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La décision de jeudi dernier par le Conseil constitutionnel français d’annuler environ un tiers de son projet de loi sur l’immigration est considéré comme une victoire par le président Emmanuel Macron, relève The Guardian.
« Dépourvu d’une majorité parlementaire, M. Macron joue un jeu très risqué du chat et de la souris avec la droite française, alors que les sondages donnent une avance de 10 points à la droite radicale de Marine Le Pen avant les élections européennes de juin », indique le journal britannique dans son éditorial de lundi. « Pour faire adopter le projet de loi à l’Assemblée nationale, où le parti centriste du président dépend des votes de la droite, il a été durci avec une série d’amendements sévères et discriminatoires » qui ont été vues comme une « victoire idéologique » par Marine Le Pen. « Macron semble avoir compté sur les tribunaux pour défendre les valeurs républicaines contre la législation de son propre gouvernement », remarque-t-il.
Politique intelligente – bien que cynique – ou jeu imprudent avec le feu dans un contexte hautement inflammable ?, s’interroge The Guardia. « Comme l’a démontré un sondage très préoccupant publié cette semaine, les enjeux politiques liés à cette question sont inconfortablement élevés. La France est le pays le plus important des neuf pays où les partis d’extrême droite sont en passe de finir premiers aux élections de juin, qui s’annoncent comme les plus importantes depuis des générations. M. Macron a décidé de neutraliser la menace en flirtant avec certaines des thématiques et des tropes qui constituent le terrain naturel de Mme Le Pen », ajoute-t-il.
Selon The Guardian, « lors d’une longue conférence de presse ce mois-ci, il a déclaré qu’il était déterminé à ce que « la France reste la France », reprenant les mots de l’ancien candidat présidentiel d’extrême droite et commentateur télévisé Éric Zemmour. Les partisans potentiels de Mme Le Pen ont été séduits par des références répétées à la nécessité d’une restauration de « l’autorité » et de « l’ordre ». Les idées politiques comprenaient une initiative visant à augmenter le taux de natalité en France, le service national obligatoire pour les jeunes, la possible réintroduction de l’uniforme scolaire et l’enseignement formel de La Marseillaise dans les écoles primaires. L’atmosphère conservatrice sur le plan social s’est accompagnée d’un remaniement du gouvernement, intégrant des personnalités associées au prédécesseur de droite de M. Macron, Nicolas Sarkozy ».
« Cette stratégie comporte deux dangers évidents. Le premier est que la liaison de M. Macron avec une sorte de communautarisme de droite démoralisera une grande partie de son propre parti et désillusionnera les électeurs de gauche au point que le traditionnel « front républicain » contre l’extrême droite s’effondre. Le deuxième est qu’au lieu d’attirer les partisans potentiels de Mme Le Pen vers le centre modéré, il pourrait simplement confirmer son diagnostic des maux de la France et pousser les indécis dans ses bras. Une récente étude sur les attitudes de vote en Europe a conclu que suivre la rhétorique et les préoccupations de l’extrême droite n’est rarement pas une sage décision pour les partis progressistes, car les électeurs ont tendance à préférer l’original à la copie. Les politiques de M. Macron n’appartiennent pas vraiment au centre-gauche depuis un certain temps. Mais la même logique pourrait bien s’appliquer dans son cas.
La présidence de deux ans de M. Macron, qui aspirait à amener la France « au-delà de la gauche et de la droite », culmine au contraire dans une lutte acharnée pour tenir à distance le nationalisme extrême de Mme Le Pen. Une victoire de Mme Le Pen en juin serait un revers. Une répétition lors de l’élection présidentielle de 2027, lorsque M. Macron ne pourra pas se représenter, marquerait un tournant dans l’histoire politique de l’Europe. L’éloignement du président du centre libéral a pour but d’éviter ce résultat. Il risque également de créer la dynamique politique qui le permettra ».
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