A chacun son sort

A l’inverse de la guerre entre nordistes et sudistes américains qui procurait union et puissance aux Etats-Unis, la guerre des nordistes et sudistes au Soudan a consacré le démembrement du plus grand pays d’Afrique. Un démembrement mal ressenti par les Algériens, unionistes par excellence. Le Sud-Soudan a officiellement proclamé hier son indépendance, fidèlement aux résultats d’un référendum sanctionnant deux décennies de violences. 
 
Avant-hier, à Juba, le président sahraoui Mohamed Abdelaziz considérait que la réussite du référendum au Sud-Soudan était «une victoire» du principe de l’autodétermination, soulignant que c’était là «un principe universel sacré». Le leader sahraoui rappelait fatalement que son pays est toujours colonisé, que son peuple, lui, n’a pas encore exercé son droit à l’autodétermination, parce que Mohammed VI se montre moins démocrate qu’Omar El-Bachir et ne veut entendre parler, à l’instar de feu Hassan II, que de «référendum confirmatif». Mais si le terrain dit et redit que le roi voisin et la démocratie font deux, les capitales «bienfaitrices» s’acharnent à nous persuader, y compris l’opinion marocaine, du contraire. 
 
Toutes les résolutions adoptées par l’organisation continentale africaine et l’ONU sur le Sahara occidental prévoient sans exception l’autodétermination du peuple sahraoui. Les capitales bienfaitrices, Paris en tête, ne veulent rien savoir : pas de référendum, car, disent-elles, le roi pourrait être déstabilisé si jamais l’option de l’indépendance l’emportait. Une autre gargantuesque fausseté dementie par l’aisance du royaume face aux récentes bourrasques du printemps arabe. 
 
Contrairement au Soudan, l’Occident bloque tout au Sahara occidental, territoire classé zone non autonome où il semble s’accommoder fort bien d’un statu quo vieux de 36 ans. Pourtant, le cas du Sahara occidental était plus facile à traiter sur le tapis vert que celui du Sud-Soudan, qui lui était tranché par la fameuse résolution 1514 adoptée en décembre 1960 par les Nations unies. La résolution consacrait le droit des pays et peuples colonisés à l’autodétermination et à l’indépendance. Pour Paris, le Sahara occidental est juste bon pour l’autonomie ; légitimer les CNT, c’est plus rentable y compris pour Israël. Juba, Benghazi ou El-Ayoun, n’est-ce pas finalement le même combat ?
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 10/07/2011

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