L’impératif démocratique

L’impératif démocratique
par Abdelkrim Zerzouri


Quelle suite peut avoir cet appel des experts en médias en vue « de mettre sur pied des groupes médiatiques panafricains à même de porter la voix du continent et de couper la route devant les promoteurs de la politique néocoloniale et partisans de la déstabilisation de l’Afrique » si on ne lui associe pas une franche volonté politique ?

L’idée de mettre sur pied des groupes médiatiques panafricains nous renvoie, forcément, à la définition du panafricanisme, qui est un mouvement idéologique qui défend l’unité des pays africains, et qui a eu son heure de gloire lors des luttes anticolonialistes, et se demander si cette formule tient la route, aujourd’hui, ou qu’il faut lui donner une nouvelle vision ? Comme base de développement, et comme dans le bon vieux temps, le panafricanisme reste un ciment fort si on cherche à se débarrasser du néocolonialisme, tel que prôné par les experts en médias, dans leur intervention à l’occasion d’un Forum organisé, jeudi dernier, à Alger, par Radio «Ifrikya FM» sous le thème : « L’agenda informationnel africain : stratégies de repositionnement des médias du continent ». Mais il ne faut pas se fixer cet objectif en tant que finalité, tant que la vision médiatique globale doit assurer à faire parvenir la vérité à l’opinion régionale et mondiale.

C’est l’unique voie du succès d’un tel projet, qui ne peut ne pas correspondre à de nombreux pays. Il est vrai que l’Afrique souffre d’un manque criard de programmes qui évoquent les investissements ou les réalisations dans ce continent », comme il a été relevé par un intervenant, et que les médias étrangers ne cherchent qu’à mettre en exergue la famine, les conflits, les maladies et les catastrophes naturelles, tel que soutenu par un autre, constituant des vecteurs périlleux qui favorisent « la déstabilisation et la culture néocoloniale », mais qu’a-t-on fait pour contrebalancer cette vision, qui n’est pas totalement fausse, faut-il se l’avouer, avec des informations qui montrent également que l’Afrique enregistre des avancées considérables dans plusieurs domaines, malgré la volonté de certaines puissances de la maintenir dans le sous-développement.

La création de groupes médiatiques puissants en Afrique est, certes, un impératif stratégique, mais doit passer par l’impératif de la démocratie afin de le concrétiser.

Ce n’est ni une affaire de manque de techniciens ni de manque de professionnels dans le domaine, c’est avant tout l’affaire d’une volonté politique qui doit se manifester en interne dans les pays africains avant de former un bloc régional, exactement comme dans le bon vieux temps de la lutte anticoloniale.

Combien de pays africains autoriseraient un groupe médiatique à s’installer chez eux et commencer à travailler ? Si en Europe (par exemple), la réglementation est claire à ce propos, en Afrique, on peut rencontrer des difficultés insurmontables pour mettre sur pied non pas un groupe mais une simple entreprise de médias.

https://www.lequotidien-oran.com/?news=5327925

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