Entre le Maroc et l’Algérie, une tension toujours plus grande

Les passes d’armes entre le Maroc et l’Algérie resteront-elles seulement verbales ? La question se pose alors que les tensions récurrentes entre les deux voisins, frères ennemis du Maghreb depuis leur indépendance, se sont accentuées ces derniers mois.


Alors que les frontières terrestres sont fermées depuis près de trente ans entre les deux pays et que leurs relations diplomatiques sont rompues, à l’initiative de l’Algérie, depuis août 2021, le président Abdelmadjid Tebboune a affirmé le 21 mars que les relations entre les deux États avaient atteint un « point de non-retour » dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera.


Les deux états s’accusent mutuellement de tous les maux par des déclarations officielles ou par les médias dépendant des autorités des deux pays. Lors de la session de la Commission des stupéfiants de l’ONU, à Vienne du 13 au 17 mars, la représentante algérienne Faouzia Boumaiza Mebarki a dénoncé « la stratégie de déstabilisation menée par le Maroc contre l’Algérie » via le trafic de drogue toujours croissant qui, selon elle, vise délibérément le jeunesse. Une véritable « obsession » de la part d’Alger, a rétorqué l’ambassadeur du Maroc, Azzeddine Farhane, qui qualifie les dirigeants algériens de « malades mentaux ». Les accusations fusent des deux côtés. Et même si le différend historique, relatif au territoire contesté du Sahara Occidental, dont le Maroc revendique la souveraineté, reste au cœur du différend entre les deux États,


Ainsi le Maroc, qui refuse le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, a décidé de soutenir la cause des Kabyles : selon les termes de l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, ces derniers vivraient « sous occupation » en Algérie. De quoi provoquer la fureur d’Alger qui a classé le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie comme organisation terroriste. A la veille du ramadan, les députés marocains ont également réclamé l’interdiction d’importer via l’Europe des dattes algériennes jugées « cancérigènes », rapporte le site Le360, proche du palais de Rabat.


A Paris, une manifestation pro-régime de quelques centaines d’Algériens ou de Franco-Algériens le 19 mars, à l’occasion de la commémoration des accords d’Evian de 1962, a pris une tournure violemment anti-marocaine, avec slogans et portraits du roi de Le Maroc piétiné au sol.


« Avec son point de non-retour, le président algérien prévient qu’il rejette toute médiation et qu’il n’y a aucune perspective de désescalade », analyse Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et la Méditerranée (Cermam) , à Genève. Après le scandale du spyware marocain Pegasus et les allégations de corruption de députés (« Marocgate »), le Maroc traverse une mauvaise passe sur la scène internationale. « L’Algérie s’est engouffrée dans la brèche », a déclaré Isaías Barreñada, professeur de relations internationales à l’université Complutense de Madrid.


« Sur les réseaux sociaux, on a l’impression que la guerre est déclarée entre les deux États. Jusqu’à présent, ils ont toujours veillé à contenir les tensions afin qu’elles ne se transforment pas en affrontement militaire », rapporte Hasni Abidi. Mais l’expert y voit une accumulation d’éléments nourrissant une inquiétude grandissante : « Les deux Etats se livrent à une course effrénée aux armements, non sans dommage pour les populations. Le Maroc intensifie sa coopération sécuritaire et militaire avec Israël et souhaite implanter une base militaire à la frontière algérienne. L’Algérie a peur de perdre son influence militaire et stratégique. Le risque d’accrochage ne peut être exclu. »

https://www.paudal.com/2023/03/27/between-morocco-and-algeria-an-ever-increasing-tension/

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