« J’ai reçu des appels anonymes en me menaçant de mort », déclare au téléphone Oussama El Khlifi, un Marocain chômeur de 23 ans, tête visible d’un appel dans Facebook convoquant des manifestations le 20 février dans les villes principales du Maroc. « Il est clair qu’il y a des gens à qui l’initiative ne plaît pas », appel qui a reçu l’appui de 12.000 internautes, selon lui.
Les meneurs demandent, dans des termes très modérées, au roi Mohamed VI de « annuler la Constitution actuelle », dont l’article 19 lui octroie un pouvoir presque absolu; qu’il prenne des mesures pour lutter contre la corruption et qu’il libère les prisonniers de conscience.
Les jeunes qui revendiquent des changements ne sont pas les seuls a activer sur le réseau. Durant quelques heures une autre convocation a aussi circulé pour célébrer, ce dimanche à Casablanca, une Marche de l’Amour et de la Fidélité à Sa Majestad Roi Mohamed VI.
À la fin, elle a disparu et il ne reste qu’une autre initiative qui demande aux usagers marocains de Facebook de substituer leur photo dans le profil du réseau social par celle du monarque, le 14 février, jour de la Saint Valentin.
Le Gouvernement marocain a réagi hier, pour la première fois, à cette effervescence dans le réseau. Son porte-parole, Khalid Naciri, a déclaré à la fin du Conseil des Ministres : « Les appels à se manifester qui surgissent à travers quelques webs d’Internet sont vus avec beaucoup de sérénité ».
« Que les citoyens puissent s’exprimer est quelque chose qui ne nous gêne absolument pas à condition de respecter la légalité et les intérêts suprêmes et vitaux de notre pays », ajouta-t-il en parlant de la monarchie, la religion et l’appartenance du Sahara Occidental au Maroc.
Outre les jeunes, un des principaux intellectuels marocains, l’écrivain Abdellatif Laabi, qui n’était pas spécialement critique avec le système, a fait hier aussi un appel : « Disons-le haut et fort, aucun pays arabe ne peut se soustraire à ce mouvement qui s’est fixé comme objectif finir avec le royaume de l’acte de l’arbitraire ».
Un ex-capitaine des Forces Armées, Mustafa Adib, qui a été inculpé pour dénoncer la corruption dans ses rangs, s’est animé aussi à faire un double appel au monarque, lui instant de modifier la Constitution, et à ses anciens compagnons d’armes, de ne pas réprimer les manifestations hypothétiques, selon lui, qui auront lieu dans un bref délais.
Ignacio Cembrero
El Pais, 04/02/2011
Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
La marche de la liberté commence le 20 fevrier
La marche de la liberté commence le 20 fevrier