Diplomatie Le Maroc fait profil bas, mais…

Absent du sommet de la Ligue des Etats arabes, le Roi du Maroc se cherche des issues à sa crise avec l’Algérie. Incapable de justifier cette dérobade expliquée par des « considérations régionales », le souverain chérifien ne sait plus quoi faire. Pour tenter de se rapprocher de l’Algérie, Mohamed VI a trouvé en son ministre des Affaires Etrangères, Nasser Bourita, un bon éclaireur. Envoyé à la réunion des ministres des Affaires Etrangères des Etats membres de la Ligue arabe, ce dernier a tout tenté pour nouer des contacts avec les responsables algériens. Niet. A Alger, on a estimé que l’occasion n’est pas propice à une réconciliation entre les deux Etats puisque le sommet qui se préparait avait un caractère multilatéral. Or, le Maroc a justement voulu profiter de la présence des autres dirigeants arabes pour tenter de se rapprocher des Algériens. « Nous avons tenté d’entrer en contact avec les autorités algériennes à travers différents canaux diplomatiques. En vain. Les responsables algériens n’ont pas répondu à nos demandes d’organiser des rencontres bilatérales », a confié le ministre marocain à la chaîne Al-Jazeera. De guerre lasse, le souverain marocain a changé de stratégie. Il lance, via son ministre des Affaires Etrangères, une invitation publique au président Abdelmadjid Tebboune de se rendre à Rabat. « Il vaut mieux avoir un dialogue direct au plus haut sommet afin de faire une évaluation de notre relation bilatérale » puisque ce dialogue « n’a pas pu avoir lieu à Alger », a tenté d’expliquer Nasser Bourita. Ce n’est pas la première fois que le Roi du Maroc affiche, publiquement, sa volonté de rétablir les relations avec l’Algérie. Lors d’un discours prononcé fin juillet dernier, Mohamed VI avait notamment appelé les autorités algériennes à « un dialogue sincère » sur les problèmes qui minent les relations bilatérales entre les deux pays. Il a promis que son pays voulait « du bien » à ses « frères algériens » et que les attaques ciblant l’Algérie étaient « le fait d’individus » et non de l’Etat marocain. Pourtant, certaines de ces salves proviennent d’officiels marocains, comme leur ambassadeur à l’Organisation des Nations-Unies (ONU) qui ne rate aucune occasion pour dénigrer l’Algérie. Ce changement de ton n’était pourtant pas évident. Au début de la réunion des ministres des Affaires Etrangères des pays membres de la Ligue arabe, le Nasser Bourita s’est montré très agressif. Prétextant une erreur dans la carte géographique où le Sahara Occidental est détaché du Maroc –qui est en fait la carte des Nations-Unies- le responsable marocain a quitté la salle de réunion. Il a distillé aux journalistes de son pays un autre mensonge : il aurait été mal reçu par les autorités algériennes. Une information démentie plus tard par le ministère algérien des Affaires Etrangères qui a affirmé que tous les présents avaient été reçus de la même manière. Cette « agressivité dont le discours inamical et belliqueux à Alger même » ne qualifie pas Nasser Bourita « pour une mission de représentation de ce rang à moins que le Maroc n’ait fait le choix délibéré de provoquer un incident diplomatique », a estimé l’ancien ministre et diplomate algérien Abdelaziz Rahabi. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, répondra-t-il à cette invitation ? « (…) il est difficile de donner une réponse sérieuse à une offre qui ne l’est ni dans la forme ni dans le fond », répond Abdelaziz Rahabi.

Akli Ouali

http://www.lestrepublicain.com/index.php/actualite/item/9037602-le-maroc-fait-profil-bas-mais

05 Nov 2022