Le ministère des AE répond à l’ambassadeur du Maroc à Genève

Dans sa relation avec l’Algérie, le Maroc a deux visages. Rabat se montre conciliant et positif lorsqu’il parle de la réouverture de la frontière terrestre fermée depuis 1994. Ses diplomates attaquent et tentent de dénigrer l’Algérie lorsqu’il s’agit du conflit au Sahara occidental.

Malgré le climat de détente qui règne entre les deux pays ces derniers mois, les responsables marocains envoient des flèches et attaquent leur voisin de l’est. Illustration de cette stratégie, la charge brutale menée contre l’Algérie, mercredi 15 juin, par l’ambassadeur du Maroc à Genève, Omar Hilale. « Alors que le monde arabe connaît des bouleversements profonds, la diplomatie algérienne persiste à vivre hors du ton des mutations en cours et du temps des réformes qui bourgeonnent dans son voisinage immédiat et lointain ». Il répondait ainsi à l’ambassadeur algérien qui a dénoncé la détérioration de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental.

Contacté ce vendredi 17 juin par TSA, un responsable au ministère des Affaires étrangères a réagi aux déclarations du diplomate marocain. « Tout d’abord, permettez‑moi d’apporter deux précisions importantes : premièrement, comme nous l’avions démontré par le passé, nous ne tomberons pas dans le piège grossier de la « bilatéralisation » de la question du Sahara occidental car il s’agit d’une question de décolonisation contrariée, qui suivra, imperturbablement, son cours au sein du système des Nations unies. Deuxièmement, nous ne tomberons pas, non plus, dans les rets de la surenchère oiseuse et de l’escalade gratuite ».

Le Maroc cherche en effet à établir un lien entre le dossier du Sahara occidental et sa relation conflictuelle avec l’Algérie. Rabat accuse périodiquement Alger d’avoir créé et alimenté le conflit au Sahara occidental. Le responsable du MAE a également répondu à l’ambassadeur du Maroc à Genève sur le sujet des réformes de la diplomatie algérienne en affirmant : « la diplomatie algérienne est en phase avec les défis et les impératifs de l’heure bien loin des verbiages creux et des péroraisons ineptes faites du haut des tribunes onusiennes. En Algérie, les concepts de mutations et de reformes ne se conjuguent pas, cyniquement, avec le reniement ! N’en déplaise donc aux sophistes et aux hâbleurs patentés, notre diplomatie ne sera jamais la diplomatie des porteurs de pancartes ni celle des porte‑flingues recrutés dans le cadre de contrats de prestation de services ». Le même responsable rappelle que l’Algérie a soutenu et continuera de soutenir le droit à l’autodétermination des peuples. La diplomatie algérienne « restera fidèle à ses principes immuables notamment en ce qui concerne le droit imprescriptible des peuples à l’autodétermination tel que consacré par la légalité internationale », a‑t‑il dit.

La détente dans les relations algéro‑marocaines semble avoir fait long feu. Après une accalmie de plusieurs mois, les responsables marocains ont repris leurs attaques contre l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental. De leur côté, des responsables algériens, notamment le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ne semblent pas encore prêts à faire la paix avec le Maroc. Évoquée comme imminente, la perspective de la réouverture de la frontière terrestre s’éloigne à nouveau.
TSA-Algérie, 17/06/2011

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