«La situation sécuritaire au Sahel est grave et préoccupante»

Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Soumeylou Boubeye Maiga, arrivé hier à Alger porteur d’un message du président Amadou Toumani au président Bouteflika, est venu dans un seul but : arracher des hauts responsables algériens une promesse de coopération militaire et sécuritaire accrue afin de mater AQMI qui est sur le point de prendre le contrôle absolu de Tombouctou.

L’émissaire du président malien a été reçu en début d’après-midi par le président Bouteflika. L’audience s’est déroulée à Djenane El-Mufti en présence du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel.
Les Maliens sont venus solliciter auprès des Algériens un soutien ferme et un engagement franc pour soutenir l’armée malienne dans sa lutte contre le terrorisme et le narcotrafic dans le nord du Mali. Juste après sa rencontre avec le ministre des AE, Mourad Medelci, Maiga a donné le ton de sa visite. Il avait estimé, à cet égard, que la situation sécuritaire dans la région du Sahel «demeure grave et préoccupante et nécessite que nous conjuguions encore plus nos efforts pour pouvoir trouver les réponses les plus adéquates à cette situation».
Le message du président malien, au président Bouteflika, contient, selon lui, une «analyse de la situation régionale (et comment nous voyons) l’évolution et le renforcement de nos relations bilatérales dans un contexte extrêmement perturbé où toutes les menaces auxquelles nous étions confrontés se retrouvent amplifiées».
Maiga a souligné, dans ce contexte, que sa visite à Alger s’inscrivait dans l’objectif d’»instaurer une sécurité immédiate dans la région mais aussi une stabilité plus globale et plus durable».
Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et l’envoyé spécial du président malien, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Maiga, ont coprésidé hier matin une réunion qui s’est déroulée à la résidence d’Etat de Djenane El-Mithak en présence du ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, et des membres des délégations des deux pays.
L’Algérie n’est pas le seul pays à avoir sollicité son voisin sahélien depuis que le Mali a décidé de rompre définitivement avec l’ancienne puissance coloniale. Les Etats-Unis d’Amérique ont également été sollicités au même titre que l’Algérie. Bamako a reçu vendredi dernier la visite du général Carter William E. Ward, chef du commandement africain des forces armées américaines (Africacom). Ce dernier a déclaré que son pays s’engage à soutenir l’armée malienne dans la lutte contre le terrorisme et le narcotrafic dans le nord du Mali.
Le général William E. Ward a affirmé cet engagement au cours d’une séance de travail avec le ministre malien de la Défense, Natié Pléa, et d’une réunion avec le chef d’état-major général des armées du Mali, et tous les chefs d’état-major et directeurs de services centraux des forces armées et de sécurité du Mali.
Le Mali est confronté au terrorisme et au trafic de drogue dans sa partie saharienne, principalement à Tombouctou où des éléments d’Al-Qaïda au Maghreb (AQMI) trouvent refuge après des prises d’otages en territoire malien ou dans les pays voisins (Mauritanie, Niger). Un trafic important de drogue à destination de l’Europe se déroule également dans le septentrion malien. Ainsi, AQMI, qui est par ailleurs de connivence avec des réseaux de narcotrafiquants, deviendrait le premier pourvoyeur d’emplois et renforcerait son ancrage au sein des populations locales.
La meilleure réponse à cette stratégie d’AQMI, c’est d’occuper le terrain. Le ministre Maiga a expliqué la nécessité pour le Mali et les autres pays partageant la bande sahélo-saharienne d’être non seulement présents sur le terrain, mais aussi de coopérer dans le cadre d’une lutte commune.
Mahmoud Tadjer
Le Jeune Indépendant, 28/04/2011

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