A une époque des plus cruciales pour l’ensemble des pays de la planète qui font face à des bouleversements sans précédent, chacun tente par tous les moyens de sauvegarder une vie digne pour ses citoyens et pour cela, chacun y va de sa stratégie de trouver moyens et solutions pour éviter a sa population d’être happée par les crises multidimensionnelles qui frappent de plein fouet, même les pays les plus développés. C’est dire qu’il faut toute la concentration et la volonté des gouvernants et leurs classes, politique et économique pour échapper à la descente aux enfers.
Si tel est le cas pour bon nombre de pays, il en est d’autres, qui oublient totalement leur propre citoyens, pour user d’une autre politique, celle de chercher des problèmes à des pays voisins, au lieu de se pencher sur leurs propres soucis. C’est le cas bien connu, du Maroc, qui vit en cette période les pires moments, notamment avec des scandales à répétition, suivis de revers diplomatiques a tous les niveaux notamment à l’international avec en prime, une ébullition interne qui frappe tous les secteurs, avec en dernier lieu, les tribunaux marocains qui sont à l’arrêt depuis une semaine en raison d’une grève générale des avocats qui dénoncent la situation désastreuse dans laquelle ils évoluent et la campagne de ciblage sans précédent visant la corporation.
Secoué par des scandales et revers diplomatiques sur le plan international et une crise socio-économique majeure sur le plan interne, le Maroc ne fait que récolter les fruits de ses politiques basées sur la tromperie, la déloyauté et la fuite en avant. Le licenciement, ces derniers jours, de la dénommée Wafa Beraichi, cheffe d’unité administrative à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), pour connivence avec les services de renseignements marocains, est un acte gravissime. Un précédent qui pèsera très lourd sur le dos de tous les fonctionnaires du royaume qui travaillent au sein des institutions internationales.
Wafa Beraichi a fait l’objet de procédures disciplinaires internes pour un acte d’espionnage en relation avec l’affaire Pegasus. Ce scandale intervient au moment où la commission d’enquête européenne sur le logiciel espion demande un moratoire immédiat sur l’utilisation de ce genre de programmes. La demande fait suite au rapport intermédiaire du Parlement européen qui a fait de nouvelles révélations sur des noms de victimes de cette opération d’espionnage à l’instar de Pedro Sanchez, le chef du gouvernement espagnol et ses ministres de la Défense et de l’Intérieur.
Sur le dossier du Sahara occidental, le Maroc, qui croyait avoir conclu le deal du siècle en se référant à un message écrit par l’ex-président américain Donald Trump, sur un réseau social, se réveille par la force des évènements, avec la gueule de bois de celui qui a pris ses désirs pour des réalités. Le Makhzen a cru que cette position suffisait à astreindre les Etats occidentaux et institutions internationales à emboîter le pas à Donald Trump. Mais les voies de la diplomatie sont trop sérieuses pour se satisfaire d’un simple message d’humeur sur un réseau social, et le Maroc l’apprendra à ses dépens.
Sur ce même dossier, le 9 novembre, les représentants de plusieurs pays au Conseil des droits de l’Hommes de l’ONU, dont l’Afrique du Sud, le Luxembourg, la Norvège, le Timor oriental et l’Irlande, ont dénoncé l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc lors de l’Examen périodique universel de ce pays. Ces représentants ont appelé à l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire non-autonome tout en interpellant le Maroc sur la nécessité de « faciliter en urgence l’accès du Haut-commissariat aux droits de l’Homme au Sahara occidental et à respecter les droits humains des Sahraouis, y compris leur droit à l’autodétermination ».
A Genève toujours, une coalition d’avocats et d’ONG vient de déposer six nouvelles plaintes contre le Maroc devant le Comité contre la torture des Nations unies dans lesquelles elle exige notamment la libération de tous les prisonniers sahraouis condamnés sur la base d’aveux obtenus sous la torture. Par ailleurs, des parlementaires autrichiens ont appelé la Commission européenne et le Conseil de l’Europe à respecter les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne qui jugent nul et non avenu tout accord économique ou commercial entre le Bloc européen et le Maroc incluant le Sahara occidental.
