Texte intégral du rapport du SG de l’ONU sur le Sahara occidental

VIII. Observations et recommandations

88. Je reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation au Sahara occidental. J’ai fait des évaluations similaires dans mes deux précédents rapports au Conseil de sécurité sur la situation concernant le Sahara occidental (S/2021/843 et S/2022/733), qui indiquent que la détérioration de la situation s’est installée. Il faut remédier de toute urgence à cette situation, notamment pour éviter toute nouvelle escalade. C’est pourquoi j’appelle toutes les parties concernées à œuvrer sans délai pour changer de cap, avec la facilitation de l’ONU et le soutien de la communauté internationale dans son ensemble.

89. La poursuite des hostilités et l’absence de cessez-le-feu entre le Maroc et le Front POLISARIO restent un obstacle majeur à la recherche d’une solution politique à ce différend de longue date. Les incursions quotidiennes dans la bande tampon adjacente au berm et les hostilités entre les parties dans cette zone violent son statut de zone démilitarisée et menacent encore davantage la stabilité de la région, avec un risque réel d’escalade tant que les hostilités perdurent. Les frappes aériennes et les tirs à travers le berme ont continué de contribuer à accroître les tensions. Dans ce contexte, il est essentiel de rétablir un cessez-le-feu.

90. Ce contexte difficile rend la négociation d’une solution politique à la question du Sahara occidental plus urgente que jamais, près de cinquante ans après le début du conflit. À condition que toutes les parties concernées s’engagent de bonne foi et qu’il existe une volonté politique forte et un soutien continu de la communauté internationale, je continue de croire qu’il est possible de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination des pays. peuple du Sahara occidental conformément aux résolutions 2440 (2018), 2468 (2019), 2494 (2019), 2548 (2020), 2602 (2021) et 2654 (2022) du Conseil de sécurité.

91. L’ONU reste disponible pour réunir tous ceux concernés par la question du Sahara occidental dans un effort commun visant à faire progresser la recherche d’une solution pacifique. Je les exhorte à aborder le processus politique avec un esprit ouvert, à renoncer aux conditions préalables et à saisir l’opportunité offerte par la facilitation et les efforts de mon Envoyé personnel. En guidant les approches actuelles et futures, il convient de tenir dûment compte des précédents établis par mes précédents envoyés personnels dans le cadre des résolutions existantes du Conseil de sécurité.

92. Je regrette de constater que le manque de confiance continue de prévaloir dans la région. Dans le territoire, les actions unilatérales d’affirmation et les gestes symboliques continuent d’être une source de tensions persistantes et d’avoir un impact négatif sur la situation. J’encourage les parties à se concentrer sur les intérêts qu’elles ont en commun et je les exhorte à s’abstenir d’aggraver davantage la situation par la rhétorique et les actes.

93. Dans ce contexte, je me félicite de la tenue de consultations bilatérales informelles sous les auspices de mon Envoyé personnel à New York en mars 2023. Je suis encouragé par le fait que le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie, la Mauritanie et les membres du Groupe des Amis ont accepté son accord. invitation et que le format était largement acceptable. Cela indique un nouveau cadre supplémentaire sur lequel s’appuyer. Il est désormais essentiel que toutes les parties concernées approfondissent leurs positions afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, comme l’a demandé le Conseil de sécurité dans sa résolution 2654 (2022).

94. Le rôle des États voisins reste crucial dans la recherche d’une solution à la question du Sahara occidental. Dans ce contexte, la détérioration des relations entre l’Algérie et le Maroc reste préoccupante. Je regrette qu’aucune opportunité n’ait encore été saisie pour combler le fossé entre les deux pays et je les encourage à rétablir le dialogue pour améliorer leurs relations et à renouveler les efforts visant à la coopération régionale, notamment en vue d’établir un environnement propice à la paix et à la sécurité.

95. Je me félicite de la reprise des patrouilles terrestres de la MINURSO dans les zones adjacentes au berme [avec escorte de la RMA], ce qui accroît la capacité de la Mission à évaluer de manière indépendante les tirs signalés. Je note l’intention affichée du Maroc de rester respectueux du cessez-le-feu et des dispositions des accords militaires et de maintenir une coopération étroite avec la MINURSO à tous les niveaux. J’exhorte le Maroc à rester fidèle à cet esprit et à s’abstenir de construire de nouvelles infrastructures militaires à l’ouest du berme. Il demeure également essentiel que la RMA s’abstienne de mener des activités militaires ayant un impact sur les civils et affectant directement ou indirectement les opérations de la MINURSO à l’est du berme.

