Que ce soit lors du colloque international sur l’amazighité qui s’est tenu récemment à Rabat, qui avait consacré la reconnaissance de Ferhat Mehenni par les participants, dans un geste éminemment politique adressée outrageusement à Alger, ou par le biais des nouveaux prospectus collés sur les médicaments et écrits en langue amazighe au Maroc, ou encore, et de manière plus dangereuse, lors du largage d’armes opéré par Paris sur le djebel Nefoussa, dans l’Ouest libyen, à quasi-dominance berbère, tous les signes étaient étalés, là, devant nos yeux, pour indiquer, d’abord, une complémentarité entre Rabat et Paris, et, ensuite, un plan de déstabilisation visant dans une large mesure l’Algérie. La veille du 15 juillet dernier, et pour donner un aspect pédagogique, voire scientifique au colloque sur l’amazighité, Rabat annonçait avec un fort accent choisi dans la docte terminologie lettrée, où se sentait la pédanterie la plus exécrable, que dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation en matière d’archives, d’histoire et de mémoire, le Conseil national des droits de l’Homme, la ville d’Al-Hoceïma et le Conseil régional Taza-Taouanate-Al- Hoceïma organisaient, sous le haut patronage du roi Mohamed VI, un Colloque international sur le thème: «Patrimoine culturel du Rif: quelle muséographie ?», à Al- Hoceïma, au nord du Maroc, les 15 et 16 juillet 2011. Un colloque qui ne disait même pas son nom, car il était centré sur la question de l’amazighité au Maghreb. Mais au finish, les participants quittaient le colloque avec des recommandations plus politiques que scientifiques, condamnant l’Algérie au passage, pour ses positions vis-à-vis de l’amazighité, et reconnaissant Ferhat Mehenni, renié même chez lui à Tizi Ouzou, comme un représentant da la culture tamazight au Maghreb. Dans les mêmes moments, Sarkozy jetait des armes aux rebelles libyens au djebel Neffoussa. Le choix de la région était soigneusement ciblé : alors que la rébellion avait conquis l’Est du pays, Paris jetait les armes –qui ne sont jamais arrivés entre les mains des rebelles, selon un article récent du New York Times-, à l’Ouest, chez les berbères Neffoussa. Le djebel Nefoussa, est situé dans le nord-ouest de la Libye, à proximité de la Tunisie, et peuplé de berbérophones «Infusen», de religion ibadite, et qui sont, au plan ethnologique, plus proches de l’Algérie que de la Tunisie et la Libye. Habitants d’un pays très majoritairement arabophone et sunnite, les Infusen parlent un dialecte berbère et sont d’obédience ibadite, comme leurs cousins de Ghardaïa, dans le Sud de l’Algérie. L’écrivain et journaliste français Gilles Munier, connu pour son soutien à la résistance irakienne et à la politique arabe héritée du général de Gaulle, et qui revient de Libye, observait récemment : «Les Occidentaux s’attaquent actuellement aux régimes qui ont toujours contesté leur suprématie, comme la Libye et la Syrie. Demain, ils s’en prendront peut-être à l’Algérie. Les livraisons d’armes aux rebelles berbères du Djebel Nefoussa, en Libye, n’ont pas seulement pour objectif secondaire de couper la route Tripoli-Djerba au niveau du port de Zaoura – peuplé en grande partie de Berbères – elles sont aussi un message envoyé à Alger. L’Algérie n’est pas à l’abri des menées déstabilisatrices occidentales, coordonnées ou non avec Israël. Du temps du Président Boumediene, Giscard d’Estaing a livré des armes à des activistes en Kabylie. Cela pourrait bien se reproduire» …
O.M.
Le Courrier d’Algérie, 07/08/2011
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