Même au niveau continental, le Maroc a reçu une gifle de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples qui a rendu au mois de septembre un arrêt dans lequel tous les Etats membres de l’Union africaine (UA) sont appelés à trouver une solution permanente à l’occupation marocaine du Sahara occidental et assurer la jouissance du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Acculé sur la scène internationale, le Makhzen subit les affres d’une ébullition interne induite par une crise socio-économique aiguë. Ainsi, la Confédération démocratique du travail a organisé dimanche des manifestations dans plusieurs régions du royaume avec pour mot d’ordre : « Une journée de colère de la Confédération contre le gouvernement Akhannouch ». Par cette action, le syndicat dénonce, comme le note son communiqué, l’inaction du gouvernement marocain face à la montée des prix et à la détérioration du pouvoir d’achat de larges couches de la société.
Dans le secteur de l’éducation, la situation est encore plus compliquée. Face à l’incapacité du Makhzen à prendre en charge les revendications des employés, relatives à l’amélioration des conditions socio-économiques, la Fédération marocaine des fonctionnaires du secteur de l’éducation a décidé de tracer un programme de lutte consistant en l’organisation de plusieurs actions, dont un sit-in devant le siège du ministère de l’Education, ainsi que des rassemblements devant les académies régionales le 29 novembre à travers le pays.
DRAME MIGRATOIRE DE NADOR-MELILLA : LE PARLEMENT EUROPEEN EXIGE UNE ENQUETE INDEPENDANTE
Des eurodéputés de tous les groupes politiques de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen, ont exigé, jeudi, une « enquête rapide et indépendante » sur le drame migratoire de Nador-Melilla en juin dernier, quand au moins 23 migrants subsahariens ont été sauvagement tués par la police marocaine.
Selon la socialiste portugaise Isabel Santos, ce qui s’est passé le 24 juin dernier exige « une enquête indépendante et rapide », relevant que « les responsabilités doivent être situées de part et d’autre et que les choses doivent être tirées au clair ». Pour sa part, la socialiste allemande, Birgit Sippel, a affirmé dans son intervention qu »il est temps de faire pression sur le Parquet espagnol et les médiateurs pour qu’il y ait des enquêtes impartiales en Espagne et au Maroc », dénonçant « les contradictions dans les versions des autorités marocaines et espagnoles sur ce qui s’est passé le 24 juin dernier ».
Dans le même ordre d’idées, l’eurodéputé libérale Sophie In’t Veld a regretté le « très peu d’urgence à enquêter » sur les faits et l’opacité entourant l’enquête que mène le Parquet espagnol. Le socialiste italien, Pietro Bartolo a, quant à lui, indiqué que « ce qui s’est passé le 24 juin dernier est inacceptable ». Dans leurs interventions respectives, ils ont dénoncé une « tragédie sans précédent à la frontière de l’Union européenne » et critiqué la passivité des autorités espagnoles face à une situation de « violences démesurées ».
Sur le plan économique, les autorités britanniques ont boycotté une conférence marocaine sur la promotion des investissements au Sahara occidental tenue récemment à Londres et dont l’objectif était de faire la promotion des investissements internationaux au Sahara occidental occupé, où Rabat revendique une prétendue souveraineté territoriale sur les produits et ressources naturelles.
Animée par des officiels marocains parmi lesquels le ministre chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, la conférence a vu la participation d’à peine 30 personnes, dont la grande majorité était marocaine.
Le boycott de cette rencontre par les autorités britanniques constitue un énième camouflet pour le Maroc qui ne cesse de détourner l’objet de ses conférences pour en faire des évènements consacrés au Sahara occidental occupé et de mobiliser ses appareils médiatique et diplomatique pour faire de la propagande destinée à maquiller une réalité implacable sur le statut juridique des territoires sahraouis.
Marocgate
La chaîne de télévision franco-allemande de service public, Arte, vient de diffuser un reportage sur le scandale de corruption au Parlement européen qui « jette le soupçon sur tous ceux qui travaillent avec le Maroc », enfonçant davantage le Makhzen.
