L’Europe fragilisée, l’Afrique redéfinit ses priorités et ses intérêts: Alliances tactique et alliances stratégiques

Le monde politique et militaire est en train de connaître les plus profondes transformations depuis la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin. Si l’on peut considérer l’année 1989 comme une année charnière, ayant été également le début de l’enclenchement du processus de la désintégration des ex-républiques de l’Union soviétique, l’année 2022 sera considérée comme étant l’année de la révision générale des calculs politico-militaires.

Avec ce bonus en plus, et que l’année 1989, ne possédait pas : en 2022, aucune puissance au monde ne peut se vanter d’être le gendarme du monde. Les États Unis sont en train de perdre la bataille sur plusieurs fronts. L’Europe est en train de se rendre compte qu’on lui a fait un mauvais casting. La Chine et la Russie s’affirment comme deux maîtres de l’horloge.

Ce qui nous intéresse, c’est l’Afrique et les Africains. Aujourd’hui, plus que jamais, les pays africains ont une voix qui porte. On l’a vu lors du conflit ukrainien, ils se sont alignés avec leur allié de toujours, celui qui ne les a pas colonisé ni dupé ni exploité.

La France a été banni de plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne et Barkhane ne trouve plus refuge que chez le voisin Niger, pays le plus pauvre du monde qui reste à la merci d’Areva. Refuge d’autant plus fragile qu’il ne tient qu’au seul régime, et non pas au peuple, qui s’est bruyamment exprimé sur la France dans les rues de Niamey.

Le 2 novembre, le nouvel homme fort du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a rencontré à Bamako, l’actuel dirigeant du Mali, le colonel Assimi Goïta. La rencontre a agacé l’Élysée.

Gestion de la frontière entre les deux pays, stabilité et sécurité au Sahel, coopération militaire conjointe entre Bamako et Ouagadougou, les enjeux de cette rencontre étaient nombreux et la révocation de la France de la région en était le ciment.

Le gazoduc transsaharien entre Alger et Abuja poursuit dans la même veine. Plus question de laisser les majors pétrolières agir sur le sol africain. Les super profits engrangés (lire l’Express du 5 novembre, p. 3), laissent à penser qu’il y a une volonté de laisser le pourrissement de la guerre en Ukraine toucher la planète entière, tant qu’il y a encore et toujours profits.

Les choses sont en train de changer. Déjà sous nos yeux, se déroule la nouvelle carte du monde.

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