Le Yémen, le premier, pratiquement comitamment avec l’Egypte a eu à souffrir et continue de le faire de cette fronde et les « pas en arrière » d’un président au pouvoir depuis plus de trois décennies ne semblent pas avoir les effets escomptés. Pire, les jours passent et apportent régulièrement leurs lots de manifestations, d’arrestations et de blessés.
L’Iran lui aussi, et ce depuis la célébration du trentième anniversaire de la Révolution islamique dirigée par l’imam Khomeiny, ne fait pas exception à cette « règle », même si peuplé de Perses et de musulmans en majorité chiites. Les choses s’y sont brutalement aggravées ces trois derniers jours dans plusieurs grandes villes du pays et l’opposition au président Ahmadinejad s’est vite transformée, une première, en remise en question et en cause de l’Autorité suprême iranienne, celle que l’on nomme le véritable pouvoir, le haut clergé chiiite. Signifiant par là que ce n’est ni plus ni moins qu’à un changement en profondeur auquel au moins une partie de l’opposition actuelle aspire.
Plus étonnant encore est le cas du Bahrein où des manifestations, certes de faible ampleur, ont déjà été enregistrées. Preuve supplémentaire de ce que ce vent de révolte qui secoue les pays arabes est un phénomène tout à fait nouveau, les manifestations qui depuis hier secouent la Libye de l’inamovible guide de la Révolution, Mouamar Gueddafi.
Le Maroc, lui, se prépare à une journée de protestations pour ce 20 courant et Rabat a déjà annoncé la couleur en accusant notre pays et le Front Polisario d’en être les véritables instigateurs. Montrant par là au moins de cécité, par ce pseudo argument éculé de l’ennemi extérieur, que Benali et Moubarak. Les jeunes Irakiens ne sont pas en reste eux qui ont profité de la Saint-Valentin pour « se moquer » de leurs dirigeants.
Autant de pays aux systèmes politiques différents, aux traditions de lutte sans grande profondeur ni ancrage populaire réel, mais qui montrent, à défaut de prouver que les préoccupations et les réalités ont profondément changé par rapport aux deux dernières décennies. D’abord en ce qu’il est désormais très difficile de poser un quelconque pronostic quant aux capacités des différents mouvances islamistes de récupérer des mouvements de jeunes qui n’aspirent qu’à un plus de liberté et de démocratie. Ensuite en ce que toute cette jeunesse arabe est partout majoritaire. Enfin, en ce que cette jeunesse sait, certes de façon le plus souvent spontanée, utiliser et développer, à l’image d’Internet et de Facebook, de nouveaux et inédits moyens de lutte. Appelant de fait à de nouvelles réponses de la part des régimes un peu partout en place.
M. B.
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