Suite au scandale de corruption qui éclabousse le Parlement européen depuis décembre dernier, le média franco-allemand a diffusé un reportage intitulé « Marocgate : à quoi joue le Maroc ? » dans lequel il remet en question certaines décisions prises par l’Union européenne (UE), comme dans l’affaire Pegasus, les accords de pêche avec le Maroc ou encore concernant le respect des droits humains dans le royaume.
« Comment expliquer par exemple que l’affaire Pegasus ait été étouffée malgré le scandale ? », s’interroge Arte. « L’affaire Pegasus, c’est l’usage excessif par les autorités marocaines d’un logiciel d’espionnage vendu par (l’entité sioniste) a très peu d’Etats, le Maroc en a bénéficié et la justice a parlé de 100.000 personnalités qui ont été espionnées dont bien sûr des personnalités européennes, des parlementaires et des ministres », assure le directeur du Centre d’étude sur le monde arabe à Genève, Hasni Abidi.
« Evidement, toutes les chancelleries occidentales ont tout fait pour étouffer cette affaire et certains parlementaires proches des autorités marocaines ont aussi tout fait pour que le Parlement européen ne condamne pas les pratiques marocaines en termes d’espionnage », a-t-il ajouté.
Concernant les accords de pêche avec le Maroc que le réalisateur du reportage audiovisuel qualifie d’ »affaire embarrassante », Arte se demande pourquoi l’Europe les a signés « alors même qu’ils ne respectent pas la législation internationale et notamment l’autodétermination du Sahara occidental ? ».
« Les discussions étaient assez dures, assez âpres, notamment parce que cet accord inclut le territoire du Sahara occidental, or l’Union européenne s’aligne en principe sur les points de vue internationaux notamment les Nations unies. On sait que dans le cadre de ces négociations, il y a eu un lobbying assez intense pour influencer les membres de ce Parlement », se rappelle Saskia Bricmont, députée européenne du groupe des Verts et membre de la délégation européenne pour les relations avec les pays du Maghreb.
« Avec du recul, l’apparition de ce scandale (Marocgate) et du lien évident avec le Maroc, il est vrai que cette assemblée (le Parlement européen, ndlr) n’a pas adopté avec évidence des résolutions d’urgence qui soient critiques vis-à-vis du Maroc depuis de nombreuses années », a constaté l’eurodéputée.
Pour ce qui est du respect des droits humains au Maroc, sujet « longtemps tabou » dans l’hémicycle européen, reconnaît le réalisateur du reportage, Arte affirme que « le temps de l’impunité (du Maroc) est révolu depuis la mi-janvier, quand les parlementaires européens ont adopté avec une majorité écrasante une résolution condamnant les atteintes à la liberté d’expression au Maroc, en citant notamment le cas d’Omar Radi, un journaliste indépendant critique à l’égard du pourvoir et condamné à six ans de prison ».
Cette condamnation « constitue un tournant dans la pratique du Parlement européen à l’égard du Maroc. Jamais auparavant, le Parlement européen n’a osé franchir ce cap, condamner publiquement et presque avec unanimité le Maroc », constate Hasni Abidi.
Très attristée par le scandale qui a nettement entaché la crédibilité de l’institution européenne, Nathalie Loiseau, députée du groupe Renew et membre de la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb, déclare au début du reportage: « Vous avez une majorité de parlementaires qui font leur travail de manière extrêmement sérieuse et intègre et qui sont comme moi en colère », ajoutant que si les faits sont confirmés au terme de l’enquête actuellement en cours à Bruxelles, « cela portera préjudice à notre volonté de travailler avec le Maroc ».
Pour résumer l’état d’esprit qui règne actuellement au sein de l’hémicycle européen, Arte qualifie l’affaire « Marocgate » d’ »embarrassante ». « L’affaire est embarrassante parce qu’elle éclabousse le Parlement européen et jette le soupçon sur tous ceux qui travaillent avec le Maroc ».