La commission a adopté par ailleurs le 22 septembre dernier, une seule recommandation portant sur une dépense de 500 000 dollars seulement parmi une enveloppe globale prévue de 9 millions de dollars, destinée à soutenir le programme d’aide américaine à l’armée du Maroc. Les membres du Congrès ont exigé, néanmoins, que ces dépenses doivent être exhaustivement justifiées par le Département d’Etat dans un rapport qui mette l’accent sur d’éventuelles mesures prises par le Maroc pour parfaire le respect des personnes dans la liberté d’expression des opinions touchant le Sahara occidental et son devenir. Les congressistes ont également exigé que cette première partie des dépenses permette un meilleur accès aux ONG et aux journalistes à tout le territoire du Sahara occidental.
La commission des Affaires étrangères du Congrès américain a souligné que ces exigences américaines sont les mêmes depuis 2006 et que Rabat n’a toujours pas été en mesure de les satisfaire, bien que, toujours selon la même source, le Maroc soit toujours parvenu à consommer les milliers de dollars en aides américaines qui lui sont parvenus.
En réaction, plusieurs publications marocaines ont demandé à leur gouvernement de revoir la politique de lobbying menée par Rabat auprès du Congrès américain. Des voix se sont élevées, en effet, à l’image de celle du périodique indépendant Al Ousbou Assahafi, selon lequel cette politique a consommé des millions de dollars sans donner des résultats positifs dans le domaine de la prise de décision à Washington et notamment au niveau du Congrès américain. Dans un éditorial, cet hebdomadaire a demandé la fin du gaspillage de l’argent des contribuables marocains, après le constat de l’échec des lobbys pro-marocains à faire basculer les Etats-Unis du côté du Maroc et de son projet d’autonomie du Sahara occidental. Ce qui irrite les voix qui remettent en cause le lobbying marocain à Washington, c’est que la commission des Affaires étrangères du Congrès a conditionné son soutien à Rabat par l’affirmation de pas évidents en matière de démocratie et de droits de l’homme, prônant «le respect du droit à la libre expression des personnes vivant sur le territoire marocain de leurs opinions au sujet du Sahara occidental ainsi que tout ce qui touche à l’avenir de ce dossier». La même commission a demandé également au Maroc de permettre le libre accès vers le Sahara occidental des ONG, des organisations des droits de l’homme et des médias
Le travail de lobbying financé par Rabat se concentre, depuis quelques temps, sur Edward M. Gabriel, ancien ambassadeur américain à Rabat et chargé de défendre l’approche marocaine concernant le conflit autour du Sahara occidental.
Selon le quotidien arabophone publié à Londres, Al Quds Al Arabi, l’ambassade marocaine à Washington verserait quelque 200 000 dollars par an à cette organisation, dont le chef de file, Edward M. Gabriel vient de publier un article dans une revue parlementaire afin de défendre son bilan, alors que certaines parties marocaines lui ont publiquement reproché de limiter son «lobbying» justement à la publication de trois ou quatre articles de presse par an, parfois dans des publications sans audience aux Etats-Unis et sans impact sur le microcosme politique à Washington. Dans un site Internet marocain, des extraits du contrat conclu avec le diplomate américain, contresigné par l’ambassadeur marocain en poste à Washington, ont été publiés. De son côté, le journal Attajdid, proche du parti islamiste d’opposition PJD, a parlé de 9 organisations de lobbying pro-marocain qui auraient, selon cette source, complètement échoué dans leur mission. Ces organisations, rappelle le journal, devaient faire campagne pour promouvoir la solution de l’autonomie du Sahara occidental et donner l’image la plus dramatique qui soit sur la situation des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf.
A Rabat, ce vendredi, un responsable marocain, Ahmed Harezni, ancien membre du Conseil consultatif des droits de l’homme, est monté au créneau et a prévenu contre «les ingérences étrangères» dans le sillage du printemps arabe et assuré que son pays était «immunisé contre les révoltes arabes».
Par Nabil Benali
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