« Un ami cher ». Une note révèle les liens entre Panzeri et le Maroc

« Un ami cher ». Une note révèle les liens entre Panzeri et le Maroc

Plus les heures passent, plus l’affaire se corse : Qatargate est destiné à s’étendre. Tant sur le plan politique que géographique. Ces derniers jours, les enquêteurs belges, auteurs de l’enquête qui a conduit l’ancien député européen Antonio Panzeri et son ancien assistant Francesco Giorgi en prison, ont annoncé des tentatives de corruption du Qatar. Aujourd’hui, le tableau géographique semble s’élargir et la piste marocaine de l’enquête devient de plus en plus concrète.

La lettre de 2011

Le lien entre Antonio Panzeri et le Maroc pourrait être confirmé – et nous nous réservons ici le droit d’attendre la ratification des enquêteurs – par une série de documents confidentiels en provenance de Rabat. Ces documents sont révélés par une enquête des journaux belges Le Soir et Scatta, qui reconstitue la relation entre le Parlement européen et le Maroc à partir de documents publiés par un hacker marocain au nom anglo-saxon, Chris Coleman. Depuis au moins 11 ans, Antonio Panzeri avait été choisi par le Maroc pour défendre les intérêts de Rabat au Parlement européen. C’est ce qui ressort d’une correspondance entre le ministre marocain des Affaires étrangères et l’ambassadeur de Rabat auprès de l’Union européenne 2011 et reprise ce matin par La Stampa. La lettre fait référence à une visite d’Antonio Panzeri à Tindouf. Tindouf est la ville algérienne où est basé le gouvernement en exil de la République arabe sahraouie démocratique, également connue sous le nom de Sahara occidental. L’objectif de la visite est important car il s’inscrit dans le cadre des intérêts politiques du Maroc : maintenir le contrôle du Sahara occidental, une région revendiquée par Rabat.

Le message de Panzeri

La préparation de cette visite (et ce serait le fait pertinent) certifie un contact et une organisation étroite entre Panzeri et les autorités marocaines. Quelques jours avant son départ, en effet, une note diplomatique émerge d’octobre 2011 dans laquelle une conversation informelle entre un conseiller de Panzeri et l’ambassadeur marocain auprès de l’UE est portée à l’attention de Rabat. M. Panzeri était alors président de la Commission Maghreb du Parlement européen, et il aurait pu s’agir d’un contact diplomatique normal. Cependant, le message de Panzeri, rapporté par l’un de ses conseillers aux autorités marocaines, semble cacher des arrière-pensées. La visite à Tindouf, lit-on dans le document, est cruciale pour soutenir la crédibilité de Panzeri auprès de l’Algérie et du Polisario, étant donné qu’il a été accusé d’être pro-marocain. Il n’est pas dans l’intérêt du Maroc que Panzeri soit perçu comme tel ». Panzeri, selon son conseiller auprès des autorités marocaines, a pris soin de ne pas mentionner l’autonomie ou de faire des déclarations à cet effet concernant le Sahara Occidental.

Le contenu du « message » de Panzeri, selon le journal turinois, a été largement apprécié par les autorités marocaines : « A première vue, il est rassurant, l’intéressé est très conscient de la délicatesse de sa visite aux camps de Tindouf et s’efforce de ne pas compromettre les contacts avec le Maroc ». Les autorités marocaines semblent approuver « l’ambiguïté constructive » des attitudes de l’ancien député européen et sa vision du maintien de l’axe Rabat-Bruxelles. Dans le même temps, les diplomates de Rabat reconnaissent l’importance stratégique de Panzeri au sein des bureaux de Strasbourg. « Il est difficile de ne pas y discerner une capacité d’inquiétude, car cela montre comment la personne concernée peut être un allié puissant ou un adversaire à craindre ».

Un ami proche du Maroc

Dans une autre note, mais de 2013 (donc deux ans plus tard), Panzeri est à nouveau cité par les autorités marocaines à propos d’une mission diplomatique dans l’UE pour contrer les opposants marocains au Parlement. Comme le rapporte le Corriere della SeraAntonio Panzeri est décrit comme un « ami proche du Maroc » et sa figure est prise comme point de référence pour la mise en œuvre d’un « plan d’action pour le Parlement européen ». L’objectif ultime du plan de Rabat était d’influencer les choix de l’UE par l’organisation de conférences, de visites et de débats.
https://it.italy24.press/nuovo/148089.html