre rendez-vous entre les deux belligérants. «Les participants ont décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre ainsi qu’au début de l’année prochaine afin de poursuivre, selon des approches innovatrices, le processus de négociations qui a été demandé par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies» a indiqué le diplomate américain. Jusqu’à quand les portes du dialogue demeureront ouvertes? Une seule option peut mettre un terme au conflit du Sahara occidental: la tenue d’un référendum d’autodétermination. 
Réflexion, 15/11/2010

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