El Aaiun : Le bilan de la répression s’élève à 34 morts

Le Front Polisario a critiqué l’attitude de la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, d’avoir usé de son droit de véto pour s’opposer à l’envoi d’une mission d’enquête onusienne dans les territoires occupés du Sahara Occidental lors d’une réunion, mardi dernier, du Conseil de sécurité. Le Front Polisario estime, dans un communiqué, que «les autres membres du Conseil de sécurité ont clairement manifesté leur volonté d’envoyer une mission d’enquête suite aux tragiques événements de Gdeim Izik et de El-Ayoun occupée».
Ainsi, le Maroc, épaulé par la France, s’entête en faisant la sourde oreille à la communauté internationale et les Sahraouis comptent leurs morts. Selon des sources sahraouies, le bilan s’est alourdi à 34 morts. À ceux là, s’ajoutent en toute évidence «un nombre indéterminé de disparus, entre autre, prisonniers dans les casernes militaires marocaines ainsi que dans des centres de détention collectifs. En tout état de cause, en dépit de l’embargo médiatique imposé par le régime marocain sur les populations sahraouies, la communauté internationale demeure fidèle à son engagement de soutenir la cause sahraouie également ses populations réprimées dans le sang. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un rassemblement soit initié ici et là.
Aujourd’hui même, un rassemblement de militants d’associations italiennes de solidarité avec le peuple sahraoui sera organisé devant le siège de l’ambassade du Maroc à Rome, pour condamner la répression contre la population sahraouie, ont précisé ses organisateurs dans une déclaration reprise par Sahara de presse service SPS. Ce rassemblement est prévu à l’occasion d’une Journée nationale de mobilisation des associations amies du peuple sahraoui, pour dénoncer et condamner la terrible répression par l’armée et les forces de sécurité marocaines dans les territoires occupés du Sahara Occidental, a-t-on expliqué. À travers cette manifestation, les participants vont exiger du Maroc de mettre fin à la répression sans précédent contre la population sahraouie, libérer tous les prisonniers sahraouis encore détenus dans les prisons et fournir des informations sur des centaines de disparus, selon l’appel.
Les manifestations appelleront, à cette occasion, au respect des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et à mettre fin à l’occupation militaire du Sahara Occidental, en permettant au peuple sahraoui de décider librement de son avenir, ajoute le texte. Plusieurs associations de soutien à la lutte du peuple sahraoui, des représentants de partis politiques et des syndicalistes italiens ont déjà confirmé leur participation à ce rassemblement, selon les organisateurs. Non loin de là, dans la capitale française précisément, des associations françaises solidaires avec le peuple sahraoui et l’Association des Sahraouis en France ont appelé, mercredi, à un nouveau rassemblement aujourd’hui au parvis des droits de l’Homme à la Place du Trocadéro à Paris pour dénoncer l’attitude du gouvernement français complice du Maroc et qui empêche le Conseil de sécurité d’envoyer une mission d’enquête internationale au Sahara Occidental.
Ces associations appellent, en outre, à l’arrêt de la répression et au respect des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés et à la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis. Elles appellent également à libérer, aux journalistes et observateurs internationaux, l’accès des territoires occupés, à l’envoi d’une mission internationale d’enquête et de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental et à l’organisation rapide du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Ces deux rassemblement interviennent alors que «les familles sahraouies enterrent leurs martyrs dans la douleur et la dignité, le déchaînement de violence des forces d’occupation se poursuit», soulignent ces associations dans leur appel. Rappelant dans ce contexte que des maisons sahraouies sont perquisitionnées et détruites, des centaines de Sahraouis sont arrêtés, tabassés et torturés. «Le bilan des morts et des blessés, s’alourdit de jour en jour : des blessés meurent faute de soins, de nouveaux cadavres sont retrouvés et on compte des centaines de disparus», ont-elles témoigné. À rappeler que deux sit-in de protestation contre la répression exercée et les violations des droits de l’Homme au Sahara Occidental ont été tenus respectivement à Rome et à Florence, la semaine dernière. Soulignons enfin que l’organisation américaine des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW), a condamné la «torture brutale» infligée par les forces marocaines aux civils sahraouis et appelé à la mise en place d’un «mécanisme onusien» de surveillance des droits de l’Homme.
De leur côté, les participants au Forum de solidarité avec le Sahara Occidental, tenu récemment à Accra (Ghana), a condamné «vigoureusement » l’attaque des forces d’occupation marocaines.

EL-AAIUN INTERDITE AUX JOURNALISTES

«Ce n’est un secret pour personne, les relations entre l’Espagne et le Maroc sont orageuses, mais apparemment c’est le métier de journaliste en général qui dérange le Maroc, dans ce cas-ci». Une révélation faite par le correspondant de la Radio et télévision belge (Rtbf) et du journal Le Soir (Belgique) qui a été expulsé par les autorités marocaines alors qu’il essayait de couvrir les évènements qu’a connu le campement de Sahraouis près d’El-Ayoun occupée suite à l’assaut des forces marocaines le 8 novembre. Guillaume Bontoux, qui travaille aussi pour la Radio espagnole, a été expulsé d’El-Ayoun l’après-midi même de son arrivée, après avoir été interrogé par la Sûreté nationale marocaine, rapporte mercredi la Rtbf sur son site internet. «J’ai proposé à la rédaction de la Radio nationale d’Espagne de partir là-bas parce qu’on refusait systématiquement l’accès à El-Ayoun aux journalistes espagnols, je me suis dit qu’avec mon passeport français, ce serait plus facile de m’y rendre», a-t-il témoigné sur ce même site, qui ne précise pas la date exacte de l’expulsion.

Reporters sans frontières (RSF) a, dans un communiqué, affirmé qu’une dizaine de correspondants étrangers sont toujours empêchés d’embarquer pour El-Ayoun par les représentants de la compagnie gouvernementale Royal Air Maroc à l’aéroport de Casablanca, signalant que la presse internationale s’intéressant à la question du Sahara Occidental était la cible directe des autorités marocaines. Le massacre continue.
Farid Houali
Le Courrier d’Algérie, 20/11/2010

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