L’amateurisme de la propagande du makhzen

Après avoir lancé une vaste campagne de diabolisation du mouvement, le Makhzen se dote aujourd’hui d’outils de propagande les plus insidieux et trouve écho auprès de la presse écrite et pas des moindres.

Tandis que la MAP publiait dimanche à 15 heures un article concernant une manifestation pro-gouvernement devant le parlement, se déroulait à Casablanca une violente répression à l’encontre des manifestants dans le quartier de Sbata alors même que des manifestations pro-gouvernement ont eu lieu sans être interdites. Le quotidien gratuit Aufait en a fait un article intitulé « Les limites du mouvement du 20 février » et a utilisé pour photo d’illustration une image d’une pancarte accrochée sur un mur censée émaner des résidents.

Comparons les deux images illustrant l’article de la MAP et celui d’Aufait :

La ressemblance entre les pancartes est flagrante : Même message, mêmes couleurs (rouge et noir), même typographie, et même dimension…

Attardons-nous désormais sur la Une du quotidien « L’Economiste » de 31 mai 2011. Rappelons que ce quotidien qui se voudrait « sérieux et indépendant » a pour sujet récurrent la corruption, le népotisme, la prévarication et le clientélisme qui rongent l’économie marocaine, soit une bonne partie des revendications du mouvement. Bien que ces sujets soient souvent traités en adoptant la langue du politiquement correct, il n’en demeure pas moins que pour la rédaction le Maroc a beaucoup de chemin à faire en la matière.
L’Economiste titre sa Une d’un décevant « Marches, grèves, sit-ins, Ras-le-bol !! » et illustre ce titre d’un photo-montage reprenant lui aussi l’image de ladite pancarte.

Il n’y a aucun doute possible concernant l’origine de ces pancartes, mais quel est le but de cette manipulation ? Cette supercherie veut-elle signifier que le Makhzen met tout en œuvre pour jeter le discrédit sur un mouvement de contestations pacifique et pro-démocratique?
Les coups de matraques, la répression, les insultes, les menaces de mort, la manipulation de l’image, et la tentative de marginaliser les jeunes du 20 février en attirant sur eux l’opprobre de leurs concitoyens est-elle la meilleure réponse du gouvernement à la situation ?
Que penser des premières semaines du mouvement où le Makhzen semblait accueillir les contestations avec souplesse? Cette complaisance était-elle destinée à la presse étrangère et aux hautes instances internationales aujourd’hui trop occupées à couvrir la Syrie et la Lybie?
Rappelons que les organisateurs du mouvement avaient pourtant annoncés que leurs marches pacifiques dureraient jusqu’aux réformes effectives pour maintenir une pression saine et avaient signifié que non seulement ces réformes sont nécessaires mais que celles annoncées sont insuffisantes.
Mamfakinch, 31/05/2011

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