Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario aux Nations unies, a affirmé, jeudi devant la Commission de décolonisation onusienne, que, sans un appui résolu de l’ONU à la question du Sahara occidental, l’option pacifique ne pouvait plus durer après 35 ans d’attente vaine d’un référendum pour l’autodétermination. «Un cas honteux pour la conscience universelle», disait le diplomate sahraoui, lorsqu’il comparait la tiédeur observée dans le cas du Sahara occidental à la fermeté en faveur de l’indépendance du Sud-Soudan, du Timor-Est et le franc appui aux «printemps arabes».
Ahmed Boukhari ne cesse de se plaindre, depuis sa tendre jeunesse, du manque de fermeté, pour ne pas dire de l’indifférence qui caractérise les décideurs de l’ONU vis-à-vis de la cause de son peuple. Aujourd’hui, il doit être au bas mot sexagénaire, et rien ne vient dire que la «communauté internationale» «aéroporte» un référendum au Sahara occidental avec la même facilité qu’elle a aéroporté un CNT en Libye pour le révolutionner et mettre une fin durable à la stabilité qui le distinguait dans la région.
Au «machin», la surdité reste à la mode ! On a l’impression que là-bas les malheureux Sahraouis parlent à des durs… d’oreille. Des gens qui, peut-être n’entendent pas, mais qui peuvent marcher et même trotter… au doigt et à l’œil. Qu’un peuple souffre parce qu’ils n’ont pas le courage de dire «non» aux superdictateurs, ou parce qu’ils raffolent des miettes que procurent les silences coupables, ils n’en ont cure et ne s’en ressentent pas ; leur conscience les renie.
Boukhari n’a pas manqué de relever que la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) était la seule force onusienne qui n’est pas dotée de mécanismes pour la surveillance des droits humains. Sans préciser cependant que c’est la France qui, au Conseil de sécurité, s’opposait à l’élargissement des prérogatives de la MINURSO pour lui permettre de protéger les populations autochtones de la répression marocaine. Avant-hier, la Commission d’enquête de l’UA sur le Sahara occidental mettait en garde, elle aussi, contre le statu quo et les subterfuges du Maroc pour contourner la solution référendaire. Ce qui débouchera fatalement sur une reprise de la guerre, prévient la Commission.
M. Z.
mohamed_zaaf@yahoo.fr
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