Le Maroc et la drogue
Le ministre marocain n’a pas critiqué le rapport des Nations unies, selon lequel, notre voisin de l’ouest est «le premier producteur et exportateur mondial de haschich» et que la région du Rif abrite des dizaines de milliers d’hectares de cultures de cannabis.
Il est vrai que faute de pouvoir combattre les colonisateurs, au XIXe siècle, le sultan Hassan 1er (1873-1894) a autorisé officiellement la culture du cannabis pour la consommation locale pour les tribus des Ketama, des Beni Seddate et des Beni Khaled, vraisemblablement pour contribuer à la pacification de la région. Cette culture, bien qu’illégale, procède donc en grande partie du statu-quo qui, depuis l’accès à l’indépendance marocaine, existe entre l’Etat et les villages du Rif. Cette tolérance de la part des autorités constitue une alternative à un sous-développement contre lequel elles n’agissent pas et une garantie de paix sociale et politique d’autre part. Il serait peut être temps qu’en bon voisins, nos «frères» marocains agissent pour réduire de manière forte l’étendue de ce fléau.
En Algérie, police, gendarmerie et douanes font ce qu’elles peuvent. Les quantités saisies par les services concernés par la lutte contre la drogue ont atteint 157 tonnes en 2012. Il n’y a pas eu besoin de commission mixte ou autre. Lutter contre le trafic de drogue n’est pas l’objet de négociations diplomatiques. Cette lutte dépend du gouvernement marocain et de sa volonté politique. La volonté de développer son pays sur tout le territoire et pas seulement sa bande côtière.
Se chercher un ennemi extérieur est une tradition dans les pays du Maghreb. Accuser son voisin de tous les maux que l’on n’arrive pas à résoudre, n’est pas un signe de bon voisinage. «L’anachronisme» réside dans le fait de laisser 800 mille personnes vivre dans un «autre âge». Qu’elles ne puissent subvenir à leurs besoins qu’en vivant de divers trafics dont celui de la drogue est de la responsabilité commune du Souverain et du gouvernement marocains. Il serait grand temps que les uns et les autres renouent avec le sérieux et le pragmatisme. Faute de quoi, l’Union du Maghreb sera la dernière région à avoir une économie intégrée.
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