Les réseaux terroristes démantelés au Maroc ou la science-fiction du Makhzen

Dernièrement, on assiste à une nouvelle, encore une, menace terroriste imaginée depuis les coulisses du premier serviteur de la France, sa majesté le roi Mohamed VI. Étant un pays tiers-mondiste, pour les Etats-Unis et l’Europe, il semble que cette grossière ruse soit plus en évidence,  grâce aux médias, même si elle ne trouve pas grand écho dans le monde. Pas plus que l’affaire du citoyen belgo-marocain Abdelkader Belliraj ne l’a eu. Mieux encore, les services de sécurité de l’État Belge ont reconnu dans leur rapport annuel pour 2009 qu’il n’y avait pas de preuves contre ce malheureux, accusé par les autorités marocaines d’être le cerveau d’un réseau terroriste qui n’a jamais commis d’attentat. Pire encore, dans le même sac, Rabat avait mis six leaders de partis islamistes connus par leur modération. C’était en février 2008, à un moment où les négociations sous les auspices de l’envoyé spécial Peter Van Walsum n’avaient rien donné et Rabat avait constaté que le Conseil de Sécurité, qui allait se réunir le 30 avril 2008, n’a pas l’intention de forcer le Front Polisario à accepter la proposition d’autonomie malgré l’aval du médiateur onusien. Au mois d’août 2008, Rabat annonçait un autre réseau, juste quelques jours après la démission de Van Walsum.

Depuis, à chaque fois que le Maroc est acculé par la communauté internationale dans le dossier du Sahara Occidental,  la MAP annonçait le démantèlement d’un réseau terroriste qui « planifiait des attentats » au Maroc et Europe. Mais aucun réseau n’a été capturé après avoir exécuté ses présumés plans. A titre d’exemple :

Au mois d’avril 2010, quatre jours avant la réunion du Conseil de Sécurité sur le Sahara Occidental et où la question d’élargir le mandat de la MINURSO pour comprendre les droits de l’homme allait être débattue.

Au mois de juin 2010, deux jours avant la réunion du Comité de Décolonisation de l’Assemblée Générale de l’ONU

Les exemples ne manquent pas depuis le départ du controversé diplomate hollandais qui avait reconnu que la légalité se trouve du côté du Front Polisario.

Le gouvernement marocain a essayé au maximum de cacher le massacre pratiqué entre  octobre et décembre 2010 sur la population sahraouie lors du et après le démantèlement du camp de Gdeym Izik, dans un moment critique d’intensification et d’aggravation de ce qu’en réalité était des actions quotidiennes et habituelles des forces d’occupation civilo – policiaco-militares. A l’étranger, deux stratégies ont été utilisées : la dissimulation de preuves et le mensonge en plus des arguments exposés comme excuse et justification.

Et comme d’habitude, la lampe de génie s’est allumé chez quelqu’un au département de propagande du palais et a tiré le mot magique : Al-Qaïda. C’est la solution magique pour effrayer le public récepteur de la consigne qu’un danger terroriste existe. Sans aucune pudeur, les porte-paroles du Maroc n’ont pas hésité à dire que derrière la résistance sahraouie, matérialisée dans l’Intifada populaire et dans le Front Polisario, se trouvent des éléments de la nébuleuse terroriste. Ce régime se présente ainsi, en maître chanteur, devant l’Europe et les États-Unis comme gendarme dans la zone de cette forme de menace présumée, préfabriquée, évidemment .

Ainsi, de la main de Rabat,  a vu la lumière une nouvelle publication de propagande marocaine en espagnol, « Kantara » (dont le chef de rédaction est un ancien correspondant au Maroc de la chaîne CNN+, fermée par faillite) au mois de décembre 2010. Dans sa deuxième édition, il dédiait un numéro spécial au « visage occulte du Polisario » en le liant à la piraterie et au terrorisme islamique. Presque simultanément, apparaît la nouvelle que les services de sécurité marocains ont démantelé une cellule supposée terroriste intégrée de 27 personnes, « l’une d’elles appartenant à Al-Qaeda », dont le dépôt d’armes se trouve dans les territoires gérés par le Front Polisario.

Et le feuilleton ne s’arrêtera pas là. D’autres surprises dans les prochains épisodes de cette série de science-fiction dont l’auteur ne s’arrêtera pas beaucoup sur les détails.

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