Abdelaziz interpelle les États membres de l’ONU

Le président de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, a, une fois de plus, interpellé la communauté internationale, notamment, les États membres de l’Organisation des Nations unies, à intervenir d’urgence afin de mettre un terme aux violations des droits de l’Homme, ainsi que la politique de nettoyage ethnique menée par le gouvernement marocain contre les citoyens sahraouis sans défense dans les territoires occupés du Sahara Occidental.
«Aujourd’hui, la situation à El Ayoun et dans les territoires occupés s’aggrave de plus en plus à cause de la persistance de la politique d’épuration ethnique pratiquée par le gouvernement marocain. Nous vous adressons cette lettre urgente pour vous exprimer notre profonde préoccupation et notre inquiétude à l’égard de ce que le Maroc est en train de commettre au Sahara Occidental, particulièrement à El Ayoun où les graves pratiques coloniales se déclinaient sous forme de politique d’épuration ethnique dirigée contre des citoyens sahraouis sans défense », a écrit le président sahraoui. «Le 8 novembre 2010, plusieurs dizaines de milliers d’exilés sahraouis comprenant femmes, enfants et vieillards ont été sauvagement agressés, pendant qu’ils dormaient, par des milliers de soldats, de gendarmes, de policiers et des éléments des forces auxiliaires. Des dizaines d’engins, des camions, des véhicules, des canons à eau chaude, des balles réelles ont été utilisés durant cette intervention. Des hélicoptères lançaient des bombes lacrymogènes. 
Après deux heures d’agression, ce camp composé de plus de huit mille tentes, abritant trente mille personnes a été complètement rasé », estime le président sahraoui. Selon cette même lettre dont une copie a été rapportée par l’agence Sahara presse service (Sps), l’ignoble a été atteint avec le nettoyage ethnique préparé et mis en pratique par les autorités d’occupation après qu’elles aient constaté l’importance de la concentration des Sahraouis dans le camp du Gdeim Izik protestant contre la réalité coloniale et ses conséquences, écrit-on encore. Interpellant donc la communauté internationale sur la réalité amère vécue par les populations sahraouies depuis les premières heures de l’invasion marocaine, le SG du Front Polisario a regretté que cette violence et cette sauvagerie aient été commises dans l’obscurité, interdisant ainsi l’accès dans la capitale occupée aux journalistes et observateurs étrangers. 
Un embargo médiatique qui ne permet pas, selon lui, d’avoir la moindre idée du nombre de disparus, de morts et des d’emprisonnés. Pour preuve, a enchaîné le président sahraoui, le représentant de l’organisation Human Right Watch était l’un des rares étrangers ayant pu accéder au territoire. Son témoignage qu’il qualifie luimême d’incomplet à cause des obstacles dressés devant lui, et à cause de la terreur imposée aux Sahraouis qui ne pouvaient que respirer à peine sans même parler de pouvoir témoigner aux étrangers. Suite à quoi, Mohamed Abdelaziz exhorte la communauté internationale, de même que l’ONU, à agir avec célérité afin de mettre un terme à ces graves atteintes aux droits de l’Homme et à ces pratiques moyenâgeuses dont l’État marocain se rend coupable en ce XXIe siècle contre des civils sans défense. 
«Nous comptons beaucoup sur votre intervention urgente afin de lever le blocus que l’armée et la police marocaines imposent à la population sahraouie et de mettre un terme à l’état de peur et de terreur qui s’est emparé de la ville ; ce qui permettrait une liberté aux Sahraouis et leur laisserait la possibilité de rechercher et de s’enquérir sur leurs proches disparus et pour pouvoir porter secours aux blessés abandonnés à leur sort», ajoute-on dans la même correspondance.
Élargir les compétences de la Minurso
Aux dires du président sahraoui, la communauté internationale ne peut pas continuer d’admettre que le gouvernement marocain puisse continuer à interdire systématiquement à la presse et aux observateurs internationaux l’accès à El Ayoun et aux territoires occupés sans apparaître comme complice de ce grave blocus organisé par les autorités coloniales marocaines ayant pour seul but d’effacer les traces du crime et d’être en mesure de présenter leur propre version, unique et épurée. À propos, il a tenu à préciser que les autorités sahraouies comptent sur l’intervention de l’ONU afin d’envoyer de façon urgente une commission d’enquête internationale pour enquêter sur les crimes déjà commis, élargir les compétences de la Minurso afin qu’elle puisse protéger et sécuriser les Sahraouis vivant dans ce territoire au statut international. Il est, également, question de permettre à cette même mission de protéger les droits de l’Homme et de rapporter sur les violations commises. Rappelons, à ce titre, que le conflit du Sahara Occidental est de nature coloniale et doit trouver sa solution sur la base de la Charte et des résolutions de l’ONU relatives aux questions coloniales. Cela passera nécessairement par l’application du droit à l’autodétermination via un référendum libre, régulier et transparent. «En attendant que l’ONU s’acquitte de cette mission dans les plus brefs délais, elle est appelée, ainsi que la communauté internationale, à intervenir pour faire cesser la politique du nettoyage ethnique contre un peuple sans défense qui n’a commis de crime que celui d’avoir revendiqué un droit qui lui est pourtant reconnu en droit international et d’avoir exprimé pacifiquement et légitimement son rejet de l’occupation illégale de son territoire national», a conclu le président de la RASD.

 Farid Houali 
Le  Courrier d’Algérie, 8/12/2010

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