Le parquet décharge Belliraj des six assassinats avoués JUSTICE La famille Wybran effondrée par le réquisitoire de non-lieu Condamné au Maroc, il pourrait être « innocenté » en Belgique. Ses aveux sont accablants. « Une insulte aux morts », dit la famille Il voulait bombarder le cimetière juif, à Crainhem Belliraj fit aussi cette déclaration inquiétante : « Je vous déclare qu’après l’exécution du Docteur juif Joseph Wybran en 1989 et après que j’ai suivi la cérémonie de son enterrement au cimetière hébreu de Bruxelles, j’ai remarqué le grand nombre de personnalités juives (NDLR : 5.000 personnes) présentes à cette cérémonie. J’ai pensé alors attaquer par après tous ceux qui sont venus présenter leurs condoléances grâce à trois petits avions semblables aux jouets destinés aux enfants, téléguidés après les avoir chargés de produits explosifs. » Le parquet fédéral entend obtenir, mardi devant la chambre du conseil de Bruxelles, l’absolution d’Abdelkkader Belliraj, ce Belgo-Marocain condamné au Maroc en 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité pour son appartenance à une organisation terroriste et pour six assassinats commis à Bruxelles en 1988 et 1989. Interrogé au Maroc à l’issue de son arrestation, Belliraj avait avoué avoir abattu, lui-même ou avec l’aide de complices, le Dr Joseph Wybran (alors président du CCOJB, le Conseil consultatif des organisations juives de Belgique), l’imam de la Grande mosquée de Bruxelles et son bibliothécaire, un chauffeur de l’ambassade d’Arabie saoudite, l’herboriste bruxellois Raoul Schouppe et Marcel Bille, auquel il reprochait des relations homosexuelles avec de jeunes musulmans. Le parquet fédéral entend obtenir, mardi devant la chambre du conseil de Bruxelles, l’absolution d’Abdelkkader Belliraj, ce Belgo-Marocain condamné au Maroc en 2011 à la réclusion criminelle à perpétuité pour son appartenance à une organisation terroriste et pour six assassinats commis à Bruxelles en 1988 et 1989. Interrogé au Maroc à l’issue de son arrestation, Belliraj avait avoué avoir abattu, lui-même ou avec l’aide de complices, le Dr Joseph Wybran (alors président du CCOJB, le Conseil consultatif des organisations juives de Belgique), l’imam de la Grande mosquée de Bruxelles et son bibliothécaire, un chauffeur de l’ambassade d’Arabie saoudite, l’herboriste bruxellois Raoul Schouppe et Marcel Bille, auquel il reprochait des relations homosexuelles avec de jeunes musulmans. Le parquet fédéral estime qu’il n’existe « aucune charge suffisante » à l’encontre de Belliraj pas plus qu’à l’encontre de sept coauteurs ou complices qu’il avait désignés. Il entend donc obtenir le non-lieu pour ces six assassinats, estimant qu’ils ne sont pas reliés entre eux. La famille Wybran et le CCOJB, parties civiles, redoutent cette décision qui reviendrait, pour la justice belge, à envoyer aux oubliettes judiciaires le plus important dossier de terrorisme anti-juif et arabe qu’ait connu le pays, avant même que ne soit atteinte la prescription. « Mes clients ne comprennent pas pourquoi la Belgique ne veut pas respecter la décision marocaine. Nous ne voulons pas un nouveau procès d’assises. La vérité judiciaire a été dite. M. Belliraj est bien l’auteur de ces assassinats. Nous nous trouvons face à un déni de réalité. Une décision de non-lieu serait une insulte à la mémoire des morts », indique leur avocat Me Michèle Hirsch. Selon elle, le parquet aurait pu demander un non-lieu, non au motif de l’inexistence de charges, mais bien en constatant que les faits reprochés à M. Belliraj ont déjà été jugés. Les charges, elles existent bel et bien dans ces cinq dossiers (six victimes) que le parquet se refuse à considérer comme liés. Dans chacun des assassinats, un pistolet 7,65 a été utilisé. Une même arme chargée de munitions Sellier et Belot a été utilisée contre le chauffeur de l’ambassade, l’imam de la grande Mosquée et son bibliothécaire. Il y a surtout les aveux extrêmement circonstanciés prononcés par Belliraj. Il décrit ainsi minutieusement l’herboristerie où Raoul Schouppe fut abattu. Il précise qu’il lui avait demandé un morceau d’ambre, effectivement retrouvé par les enquêteurs bruxellois le jour du crime. Il raconte le repérage de Joseph Wybran, sur le parking de l’hôpital Erasme, le geste qu’il adresse à son complice qui abat le médecin avant de s’engouffrer dans sa R5 bleue. A l’époque, un portrait-robot ressemblant furieusement à Belliraj avait été dressé. Belliraj figurait déjà au nombre des suspects après le double assassinat de la Grande Mosquée. Un informateur avait indiqué qu’il avait alors acquis deux pistolets 7,65 mm. La perquisition n’avait pas permis de retrouver ces armes mais bien des documents d’une Mercedes appartenant à celui qu’il désignera en 2008 comme son complice. Pour l’assassinat de Marcel Bille, il décrit comment il lui logea une balle dans la tête avant de le pousser hors de la voiture avec ses pieds. Une version qui correspond aux constats matériels effectués à l’époque par la police belge. Après ses aveux recueillis par la PJ marocaine, une perquisition menée à son domicile d’Evergem, les policiers belges retrouvèrent à son domicile le 26 février 2008 une liste de noms juifs, dont ceux de Markus Pardes et Simone Susskind, des proches du Dr Wybran, et vraisemblablement de potentielles cibles « juives » qu’il avait promis d’abattre pour le compte d’Abou Nidal. L’avocat de Belliraj, Me Vincent Lurquin, souligne que son client a subi des tortures. « Je n’ai par ailleurs pas pu le rencontrer et je me retrouve donc dans une situation inédite pour assurer sa défense. » L’existence de ces tortures alléguées pourrait avoir pesé dans la décision du parquet car comment retenir comme charges des aveux obtenus sous la contrainte ?