Qatargate, qui sont les « amis » de l' »équipe » de Panzeri ?

par Giuseppe Guastella
Qui sont les « amis » sur lesquels Panzeri, Giorgi et Cozzolino ont compté pour plier les décisions du Parlement européen aux souhaits du Qatar et du Maroc ? Les procureurs sont prêts pour l’arrêt de l’immunité. Ce sera l’occasion de clarifier les limites du réseau de corruption.

Qatargate, qui sont les « amis » de l' »équipe » de Panzeri ?
Qui sont les « amis » sur lesquels l' »équipe opérationnelle » – comme l’appellent avec insistance les enquêteurs belges – Panzeri-Giorgi-Cozzolino comptait pour plier les décisions du Parlement européen aux souhaits rémunérés du Qatar et du Maroc ? Et qui, comme eux, et pour les mêmes objectifs des mêmes Etats, a agi au sein des autres institutions européennes ? Une première réponse à ces questions cruciales pourrait déjà être donnée par la justice bruxelloise dans les prochains jours, lorsque les investigations reprendront et que l’assemblée pourrait être amenée à lever l’immunité des députés impliqués dans l’enquête.

L’enquête pour association de malfaiteurs, corruption et blanchiment d’argent qui a secoué le Parlement européen a commencé par une opération des services secrets belges (Vsse) en coordination avec ceux de quatre autres pays et concerne, comme il est écrit dans les actes, « des actions d’ingérence au sein des institutions de l’Union européenne ». Donc, non seulement le Parlement, où pour le juge d’instruction Michel Claise a opéré l’ancien député du PD et puis de l’article un Pier Antonio Panzeri, l’actuel député Andrea Cozzolino et Francesco Giorgi, ancien assistant du premier et collaborateur du second. Les trois personnes auraient été en mesure d’influencer « la politique du groupe parlementaire Socialistes & Démocrates » afin de limiter ou d’éviter les dommages que les décisions du Parlement auraient pu causer à l’image du Qatar et du Maroc, qui ont eu plusieurs problèmes avec le respect des droits de l’homme sur leurs territoires.

Depuis les arrestations du 9 décembre, le parquet fédéral de Bruxelles et le juge Claise naviguent en eaux troubles, et c’est peut-être pour cette raison aussi qu’au-delà des accusations génériques et des reconstitutions tout aussi vagues, qui sont dans les faits bien moins détaillées que ce que la loi exige en Italie, il n’a pas encore été possible de comprendre pleinement ce que les suspects ont fait, quand et en échange de quoi exactement.

Les sacs d’argent liquide (plus de 750 000 euros) trouvés dans la maison à Bruxelles qu’Eva Kaili, la vice-présidente grecque du Parlement renvoyée pour l’enquête, partage avec son partenaire Francesco Giorgi (tous deux arrêtés) sont impossibles à justifier politiquement, mais doivent être traduits en une sorte de comportement criminel par les accusateurs qui, dans les quelques documents qui ont émergé, n’expliquent pas, par exemple, ce que Kaili faisait en plus de détenir de l’argent liquide. Il en va de même pour les 600 000 autres euros trouvés dans l’appartement de Panzeri, dont on sait seulement que l’origine est liée au Qatar et au Maroc par des triangulations ou des livraisons directes. Après les arrestations, les détectives se sont consacrés à l’analyse des documents et du matériel informatique saisis. C’est à partir de là que les nouvelles et les nouvelles actions sont censées arriver bientôt.

Dans les actes encore secrets, il ne peut y avoir que d’autres détails. Par exemple, quelles sont et de quelle nature précise sont les relations entre Panzeri, Giorgi, qui est considéré comme son bras droit et son partenaire à 50/50 dans l’entreprise à l’ombre de l’ONG Fight impunity, et ce que l’on appelle les « amis » du groupe S&D. Qui sont ces amis ? Les noms du député européen italo-belge Marc Tarabella, qui a également été fouillé le 9 décembre en présence de la présidente Roberta Metsola, arrivée de Malte pour assister à l’événement, apparaissent. Il y a également de très vagues références à Maria Arena, également députée européenne italo-belge, et aux Italiens Alessandra Moretti et Brando Benifei, qui tous deux, comme Tarabella et Arena, ne font pas l’objet d’une enquête et ont résolument exclu toute forme d’influence ou de faveur, donnée ou reçue. Et leur implication ne semble pas plausible. Moretti, par exemple, a rappelé qu’elle avait pris publiquement position contre le Qatar.

Michel Claise, le shérif-juge qui dirige l’enquête sur le Qatargate et fait sienne la devise de Falcone : « Suivez l’argent ».

La situation de Cozzolino est plus complexe. De lui, les services belges, comme le rapporte le juge, affirment qu' »il ne fait aucun doute » qu’avec Panzeri et Giorgi, il aurait coopéré avec les 007 marocains, prenant des ordres par l’intermédiaire de l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, et rencontrant le directeur général de l’agence Dodge de Rabat, Yassine Mansouri.

S’il existe un « réseau » dirigé par Panzeri et Giorgi, il est inévitable que tous les liens soient encore à démêler. Il est question que le parquet fédéral demande dans les prochains jours la levée de l’immunité de certains députés européens, tandis que celle de Kaili est déjà tombée avec son arrestation en flagrant délit après avoir dit à son père d’emporter une valise contenant 600 000 euros. C’est à ce moment-là que les enquêteurs devront découvrir au moins une partie des papiers qu’ils gardent jalousement.

Corriere della Sera, 01/01/2023