Dégel franco-marocain : une normalisation intéressée

Ces dernières semaines, Paris et Rabat ont affiché ostensiblement les signes d’un dégel dans leurs relations, mettant fin à deux années de brouille diplomatique. Mais derrière cette normalisation de façade se cachent des motivations beaucoup moins avouables.

Car le régime marocain, prompt à crier victoire, attend en réalité un soutien sans faille de la France dans ses velléités expansionnistes, au détriment du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En premier lieu sur le dossier brûlant du Sahara Occidental, territoire annexé par le Maroc en 1975 et dont la population réclame toujours son autodétermination.

Or, la position française sur ce territoire est récemment devenue plus équilibré sous l’impulsion du président Macron. Un changement qui avait ulcéré Rabat, entraînant une crise ouverte entre les deux pays et le rappel de l’ambassadeur marocain en 2021.

D’autant que dans le même temps, Paris dénonçait l’implication du Maroc dans le scandale d’espionnage Pegasus, qui visait également des responsables politiques français. Là encore, le ton s’est radouci entre les deux capitales.

Mais le réchauffement des relations franco-marocaines paraît surtout motivé par des intérêts stratégiques et énergétiques de part et d’autre. Notamment l’approvisionnement en gaz, au moment où la France cherche des alternatives au gaz russe. Or, le Maroc dispose de gisements off-shore et d’un gazoduc avec l’Espagne.

Face aux mirages d’un approvisionnement en gaz marocain, la France de Macron serait-elle prête à renier ses principes fondateurs et à brader le droit international ? C’est le pari risqué du Makhzen, qui rêve d’une reconnaissance française de sa souveraineté illégale sur le Sahara, comme l’a fait Trump en échange d’une normalisation avec Israël. Un rapprochement qui heurte les intérêts palestiniens traditionnellement défendus par la France, et que Paris voudrait éviter de braquer.

Mais Paris joue un jeu dangereux si elle venait à céder aux chantages du Royaume Chérifien, qui n’hésite pas à recourir à l’espionnage de masse ou à l’instrumentalisation de la migration contre ses opposants.

D’autant que certains cercles dirigeants français semblent séduits par l’idée d’entériner la marocanité du Sahara. Un pas de plus vers la rupture avec Alger, que la realpolitik énergétique ne saurait justifier.

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