Résolution du PE : Un énième revers pour le Makhzen

La nouvelle, venant de l’Union européenne, est tombée comme un coup de massue sur le royaume de sa majesté qui se croyait –jusqu’ici- un protégé de certaines puissances occidentales, à l’instar de la France. La résolution du Parlement européen (PE) condamnant, pour la première fois, les violences dans les territoires occupés du Sahara occidental constitue un «revers» important pour un Makhzen qui, désormais, fait de la répression des sahraouis un art de loisir. Tout en se «félicitant du consensus» dégagé autour du projet de résolution, des intervenants ont relevé que le Parlement européen «se libère enfin de l’emprise marocaine, pour franchir un pas aussi important». 
 
Dans cette fameuse résolution, les eurodéputés se sont dits «choqués» par la violence marocaine contre des civils sahraouis ainsi que par l’usage de la force le jour même de l’ouverture à New York du troisième cycle de pourparlers informels sur le statut du Sahara occidental. Voici donc de quoi subir au Maroc un énième revers sur la scène internationale. Les eurodéputés à l’origine de cette résolution se sont dits également «étonnés» que des parlementaires européens et des journalistes se soient vus refuser l’accès au Sahara occidental, demandant aux autorités marocaines «l’accès et la liberté de circulation dans la région pour la presse et les organisations non gouvernementales». 
 
C’est, en un mot, une condamnation pure et simple de la politique de «massacres à huis clos». Les députés européens ont demandé «instamment» la mise en place, sous l’égide des Nations unies, d’une commission d’enquête indépendante et transparente pour élucider ces événements. De quoi conforter le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, dans ses revendications de dépêcher des enquêteurs onusiens dans les territoires occupés du Sahara occidental. Une revendication qui, pour rappel, a été rejetée par le Conseil de sécurité de l’ONU, sous l’influence de la France. 
 
S’exprimant au sujet de cette résolution, le représentant du Front Polisario en Europe, Ahmed Beissat, a estimé que la résolution adoptée par le Parlement européen est une «vive condamnation des crimes marocains contre les civils sahraouis». Il a estimé, dans un communiqué, que ce texte contient les «principaux» éléments devant permettre au Parlement européen de «contribuer grandement à la poursuite de la paix et de la justice au Sahara occidental». Ces éléments, a-t-il expliqué, sont la condamnation de l’utilisation de la violence par les autorités marocaines à l’encontre de civils sahraouis, et la demande «urgente» à l’ONU de mettre sur pied une commission d’enquête internationale «indépendante» pour élucider les évènements qu’a connus le camp de Gdeim Izik, le 8 novembre dernier. 
 
De cette résolution, a-t-il ajouté, se dégage aussi un «message politique» qui veut dire également que les droits de l’homme sont «au-dessus de toute considération» et leur bafouement par le Maroc sera «condamnable et désormais puni». Pour le député du groupe de gauche, Willy Meyer, l’adoption d’une telle résolution est en soi une «performance» et intervient «au grand dam de l’administration marocaine qui a du user de pressions pour que cette question ne soit pas portée à l’hémicycle européen». Par ailleurs, des associations françaises ont appelé à la constitution «rapide» d’une mission internationale pour faire un rapport sur la situation des droits de l’homme au Sahara occidental, y compris sur le démantèlement du camp de Gdeim Izik le 8 novembre dernier». 
 
Dans leur appel adressé à la ministre française des affaires étrangères, ces mêmes associations estiment que cette mission «pourrait ainsi émettre des recommandations sur le rôle de la Minurso (Mission de l’Onu pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) concernant la protection de l’homme», dans la région. Les auteurs de l’appel parmi lesquels le directeur France de Human Rights Watch, relèvent que la Minurso est la seule mission de maintien de la paix de l’ONU établie (dans la région) depuis 1991 à ne pas avoir une composante «droits de l’homme» dans s on mandat. C’est ainsi que le royaume de sa Majesté risque de perdre sur tous les fronts. Jamais le Maroc n’a été aussi rejeté sur la place internationale.
Hakim Aichiou
Le Carrefour d’Algérie, 27/11/2010

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