«Le peuple sahraoui a les mêmes droits à s’autodéterminer que ceux de la Namibie en 1989, du peuple du Timor-Est en 2000 et du Sud-Soudan en 2011», affirme Boukhari Ahmed, le représentant du Front Polisario à l’ONU.
«La délégation sahraouie prend part à cette 5e réunion informelle avec le même esprit de coopération sincère avec les efforts de l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, tout en étant profondément attachée aux droits sacrés de notre peuple à l’autodétermination et à l’indépendance », déclare M. Boukhari Ahmed juste avant le début de la réunion qui se tient en présence des représentants de l’Algérie et de la Mauritanie.
Comme la quasi-totalité des « intéressés » par la question sahraouie, il estime que ce 5e rendez-vous informel ne peut être comme les précédents : il se tient à la lumière de la « répression » menée à partir du 8 novembre dernier par les forces marocaines contre les 20.000 Sahraouis du camp de Gdeim Izik, du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan qui s’est déroulé avec succès du 9 au 15 janvier. Selon le diplomate sahraoui, ces « deux messages » démontrent le bien-fondé de l’attachement du Front Polisario à la voie référendaire, « la voie la plus démocratique pour répondre aux aspirations légitimes d’un peuple de décider de son avenir », explique-t-il et plaident pour une « implication majeure du Conseil de sécurité pour la protection des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés et la réactivation du processus d’application du plan de règlement de 1991 et des accords de Houston de 1997, les seuls accords acceptés par le Front Polisario et le Maroc et endossés par le Conseil de sécurité ».
M. Boukhari y voit même en « les événements actuels en Tunisie un troisième message. « Ils offrent, dit-il, une occasion au Maroc pour répondre aux aspirations socio-économiques et démocratiques » de son peuple qui « tôt ou tard, le peuple marocain prendra conscience de la vérité historique » et se débarrasser d’un projet expansionniste sans lendemain qui a hypothéqué l’avenir du pays, entaché profondément sa crédibilité internationale et semé la méfiance et la tension dans la région.
Une région où la France et l’Espagne manœuvrent pour « imposer » la proposition d’autonomie marocaine aux Sahraouis. En manque d’arguments, la ministre des Affaires étrangères espagnole, Mme Trinidad Jiménez, est allée jusqu’à « inventer » un « oui, mais » du Front Polisario à ce plan marocain. Selon elle, le mouvement sahraoui reconnaît que l’organisation du référendum est « complexe ». « Contrairement à ce qu’affirme Mme Jimenez, la position claire et explicite du Front Polisario est basée sur un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui qui constitue la voie idoine conforme au droit, à la démocratique et à la transparence pour résoudre le conflit du Sahara occidental », lui réplique M. Mohamed Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères sahraoui, appelant l’Espagne à assumer les responsabilités qui lui incombent dans sa colonie, celle qu’elle a cédée à l’occupation militaire marocaine le 31 octobre 1975.
« La question du Sahara occidental est inscrite depuis 1966, comme une question de décolonisation », devant être résolue conformément à de la Charte des Nations unies et la Résolution historique 1514, qui stipule « l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, à travers l’exercice de leur droit inaliénable à l’autodétermination », rappelle-t-il. Dans les territoires sahraouis occupés, six femmes ont été blessées vendredi lors d’une manifestation pacifique organisée au quartier populaire «Lehcheicha» à El Aaiun occupée pour réclamer la lumière sur la mort violente d’un jeune Sahraoui, Saïd Dambar (26 ans), abattu à bout portant d’une balle à la tête par un policier marocain le 23 décembre dernier.
Djamel B.
Horizons, 23/01/2011
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