Experts : "Le conflit ne déstabilisera pas l’Algérie"

Les experts débattent de la menace de la situation en Libye

Par Massinissa Benlakehal

La gravité de la situation en Libye et ses répercussions sur les pays de zone Sahélo-sahielienne, a été le thème d’une rencontre débat sur « le danger de la menace terroriste à la lumière de la situation en Libye », qui s’est tenue samedi à Alger. Les intervenants, issus de différentes sphères, ont concédé à dire tout le danger que représente la situation qu’a engendré le conflit libyen sur l’ensemble des pays voisins mais aussi sur la rive méditerranéenne. Parmi l’un des dangers imminents évoqués, celui de la menace terroriste, qui ont-ils soutenu, « a pris des allures laissant craindre le pire ». L’intervention militaire menée par les pays membres de l’OTAN, qui sous couverture d’aspect humanitaire, en cache bien des intentions expansionnistes d’ordre purement économiques. Ces intentions, ont-ils expliqué, s’expliquent par le besoin de certaines forces occidentales, à l’image de la France et de la Grande Bretagne, d’ouvrir un nouveau marché visant à contenir leur investissements, alors qua crise mondiale de ces dernières années ne les a pas épargné. Et pour preuve en est, les cas de l’Afghanistan et de l’Irak. Les conséquences d’une telle mesure n’en sont, malheureusement, pas des moindres pour les populations des pays de la région, a-t-on affirmé.

Sur la question du terrorisme en soi, Mme Saida Benhabyles, présidente de la Fédération internationale des associations des victimes du terrorisme a tenu à rappeler aux participants de cette rencontre, l’expérience algérienne en la matière. Elle dira à ce propos que « l’Algérie, le peuple algérien et la société civile algérienne qui est née dans la douleur, sont conscients des conséquences dramatiques de ce danger », car, a-t-elle ajouté, « ils ont payé un lourd tribut dans leur combat contre le terrorisme ». Selon elle, la politique de « deux poids deux mesures » menée par l’Occident, les Nations unies et l’OTAN dans le règlement des conflits sévissant dans le monde, actuellement, « nous interpellent ». De plus, a-t-elle dit, le retour des puissances occidentales aux liaisons « dangereuses » avec des djihadistes et des extrémistes islamistes, est incompréhensible. « Pourtant ils ont en eu à faire avec les mouvements terroristes depuis le 11 septembre 2001 et en savent à quoi s’attendre », a-t-elle relevé. Selon Mme Benhabyles, le désir des population du monde, notamment africaines, se résume à « des projets de développement et non à des projets de guerre ». D’autant plus, s’est-elle interrogée, « pourquoi le peuple palestinien et le peuple sahraoui (peuple du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc, ndlr), qui revendiquent leur droit à l’indépendance, ne bénéficient-ils pas de cette volonté affichée par ces grandes puissances de protéger les populations civiles ? ». Et à Mme Benhabyles de poursuivre : « est-ce que ces populations civiles ne méritent pas d’être soutenues et protégées car ce sont des causes perdues pour ces décideurs occidentaux parce que leur territoire n’est pas riche en ressources énergétique comme l’Irak et la Libye? »

Pour sa part, M. Eric Denécé, Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, l’inquiétude demeure à en juger par la situation actuelle sur le territoire libyen. Le terrain est propice et les moyens et conditions sont réunis pour permettre au terrorisme, dans la région, de se développer durant les prochaines années, a-t-il reconnu. « La Libye qui se trouve être en déstructuration constitue un facteur énorme de propagation du terrorisme dans la zone sahélo-sahélienne », a-t-il affirmé. Et pour cause, a-t-il relevé, « nous faisons face à des zones dites noires en Libye où des islamistes extrémistes et radicaux sont présents et profitent de ce désordre ».

A la question de connaître l’impact que peut avoir la révolution libyenne sur l’Algérie, M. Yves Bonnet, préfet honoraire et ancien patron de la Direction de la surveillance du territoire en France (DST), s’est voulu rassurant. Et il évoque pour raisons, l’expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste. M. Bonnet qui est également, le fondateur du Centre International de Recherches et d’Études sur le Terrorisme (CIRET-AVT), fera remarquer que « la situation n’est pas de nature à déstabiliser l’Algérie, qui a su, dans le passé, faire face au terrorisme de l’intérieur », avant de rappeler qu’« elle (l’Algérie) a fait preuve de sa maturité en la matière ».

 
L’Info au jour le jour!, 18/09/2011 

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