96. Je salue également les récentes améliorations apportées à la capacité de la MINURSO à exploiter sa chaîne de logistique, de réapprovisionnement et de maintenance jusqu’aux bases d’opérations à l’est du berme, notamment grâce au déploiement pour la première fois depuis 2020 d’un nombre limité de convois terrestres et à l’augmentation des opérations de réapprovisionnement et de maintenance. vols de passagers, qui ont permis à la Mission de maintenir sa présence à l’est du berme. Cependant, une solution durable à cette question, conformément à la demande du Conseil de sécurité dans la résolution 2654 (2022), reste difficile à trouver. En outre, les limitations non résolues de la liberté de mouvement de la MINURSO continuent d’entraver la capacité de la Mission de mener les activités d’observation terrestre et aérienne requises à l’est du berme. Je demande instamment au Front POLISARIO de lever toutes les restrictions à la libre circulation de la MINURSO et de reprendre des contacts réguliers et personnels avec les dirigeants de la MINURSO, tant civils que militaires.

97. Je me félicite de la reprise des activités de déminage humanitaire à l’est du berme. Par leurs activités, les équipes de déminage du Service de lutte antimines de la MINURSO jouent un rôle essentiel en facilitant les opérations de la Mission en permettant le passage en toute sécurité des observateurs militaires de la MINURSO pour surveiller l’évolution de la situation dans le territoire en toute sécurité. Je suis reconnaissant aux parties pour leur coopération continue avec la MINURSO à cet égard.

98. Je voudrais exprimer ma gratitude aux pays fournisseurs de contingents à la Mission pour leur soutien aux efforts déployés par la MINURSO pour parvenir à un équilibre parfait entre les sexes parmi ses observateurs militaires, conformément aux objectifs de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus. Je reste convaincu que la participation accrue des femmes au maintien de la paix améliore la performance des opérations de paix des Nations Unies et renforce leur efficacité.

99. Je suis préoccupé par la nouvelle détérioration de la situation humanitaire dans les camps de réfugiés près de Tindouf. Suite à la pandémie de COVID-19 et à la hausse mondiale des prix du carburant et des denrées alimentaires, les réfugiés sahraouis sont confrontés à la pénurie d’eau, aux pénuries alimentaires, à la malnutrition, à des conditions météorologiques extrêmes, notamment des tempêtes de sable et des inondations, au manque de logements adéquats, à la dégradation de l’environnement, au chômage et à la pauvreté. Je remercie la communauté internationale et le Gouvernement algérien pour leur aide aux réfugiés sahraouis et souhaite faire écho aux appels du HCR, de l’UNICEF, du PAM et de l’OMS à la communauté internationale pour qu’elle renouvelle ses efforts et fournisse un soutien supplémentaire et urgent pour apporter une réponse appropriée à cette situation. cette situation de réfugiés prolongée.

100. Je reste préoccupé par le manque persistant d’accès du HCDH au territoire. Je réitère une fois de plus mon appel aux parties à respecter, protéger et promouvoir les droits de l’homme de tous les peuples du Sahara occidental, notamment en abordant les questions de droits de l’homme en suspens et en renforçant la coopération avec le HCDH et les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies, et à faciliter leur surveillance. missions. Une surveillance indépendante, impartiale, complète et soutenue de la situation des droits humains est nécessaire pour garantir la protection de toutes les personnes au Sahara occidental.

101. La MINURSO demeure la principale et souvent la seule source d’informations et de conseils impartiaux pour moi-même, le Conseil de sécurité, les États Membres et le Secrétariat concernant l’évolution de la situation dans le territoire et en rapport avec celui-ci. Elle continue de remplir ce rôle malgré les graves défis auxquels elle est confrontée dans un environnement opérationnel et politique fondamentalement modifié. Il continue également d’assurer une présence stabilisatrice pour créer un environnement propice à l’avancement du processus politique dirigé par mon Envoyé personnel. La MINURSO représente l’engagement des Nations Unies et de la communauté internationale en faveur d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental, conformément aux résolutions 2440 (2018) , 2468 (2019) du Conseil de sécurité .2494 (2019) , 2548 (2020), 2602 (2021) et 2654 (2022) . Je recommande donc que le Conseil prolonge le mandat de la MINURSO d’un an supplémentaire, jusqu’au 31 octobre 2024.

102. Je félicite mon Envoyé personnel pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour ses efforts continus. Je remercie également mon Représentant spécial pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, ainsi que l’ancien officier chargé de la composante militaire, le commodore Faustina Boakyewaa Anokye, l’ancien commandant de la force par intérim, le général de division Chowdhury Md Main Ullah, et l’actuel commandant de la force de la MINURSO, le général de division Md Fakhrul Ahsan, qui a pris ses fonctions le 4 mai 2023, pour leur leadership dévoué au sein de la MINURSO. Enfin, je remercie les femmes et les hommes de la MINURSO pour leur engagement continu, dans des circonstances difficiles et éprouvantes, à remplir le mandat de la Mission.


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