« Un jugement révèle 24 années ininterrompues de surveillance alaouite dirigée depuis le consulat d’Almería

Melchor Sáiz-Pardo (Colpisa)

Encore une fois l’espionnage marocain. Et encore un jugement qui révèle que les services secrets du pays voisin maintiennent une activité frénétique sur le territoire national, surpassée en agressivité selon les responsables de la sécurité de l’État, seulement par l’espionnage russe. La nouveauté est que le verdict révèle maintenant que le pays voisin a déployé en Espagne des agents travaillant ininterrompument pour le renseignement de Rabat, au moins depuis l’accession au trône de Mohamed VI il y a 24 ans.

En juillet 2013, la justice a révélé l’existence d’un complot établi à Grenade et en «étroite relation» avec le consulat marocain à Almería, d’où cette cellule était dirigée, liée également à des agents de la Direction générale de surveillance du territoire à Tétouan.

La Section du contentieux administratif de l’Audience nationale a maintenant confirmé le refus de la nationalité espagnole à un citoyen marocain, après que le Centre national de renseignement (CNI) ait transmis au tribunal un rapport détaillant que le demandeur du passeport était suspect de collaborer avec l’espionnage de Rabat «depuis 1999 jusqu’à aujourd’hui».

La résolution, datée du 9 octobre dernier, souligne que le prétendu espion, dans ses arguments, «ne nie pas» qu’il ait travaillé pour les services secrets du pays voisin pendant près d’un quart de siècle.

Le tribunal de la rue Génova a demandé en janvier dernier un rapport supplémentaire et «confidentiel» au CNI sur la «collaboration avec des services de renseignement étrangers» du Marocain, après que celui-ci ait contesté la décision de novembre 2020 de la Direction générale des registres et notariats, dépendant du ministère de la Justice, de lui refuser la nationalité malgré une décennie de résidence légale en Espagne. Et à la lumière des nouveaux éléments fournis par le CNI, l’Audience nationale confirme la décision de la Justice de lui refuser la citoyenneté espagnole pour des raisons de «sécurité nationale».

Une décennie

Ce jugement qui refuse la nationalité au vétéran espion de Rabat n’est de loin pas le seul récemment connu. Depuis une décennie, le CNI expose dans au moins sept jugements différents les activités des services secrets du pays voisin en Espagne comme moyen d’empêcher que ces agents n’accèdent à la citoyenneté.

Et le Tribunal suprême, à partir de décisions rendues entre 2011 et 2013, a établi une doctrine obligeant le CNI à dévoiler ses cartes (ou du moins une partie d’entre elles). Le haut tribunal a établi que les services secrets ne pouvaient pas invoquer, sans plus, des motifs de «sécurité nationale» pour s’opposer à la concession de la nationalité ou de l’asile, ou pour demander l’expulsion d’un étranger, mais qu’ils devaient fournir «un minimum de données sur les raisons déterminantes de la décision». Ainsi, le CNI, depuis lors, distille petit à petit des informations, brûlant des agents et révélant des opérations d’espionnage marocain.

L’espionnage de Rabat, selon diverses sources, est le principal suspect du vol d’informations avec le logiciel malveillant Pegasus sur les téléphones de Pedro Sánchez, Fernando Grande-Marlaska et Margarita Robles en 2021. Mais Rabat n’utilise pas seulement une technologie de pointe, mais aussi des agents sur le terrain, comme le révèlent les nombreux jugements qui ont constaté que l’espionnage du pays voisin reste immunisé contre les vicissitudes diplomatiques entre les deux pays (que ce soit la crise provoquée par l’accueil du chef du Polisario Brahim Ghali en avril 2021 ou la «réconciliation» de mars 2022 après la reconnaissance de facto par Pedro Sánchez de la souveraineté marocaine sur le Sahara).

Espionnage des Sahraouis

Ainsi, en mai de cette année même, un autre jugement de l’Audience nationale a révélé un réseau d’espionnage marocain contre des citoyens sahraouis en Espagne, suite à un rapport du CNI recommandant de refuser la citoyenneté à un demandeur en raison de «sa collaboration avec les services de renseignement marocains depuis 2010», notamment «en informant sur les domaines du Front Polisario et de la colonie marocaine résidant en Espagne».

En septembre 2022, l’Audience nationale, dans un autre jugement sur la nationalité, a révélé l’existence d’un réseau d’espionnage basé dans les consulats marocains de Séville et Madrid, au moins depuis 2016.

Un autre jugement de l’Audience nationale de janvier 2020 a révélé un réseau qui a opéré entre 2008 et 2016 avec comme base le consulat du Maroc à Las Palmas. Et un jugement de ce même tribunal a découvert une autre trame qui, entre 2002 et 2018, a travaillé sous la couverture d’un prétendu déserteur de l’armée marocaine.

En mars 2015, le CNI a rendu publique la plus grande opération d’espionnage marocaine connue pour obtenir l’expulsion de son chef. Ce groupe, basé à Barcelone et ayant agi depuis 2000 pendant des années, selon les documents officiels, «a élaboré de nombreux rapports périodiques», «a favorisé la diffusion d’idéologies extrémistes religieuses» sur ordre de Rabat et a utilisé «un réseau de collaborateurs et de confidents répartis dans les quatre provinces catalanes pour (…) manipuler les volontés des représentants musulmans en Catalogne». »

https://www.ideal.es/almeria/almeria/espionaje-marroqui-espana-almeria-20231128181658-nt.html

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