Dans son rapport, qui vient d’être rendu public, sur la situation au Maroc et au Sahara Occidental durant l’année 2010, l’organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International a dénoncé la forte répression exercée par les forces d’occupation marocaines au Sahara Occidental. « La liberté d’expression, d’association et de réunion était toujours restreinte, tout particulièrement à propos de questions considérées comme politiquement sensibles, et notamment le statut du Sahara Occidental. Cette année encore, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des membres du groupe politique interdit, Justice et bienfaisance, ainsi que des militants sahraouis ont été harcelés et poursuivis pour des motifs politiques.
Plusieurs dizaines de personnes soupçonnées d’infractions liées à la sécurité ont été emprisonnées ; certaines, maintenues au secret, auraient été torturées ou maltraitées. Des affrontements ont éclaté lorsque les forces de sécurité ont fait évacuer par la force des milliers de Sahraouis d’un campement dressé à titre de protestation. Plusieurs personnes ont été tuées et d’autres ont été blessées. Les arrestations et les expulsions collectives d’étrangers se sont poursuivies. Des condamnations à mort ont été prononcées ; aucune exécution n’a eu lieu. Aucune mesure n’a été prise pour traduire en justice les auteurs de violations flagrantes des droits humains commises dans le passé. Les réformes du cadre juridique et institutionnel promises de longue date tardaient à être mises en oeuvre », indique le rapport d’Amnesty.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé en avril le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), qui ne prévoyait aucun mécanisme de surveillance de la situation des droits humains ». AI rappelle qu’ « En octobre également, des milliers de Sahraouis ont dressé un campement à Gdim Izik, à quelques kilomètres d’El Ayoun , pour protester contre la marginalisation dont ils se disaient victimes et l’absence d’emplois et de logements. Les forces de sécurité ont démantelé ce campement le 8 novembre. Elles ont évacué par la force plusieurs milliers de Sahraouis, ce qui a provoqué des violences à l’intérieur du campement. De nombreux manifestants ont été frappés et ont vu leurs biens détruits. Des violences entre communautés ont éclaté peu de temps après à El Ayoun, où des personnes ont été blessées et des biens endommagés. Deux cents personnes environ ont été arrêtées ; beaucoup ont été torturées ou maltraitées durant leur détention. Au moins 145 détenus ont été inculpés de trouble de l’ordre public, entre autres infractions ; 20 d’entre eux, des civils, ont comparu devant un tribunal militaire de Rabat, » Amnesty a relevé par ailleurs que les autorités marocaines « continuaient de restreindre l’exercice pacifique de la liberté d’expression, d’association et de réunion des Sahraouis partisans de l’autodétermination du Sahara Occidental.
Des défenseurs des droits humains et des militants sahraouis ont été harcelés et placés sous étroite surveillance par des membres des forces de sécurité ; certains ont été inculpés pour des motifs politiques. Les organisations sahraouies de défense des droits humains étaient toujours confrontées à des obstacles administratifs qui empêchaient leur reconnaissance légale. » Elle rappelle que Ahmed Alansari, Brahim Dahane et Ali Salem Tamek sont « toujours maintenus en détention et que quatre autres militants sahraouis arrêtés en même temps qu’eux en octobre 2009 ont été remis en liberté dans l’attente de leur procès ». Les sept hommes, appréhendés à leur retour d’Algérie où ils s’étaient rendus dans les camps sahraouis, avaient été inculpés d’« atteinte à la sécurité intérieure » du Maroc.
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